Dans le monde de l’immobilier, les retards de livraison deviennent monnaie courante, plongeant les acheteurs dans l’incertitude et les soucis financiers. A cela s’ajoute la problématique des délais de vente qui ne cessent d’augmenter. Découvrez les récits poignants de ceux qui ont vu leur rêve immobilier se transformer en cauchemar. Au sommaire :
Les délais de vente et de construction atteignent des sommets
Les chiffres ne mentent pas : d’après Meilleurs Agents, les délais de vente dans les grandes villes ont explosé, passant de 59 jours à 77 jours en un an, soit une augmentation significative de 18 jours [source : https://consents.prismamedia.com/?redirectHost=https%3A%2F%2Fwww.capital.fr&redirectUri=%2fimmobilier%2fimmobilier-les-grandes-villes-ou-les-delais-de-vente-explosent-le-plus-1493223%255D. C’était déjà le cas en septembre 2023 pour les biens dans l’ancien, la majorité des vendeurs ont tendance à s’accrocher à des prix élevés et mettent bien plus de temps qu’avant à accepter une offre. La situation se détériore encore davantage pour les ventes dans les grandes métropoles. Bordeaux et Toulouse voient leurs délais de vente augmenter respectivement de 15 et 10 jours au cours du dernier trimestre. Montpellier détient le record avec une attente de 90 jours en moyenne, soit 14 jours de plus qu’au trimestre précédent. Paris et la Seine-et-Marne sont passés de 61 jours à respectivement 72 jours et 78 jours en moyenne. Mais il n’y a pas que dans l’ancien que les délais sont un problème, c’est aussi le cas dans le neuf avec des retards de livraison de plus en plus conséquents. Tirant la sonnette d’alarme depuis des mois, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) souligne les problématiques structurelles du secteur de la construction, notamment les quotas de ventes élevés imposés par les banques (50% des lots doivent être prévendus avant le démarrage du chantier) et les défaillances croissantes d’entreprises de gros oeuvre. En conséquence, ces facteurs contribuent à une situation où les retards sont en train de devenir la norme.
Les conséquences pour les acheteurs
Malgré les promesses de délais respectés, de nombreux acheteurs découvrent trop tard les obstacles cachés derrière les contrats de vente en l’état futur d’achèvement (VEFA) [source : . Certains acquéreurs se retrouvent dans des situations difficiles, comme François en Seine-Saint-Denis, dont la livraison prévue au premier trimestre 2022 est toujours en attente :
Ça devrait se faire d’ici trois mois. Mais on ose à peine y croire tellement on a dû affronter de retards.
Autre exemple. Joanna à Antibes, confrontée aux multiples reports dus au dépôt de bilan de la société de gros oeuvre :
La société a depuis été remplacée, mais il a fallu lancer un audit et on a perdu des mois. . . Depuis, on a emménagé chez ma mère, on vit au milieu des cartons et je fais des allers et retours pour aller chercher ma fille à l’école. Le constructeur nous parle maintenant d’une livraison en septembre mais ça ne paraît pas réaliste.
Ainsi, les coûts financiers supplémentaires, y compris les frais intercalaires d’éventuel crédit et les loyers, placent de nombreux acheteurs dans une situation financière précaire. Sans oublier que ces aléas provoquent une fatigue nerveuse et des tracas administratifs pour lesquels certaines victimes sont prêtes à aller devant le tribunal. Maître Thomas Chaboureau, Avocat au Barreau de Paris, explique d’ailleurs que :
En général, les tribunaux tiennent compte du préjudice économique lié au paiement des frais intercalaires, des loyers de location, du préjudice moral lié au bouleversement du quotidien, d’une perte de jouissance et d’un préjudice locatif dans le cas d’un investissement locatif.
Conséquence de cette situation, bien que les tribunaux aient l’habitude de ce type de dossier, ils sont de plus en plus sollicités pour traiter les litiges liés aux retards de livraison. Résultat, d’après Maître Cécile Zakine, avocate au barreau de Grasse et Docteur en droit, il est nécessaire de prendre son mal en patience concernant non seulement le retard mais également le jugement du tribunal :
Entre deux et trois ans en moyenne en ce moment. . . Et comme le tribunal statue en moyenne en deux ans, j’en suis à demander des reports de jugements, le temps que le retard s’achève !
Nous le voyons bien, à cause d’événements mondiaux (pandémie, guerre, . . . ) ou de défaillances d’entreprise, le rêve d’une maison ou d’un appartement peut vite virer au cauchemar pour de nombreux acheteurs avec des retards qui s’accumulent, engendrant une cascade de problèmes.
Des mesures pour un secteur immobilier plus résilient ?
Ainsi, entre cette problématique de délais de construction qui ne cesse d’augmenter et l’attentisme qui s’ancre de plus en plus chez les propriétaires, c’est toute la chaine de valeur de l’immobilier qui est en train de se gripper. Il est impératif de prendre ses retards de livraison au sérieux et de les voir comme une réelle menace pour le marché car, dans l’état actuel des choses, l’année 2024 est partie pour être pire que 2023 concernant le nombre de ventes immobilières ! Nous attendons donc avec impatience que le gouvernement prenne à bras-le-corps cette problématique et trouve des solutions durables pour restaurer la confiance chez tous les acteurs de l’immobilier.