En ce début d’année 2024, le marché immobilier continue d’être confronté à une crise du logement multifactorielle où se loger devient de plus en plus compliqué. Mais, il existe déjà des initiatives du côté de l’entraide sociale. Focus sur ces possibilités disponibles dès maintenant. Au sommaire :
La situation actuelle du marché immobilier
Meilleurs Agents vient de publier son Baromètre et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il va falloir que les vendeurs prennent conscience que le marché s’enlise dans « une guerre des nerfs ». Avec des délais de vente dans les grandes métropoles qui ne cessent d’augmenter (72 jours pour Paris et jusqu’à 90 jours pour Montpellier !), reflétant les difficultés des vendeurs à s’adapter aux conditions du marché, les notaires tirent la sonnette d’alarme. Bien que les projections actuelles évoquent des taux qui devraient se situer en fin d’année 2024 dans une fourchette comprise entre 3% et 3,5%, les primo-accédants et les jeunes acquéreurs se heurtent toujours à des obstacles majeurs pour concrétiser leurs projets. Les refus de crédit et la chute du pouvoir d’achat les obligent à revoir leur projet immobilier à la baisse au niveau mètre carré. A ce sujet, les experts de Meilleurs Agents évoquent une baisse de 17% des prix minimum pour retrouver le même pouvoir d’achat qu’avant la hausse des taux (dernier trimestre de 2021).
L’exemple de la colocation intergénérationnelle
Deux initiatives, Colette et Récipro-Cité, qui s’affranchissent du fossé générationnel par le biais de l’habitat intergénérationnel, aussi appelé colocation intergénérationnelle, témoignent d’une réponse innovante aux besoins de logement et de lien social [source : . Colette, avec sa mission première de renforcer le lien social entre les seniors et les jeunes, propose des binômes intergénérationnels. Ces cohabitations volontaires permettent aux personnes de plus de 60 ans de louer une partie de leur logement à des étudiants ou jeunes actifs, créant ainsi une relation gagnant/gagnant. Coline Guénel de Colette explique d’ailleurs que :
Notre mission première est de permettre à un senior de vivre le plus longtemps possible chez lui en renforçant le lien social avec la présence d’un jeune à domicile.
Récipro-Cité, axé sur la création de lieux intergénérationnels, aspire à héberger jusqu’à cinq générations dans un même ensemble résidentiel. L’objectif est de favoriser la mixité, le lien social et les relations humaines. Le réseau partage son savoir-faire pour accompagner la transition démographique et promouvoir la cohésion sociale. Serge Le Boulch, fondateur de Récipro-Cité, explique de son côté que :
A ce jour, il y a déjà une vingtaine de résidences et une dizaine est en cours de réalisation. Récemment, nous avons inauguré une résidence interG (la Maison du Projet), à Montigny-Les-Metz, au sein de l’écoquartier Lizé.
A noter que les initiatives de colocation intergénérationnelle sont encadrées par la loi Elan (loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018), qui est beaucoup plus connue pour l’encadrement des loyers, promouvant un échange volontaire et solidaire entre les deux parties. Des contrats légaux définissent les modalités de location.
L’exemple des propriétaires au Pays basque
Rappelons d’abord le contexte : dans une région où les résidences secondaires représentent déjà 21% du parc immobilier, les prix au mètre carré ont augmenté de 35% depuis fin 2019 [source : capital.fr]. Au Pays basque, certains propriétaires, lassés de la spéculation immobilière, optent pour des ventes préférentielles à des prix raisonnables. C’est le cas d’Amélie, 81 ans, qui préfère vendre sa maison à un bailleur social à un tarif bien inférieur à ce qu’elle aurait pu obtenir, contribuant ainsi à un projet social ambitieux. En effet, cette octogénaire n’était pas enchantée de faire de sa maison une résidence secondaire alors que les jeunes basques ont les pires problèmes pour trouver un logement. Autre exemple. Marion et son conjoint décident de vendre leur appartement à Anglet à un couple cherchant une résidence principale, plutôt qu’à des spéculateurs proposant des prix « excessifs ». Une approche qui s’éloigne des tendances du marché, mais qui privilégie une stratégie visant à attirer des résidents permanents et à stabiliser les communautés locales. Contrairement à l’idée très répandue que le vendeur ne peut pas rejeter une offre au prix, ces deux exemples démontrent qu’à notre niveau et une simple prise de conscience nous pouvons faire en sorte d’allier vente immobilière et entraide sociale.
L’entraide sociale et le dialogue comme solution ?
Ainsi, à l’instar de toutes ces initiatives à petite ou grande échelle, il me semble important de garder en tête que se loger est un besoin vital ou primaire, appelez-le comme vous voulez, et qu’en oeuvrant pour l’entraide sociale, vous faites en sorte d’avoir un rôle qui joue sur les deux tableaux : l’atténuation de la crise du logement et l’amélioration de la qualité de vie autour de vous. En outre, comme dirait l’Association des Directeurs Immobiliers (ADI), toute la chaine de valeur de l’immobilier gagnerait à renforcer le dialogue entre chaque partie prenante.