Le marché immobilier est-il vraiment sur le point de rebondir ?

Par Nicolas Augé le 11 avril 2024 à 16:50
Mis à jour le 07 mai 2024 à 15:23

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Homme d'affaires avec une maison en bois avec le texte 2024

Olivier Bugette, Président Fondateur de La Boite Immo, et Loic Cantin, Président de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), partagent leur analyse sur le marché immobilier pour le premier trimestre 2024. Alors que les prix connaissent une légère baisse, les volumes de vente peinent à reprendre, alimentant ainsi une incertitude quant à l’évolution du marché pour le reste de l’année. Au sommaire :

Tendances actuelles sur le marché immobilier

Le marché immobilier entame l’année 2024 avec des signes de stagnation. Selon Olivier Bugette, les volumes de vente continuent de décliner, avec une baisse moyenne des prix de 2% depuis le début de l’année, atteignant même 3% dans les 10 plus grandes villes du pays [source : europe1.fr]. Cette tendance reflète une certaine frilosité des acheteurs et une incertitude quant à l’évolution future du marché. Olivier Bugette souligne le décalage entre les prix actuels et les taux appliqués sur le marché. Pour que les prix soient réellement en phase avec les taux, une baisse significative d’au moins 10% serait nécessaire. Actuellement, les ventes se réalisent avec des taux de négociation approchant les 6%, voire 7,6% pour les biens avec un mauvais DPE. Il explique par ailleurs que malgré la baisse des prix, les propriétaires peuvent se permettre de réduire le prix de leurs biens à vendre. En effet, avec un délai de rétention moyen de 7 à 8 ans, les propriétaires conservent une plus-value substantielle, même en ajustant les prix à la baisse. Autre point et non des moindres : le stock de biens à vendre continue de croître, ce qui allonge les délais de vente à une moyenne de 77 jours entre la mise sur le marché et la signature d’un compromis. Alors que le marché immobilier reste en attente d’une reprise significative, des ajustements des prix et des stratégies de vente sont nécessaires pour relancer les transactions. Les prévisions pour le reste de l’année restent incertaines, mais une adaptation aux conditions du marché semble être la clé pour les acheteurs et les vendeurs.

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Ralentissement de la baisse des taux et des prix

Même son de cloche du côté de Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), qui constate une première baisse des taux de crédit immobiliers depuis deux ans, mais cette baisse n’a pas encore eu d’impact significatif sur les prix, qui stagnent toujours. Attention toutefois à ne pas «  se réjouir » trop tôt de la baisse des taux (la tendance ayant été stoppée en avril). Malgré cette » bonne nouvelle », l’absence de signes tangibles d’amélioration du marché immobilier suscite des interrogations quant à son redressement à court terme. En effet, cette crise du logement est généralisée en France, affectant toutes les catégories du secteur, du locatif social à la construction neuve. Elle entraîne une baisse significative des prêts aux ménages, passant de 25 milliards d’euros avant la crise à seulement 10 milliards en janvier. Malgré un léger assouplissement des règles d’endettement par le HCSF, le marché reste en stagnation, avec des signes mitigés de reprise. De plus, il y a de la frustration chez les acheteurs face à des prix qui sont repartis à la hausse dans certaines communes et à une disponibilité limitée des logements, avec une baisse de l’offre de 10% sur le marché [source : radioclassique.fr]. Loic Cantin note également une colère grandissante car la situation actuelle accentue la pénurie de logement, notamment chez les jeunes ménages. En effet, de plus en plus de ménages ne peuvent s’aligner sur les critères des banques (suite à la règle de surendettement du HSCF) et se retrouvent donc sans emprunt pour concrétiser leur projet immobilier, ne libérant donc pas leur logement pour d’autres ménages.

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Quel avenir pour le marché immobilier en 2024 ?

Après une hausse incontrôlable des prix ces dernières années (merci les taux à 1%), le marché immobilier au premier trimestre 2024 connait une légère baisse des prix. Mais cette baisse n’est malheureusement pas à la hauteur de la perte du pouvoir d’achat. Ce sont tous les rouages du marché qui sont enrayés. Conséquences ? Les délais de vente continuent d’exploser, le volume de transactions est historiquement bas (rien n’indique pour le moment que cela changera sur 2024) ou encore une pénurie de logements qui s’intensifie. Il y a donc urgence à redonner du pouvoir d’achat aux Français, de l’ordre de 15 à 20%, en ouvrant « les vannes » du crédit mais aussi en éduquant les propriétaires sur la nécessité d’accepter de négocier les prix, car tout le monde serait gagnant à relancer le marché immobilier. En outre, il ne faut pas oublier que même si la baisse des taux s’intensifie dans les mois qui viennent, la reprise ne sera pas immédiate !Bref, au vu des éléments évoqués, il m’apparait comme logique de dire que le marché immobilier ne se dirige pas vers un rebond.

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