La crise secoue l’immobilier avec Nexity et Vinci envisageant des suppressions massives d’emplois. Les chiffres alarmants de la Fédération des promoteurs immobiliers révèlent un déclin prononcé, mettant en péril des milliers d’emplois. Décryptage de la situation d’un secteur en danger. Au sommaire :
Le déclin continu du secteur de la promotion immobilière
La crise immobilière frappe depuis deux ans, avec des coûts de terrains en hausse, des travaux plus onéreux (+20% à 25%), et des ventes en chute libre. En 2023, seulement 94 000 logements neufs (appartements et maisons individuelles) ont été mis sur le marché, comparés à 162 000 en 2021. Les particuliers, freinés par des taux toujours supérieurs à leur pouvoir d’achat, renoncent à leurs projets d’accession à la propriété. Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), revient sur cette chute de la production de logements :
Une année normale, la FPI sort environ 165 000 logements. 2022 on tombe à 123 000 et en 2023, on fait 94 000. Ça fait un an et demi que j’attire l’attention des pouvoirs publics en disant qu’il va y avoir des catastrophes. Malheureusement, j’avais raison. . .
Alors, oui, l’année 2023 a été catastrophique pour le secteur immobilier dans son ensemble, mais encore plus pour les promoteurs immobiliers pour les raisons que je vais évoquer ci-dessous.
Impact sur les grandes et petites entreprises de l’immobilier
Bérangère Servat, directrice générale de CIS Immobilier à Chambéry, dévoile ses défis quotidiens en tant que promoteur immobilier. La raréfaction des terrains constructibles, l’augmentation des coûts de construction et la chute des ventes bouleversent le secteur, forçant les promoteurs à repenser leurs stratégies pour survivre. Après l’obtention d’un permis de construire, le promoteur doit faire face à un processus de 3 à 5 ans, combinant financement, vente sur plan et construction. Bérangère Servat compare le promoteur à un chef d’orchestre, coordonnant divers métiers pour concrétiser un projet immobilier. Pour éviter les stocks invendus, certains promoteurs cèdent leurs projets à des concurrents. D’autres optent pour la vente en bloc à des bailleurs sociaux pour soulager leur trésorerie. Ces stratégies ne sont pas sans conséquences comme l’explique Bérangère Servat :
Ces rachats en bloc diminuent le risque commercial pour les promoteurs. Mais ils se font à prix réduits, en dégradant leur équilibre budgétaire.
« On a été obligés de limiter les charges salariales », confirme Hadrien Colmant, directeur général associé d’Inovefa, prestataire de services pour les promoteurs immobiliers. En conséquence, la crainte du secteur est également la disparition de compétences qualifiées avec des départs non remplacés. La FPI souligne d’ailleurs les risques de 300 000 suppressions d’emplois dans le bâtiment, les cabinets de notaire et d’architectes [source : francetvinfo.fr]. Autre exemple. Philippe Layec, directeur régional de Spirit Immobilier, souligne une série de problématique actuellement insoluble pour les promoteurs : le prix élevé du foncier, les coûts de construction en hausse et les prix de vente irréalistes rendent les projets impossibles. En six ans, l’activité globale des promoteurs immobiliers à Lyon a été divisée par deux. Cette réduction d’activité entraîne implacablement des suppressions d’emplois. Spirit Immobilier voit son effectif réduit de 17 à 14 employés [source : europe1.fr]. Ainsi, un projet de construction de 30 logements est abandonné en raison d’une absence d’équilibre financier, comme l’explique Philippe Layec au micro d’Europe 1 :
Ce matin, j’ai annoncé à des propriétaires que je renonçais à faire le projet. C’était une opération d’une trentaine de logements, qui ne se fera pas car elle n’a plus son équilibre financier aujourd’hui. C’est un cumul de contraintes entre un prix du foncier élevé, un coût travaux qui est important et on arrive, pour équilibrer tout ça, à un prix de sortie, un prix de vente, qui n’aurait pas été réaliste aujourd’hui. Donc il faut accepter de renoncer à un projet qui peut mettre en péril mon entreprise.
Lorsque de grandes entreprises comme Nexity et Vinci prévoient des réductions de masse salariale, ce n’est jamais anodin. La crise immobilière s’annonce donc comme une « saignée » pour beaucoup d’employés.
Sortir le secteur immobilier de cette crise
Ces suppressions massives d’emplois dans le secteur de la promotion immobilière auront forcément des répercussions sur l’ensemble des secteurs de l’immobilier. Moins de construction de logements signifie mécaniquement moins de transactions, donc moins de chiffre d’affaires pour les promoteurs qui seront obligés de sortir moins de programmes immobiliers à l’avenir. Ainsi, que faire pour sortir de ce cercle vicieux ? La réponse passe forcément par un plan gouvernemental plus courageux que celui proposé en novembre dernier. Et si en plus, on ajoute l’explosion des retards de livraison, cela devient de plus en plus critique et urgent d’intervenir pour le gouvernement !En résumé :
La vidéo sur ce sujet
Je vous invite à regarder cette vidéo :