Est-ce que les propositions de la HCSF vont sauver le crédit immobilier ?

Par Nicolas Augé le 09 décembre 2023 à 16:09
Mis à jour le 07 mai 2024 à 15:23

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Femme souriante dans sa maison en brique rouge

Dans le tumulte des réformes du crédit immobilier, le HCSF propose des ajustements prometteurs. Explorez les nuances des changements envisagés, les enjeux qui sous-tendent ces décisions, et les répercussions potentielles sur les emprunteurs. Au sommaire :

Les taux immobiliers pour décembre 2023

Les taux immobiliers nationaux connaissent des variations plus ou moins conséquentes en décembre, confirmant l’anticipation d’un atterrissage progressif. Les mouvements, qu’ils soient à la hausse ou à la baisse, se situent dans une fourchette de 10 à 20 points de base. Toutefois, des nuances subsistent, avec certaines banques détenant encore des barèmes à dévoiler. Les chiffres révèlent une réalité tangible du marché des taux immobiliers. Par exemple, le taux moyen sur 20 ans atteint 4,35%, enregistrant une légère augmentation de 10 points de base depuis novembre. Cela étant, des conditions plus avantageuses se dessinent, avec le meilleur taux sur cette période à 3,90%, marquant une progression de 20 points de base.

Durée d’emprunt Taux immobilier moyen (comparaison avec novembre) Taux immobilier mini (comparaison avec novembre)
7 ans 3,75 % (taux stable) 3,30 % (+5 points de base)
10 ans 3,80 % (-5 points de base) 3,50 % (+20 points de base)
15 ans 4,20 % (+5 points de base) 3,75 % (+25 points de base)
20 ans 4,35 % (+10 points de base) 3,90 % (+20 points de base)
25 ans 4,45 % (+10 points de base) 4,05 % (+5 points de base)

Les taux immobiliers de décembre 2023

[source : empruntis.com, au 9 décembre 2023].

Quelles sont les nouvelles propositions du HCSF ?

Je vous laisse juger par vous même les nouvelles propositions, aussi appelées « ajustements techniques », du Haut Conseil de Stabilité Financière :

  • Des prêts bancaires pouvant aller jusqu’à 27 ans sous certaines conditions, notamment dans le cas de travaux de rénovation qui représentent plus de 10 % du coût de l’achat.
  • Une exclusion de la charge d’intérêt associée aux prêts relais dans le calcul du taux d’effort.
  • Vers un réexamen des dossiers refusés (voir ci-dessous).

Les nouvelles propositions du HCSF marquent donc un tournant dans le crédit immobilier. Des ajustements précis visent à apporter plus de souplesse aux règles d’octroi, avec des perspectives de durée d’emprunt élargies et des conditions plus flexibles liées aux prêts relais. Ces mesures stratégiques révèlent une volonté de mieux accompagner les emprunteurs dans leurs projets.

Enjeux cruciaux de relance de la production de crédit

Au cœur de ces changements, les enjeux de relance de la production de crédits immobiliers sont cruciaux. La réticence des ménages à emprunter, accentuée par la hausse des taux initiée par la BCE, crée un besoin urgent de stabilisation des taux d’intérêt et de baisse des prix des logements. Vous l’aurez compris, il y a urgence à relancer une production de crédits immobiliers qui n’a cessé de diminuer pour arriver à un seuil critique (en dessous des 10 milliards d’euros par mois depuis août) qui n’avait plus été connu en 7 ans [source : meilleurtaux.com]. Et les premiers signes sur la production de crédits du premier trimestre 2024 ne sont pour l’heure guère encourageants. Concernant l’alignement des crédits sur les prix, voici ce que déclare le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau :

Il est souhaitable désormais que la production (de crédits immobiliers) se stabilise puis reparte à la faveur de la stabilisation des taux d’intérêt, et de la stabilisation, voire de la baisse, des prix de l’immobilier.

Avis d’experts : le bon timing pour emprunter ?

Des experts, comme Cécile Roquelaure, directrice des études d’Empruntis, partagent leur perspective sur le contexte actuel. Les banques ajustent leur positionnement pour attirer de nouveaux emprunteurs, favorisées par la baisse du coût de l’argent. Pour les acquéreurs potentiels, c’est l’occasion de négocier des conditions avantageuses, mais l’importance d’un dossier bien préparé reste cruciale. Du côté du gouverneur de la Banque de France, l’heure est à la stabilisation des taux. Cela fait d’ailleurs plusieurs mois qu’il s’exprime à ce sujet, voir notre article évoquant les conditions d’un crédit immobilier accessible. De plus, ce dernier a affirmé dernièrement, je cite :

Aucun (NDLR : ajustement technique) ne risque de mettre les ménages en situation de surendettement.

En outre, parmi les préconisations du HCSF, il y a le réexamen des dossiers de crédits immobiliers refusés, avec l’idée d’une tentative de conciliation pour expliquer les raisons du refus donc pas de remise en cause du taux des 35 % d’endettement, mesure proposée le 17 novembre par le gouverneur de la Banque de France. Pour le président de la HCSF, l’actuel ministre de l’Économie Bruno Le Maire, c’est une bonne idée mais rien n’est évidemment encore acté pour le moment ! D’ailleurs, la Fédération Bancaire Française (FBF) a tenu à réagir concernant cette mesure :

La profession bancaire réaffirme sa mobilisation pour le financement sain de l’économie française, et ses valeurs d’utilité au quotidien.

Mais, tout le monde ne partage pas « l’enthousiasme » du gouverneur de la Banque de France, voici les propos de la directrice générale du réseau de courtiers CAFPI Caroline Arnould :

Ces règles, d’une complexité croissante au fil des aménagements, et les possibilités dérogatoires millimétriques qui les accompagnent ne sont pas opérationnellement pilotables à l’échelle de réseaux bancaires.

Ainsi, il semblerait bien que les prochaines étapes, marquées par la révision trimestrielle des règles de crédits, apportent, on l’espère, un « vent nouveau » sur l’avenir du crédit immobilier en France.

Ajustements techniques : ça passe ou ça casse ?

En résumé, entre les fluctuations des taux, les ajustements des banques et les perspectives à court terme, les emprunteurs ont l’opportunité de tirer parti de «  la concurrence ». Mais, comme toujours, la vigilance dans la préparation des dossiers demeure un impératif pour saisir les meilleures conditions d’emprunt. Enfin, tant qu’il n’y a rien de » validé officiellement » par le gouvernement, il est difficile d’avoir un avis éclairé sur l’avenir. Cela étant, nous devrions être fixé relativement rapidement par Bruno Le Maire, en tout cas on l’espère !

La vidéo sur ce sujet

Je vous invite à regarder cette vidéo :

Crédit immobilier : les nouvelles règles vont-elles vous permettre d’acheter ? via Sud Radio. Cette vidéo revient sur les nouvelles règles du crédit immobilier avec les éclairages de Sylvain Lévy-Valensi, présentateur de Parlons Immo sur Sud Radio.