La crise de MaPrimeRénov’ bouleverse la filière : l’effondrement des demandes d’aides plonge aujourd’hui les conseillers en rénovation énergétique dans une situation critique, menaçant emplois et structures.
Une filière fragilisée par la chute des dossiers MaPrimeRénov’
Le blocage du guichet et son effet domino
La suspension du guichet MaPrimeRénov’ durant l’été a stoppé net les projets. Les demandeurs ont attendu, les dossiers ont été gelés et les volumes d’aides déposés ont chuté dès la rentrée. Pour les conseillers, cette rupture crée une instabilité encore visible.
Les accompagnateurs Rénov’ soulignent que la fermeture a cassé un rythme installé. Les ménages hésitent désormais à engager des travaux, faute de visibilité durable sur les règles et les plafonds. Le secteur n’a pas retrouvé sa dynamique.
Avant mai 2025, l’Anah recevait environ 10 000 demandes mensuelles. Depuis la réouverture, les volumes peinent à remonter. Cette baisse marquée suffit à déséquilibrer tout l’écosystème lié à la rénovation d’ampleur.
Des professionnels en perte drastique de prospects
La baisse de visibilité touche directement les conseillers. Certains déclarent être passés de dix nouvelles missions mensuelles à une seulement. Ce recul massif entraîne une réorganisation et des choix complexes pour maintenir l’activité.
Pour beaucoup, acquérir de nouveaux clients devient difficile. Les ménages reportent leurs projets, tandis que les incertitudes administratives freinent encore les prises de décision. Le marché reste trop lent pour assurer la stabilité.
Selon plusieurs réseaux, la tendance s’installe. Les professionnels craignent que cette situation perdure si des signaux clairs ne sont pas envoyés rapidement par l’État et l’Anah.
Des suppressions d’emplois en chaîne dans l’accompagnement Rénov’
Baisse d’activité et entreprises en difficulté
La chute d’activité pousse de nombreuses structures à réduire leurs équipes. Plusieurs accompagnateurs indiquent une diminution soudaine de leurs missions, entraînant une réorganisation interne. Le secteur évoque une perte pouvant atteindre 20 % des effectifs en quelques mois.
De jeunes entreprises créées pour répondre à la demande croissante de 2024 et 2025 se retrouvent aujourd’hui fragilisées. Certaines ont investi dans du personnel et des locaux avant de voir leurs carnets de commandes se vider presque du jour au lendemain.
Les témoignages convergent : beaucoup ont dû licencier ou réduire le temps de travail. Les acteurs craignent désormais une deuxième vague de suppressions si le marché ne redémarre pas rapidement.
Des acteurs historiques également touchés
Les bureaux d’études et cabinets spécialisés, pourtant mieux installés, ne sont pas épargnés. Certains redéploient leurs équipes vers d’autres missions, faute de projets éligibles à MaPrimeRénov’.
Ce recul simultané des acteurs récents et expérimentés illustre un affaiblissement global. L’ensemble de la filière manque de stabilité et redoute des mois encore plus difficiles.
Pour les réseaux professionnels, la menace dépasse la conjoncture. Ils appellent à des décisions structurantes pour éviter de nouvelles pertes et restaurer la confiance du marché.
2026 sous tension avec un marché toujours incertain
Des aides recentrées et un avenir flou pour les MAR
Les nouvelles règles annoncées pour 2026 inquiètent les professionnels. Les aides devraient rester concentrées sur les foyers modestes, un périmètre plus restreint qui limite les projets globaux. Pour les conseillers, cela réduit fortement les perspectives.
Les accompagnateurs redoutent un marché trop étroit pour absorber leurs capacités. Cette orientation pourrait freiner l’investissement des ménages intermédiaires, auparavant moteurs de la rénovation énergétique d’ampleur.
Le manque de visibilité prolongé empêche les structures de planifier leurs recrutements ou d’engager des formations. Beaucoup craignent que la situation ne s’aggrave au premier trimestre 2026.
Des signaux attendus du gouvernement et de l’Anah
La filière attend des mesures fortes pour relancer la demande. Sans annonces rapides, les réseaux prévoient des difficultés supplémentaires dès janvier. Les professionnels espèrent des délais simplifiés et un traitement plus fluide des dossiers.
Le versement tardif des subventions reste un point bloquant. Accélérer ces étapes aiderait à rassurer les ménages et à stabiliser les entreprises. Les interlocuteurs demandent des engagements concrets.
Pour beaucoup, seule une relance claire de MaPrimeRénov’ permettra d’éviter de nouvelles destructions d’emplois. Le secteur reste en alerte face aux prochains arbitrages.