Le gouvernement vient de confirmer la suspension temporaire de MaPrimeRénov’. Une décision qui bouscule des milliers de foyers engagés dans des projets de rénovation énergétique. On vous explique ce qui se passe vraiment.
Pourquoi Ma Prime Rénov est mise sur pause
C’est officiel : MaPrimeRénov’, le dispositif phare d’aide à la rénovation énergétique, sera suspendu dès le 1er juillet 2025. Une annonce confirmée par le ministre de l’Économie, Éric Lombard, face au Sénat.
Pourquoi ce coup d’arrêt ? « Il y a à la fois un encombrement en ce moment et un excès des fraudes », a expliqué le ministre. En clair : l’afflux massif de demandes a saturé les services, et les contrôles révèlent une part non négligeable de dossiers frauduleux (16 000 cas suspects selon le gouvernement).
Autre facteur clé : le budget alloué pour 2025 est pratiquement déjà consommé. Prévu à hauteur de 3,4 milliards d’euros, il ne suffit plus face à la demande, qui a littéralement explosé depuis fin 2024, notamment sur les rénovations globales.
Résultat : faute de pouvoir renforcer immédiatement l’enveloppe, l’exécutif préfère suspendre temporairement le dispositif.
Quels dossiers sont concernés ?
Pas de panique si votre dossier est déjà déposé et complet. Ceux qui ont été validés continueront à être instruits et à donner lieu à un paiement, a rassuré le ministère du Logement.
En revanche, pour les nouvelles demandes, le dépôt sera suspendu pendant l’été. Cela concerne notamment :
- les projets de rénovation globale individuelle
- les travaux d’isolation
- les remplacements de systèmes de chauffage
La ministre déléguée au Logement, Valérie Létard, prévoit une réouverture des dépôts « d’ici la fin du mois de septembre ». Objectif affiché : rétablir un processus plus fluide et mieux armé contre la fraude.
Ce n’est pas (que) une histoire de budget
Officiellement, cette suspension n’est pas motivée par un souci d’économie budgétaire. Le gouvernement insiste sur ce point : « Il ne s’agit pas de faire une économie en cachette en bloquant le système », a déclaré Éric Lombard.
Mais dans les faits, le budget prévu pour 2025 est quasi épuisé, et les besoins dépassent largement les prévisions. L’État a sans doute sous-estimé l’effet de levier du dispositif, qui a permis de tripler le nombre de rénovations au premier trimestre par rapport à 2024.
Certaines collectivités locales, comme la métropole de Lyon ou le département de la Meuse, signalent déjà avoir épuisé leurs propres enveloppes pour aider les ménages modestes.
Une décision qui fait grincer des dents
Le collectif Rénovons’ a dénoncé un « non-sens total » : selon lui, cette pause risque de casser la dynamique engagée auprès des ménages qui souhaitent améliorer leur confort et réduire leurs factures.
Même son de cloche chez les artisans du bâtiment : « Les entreprises ont besoin de visibilité et de stabilité », rappelle Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.
Autre critique : la suspension tombe au pire moment, alors que les coûts des travaux de rénovation s’envolent sans lien direct avec l’inflation. Certaines aides pourraient d’ailleurs être revues à la baisse ou recentrées sur les passoires énergétiques les plus problématiques (étiquettes E, F et G).
Quand le dispositif pourra-t-il redémarrer ?
Le gouvernement veut rassurer : l’objectif est de rétablir MaPrimeRénov’ « avant la fin de l’année ». En attendant, le ministère du Logement prépare de nouvelles mesures pour mieux filtrer les dossiers en amont et renforcer la lutte contre la fraude, via une loi spécifique adoptée fin mai.
Le message est clair : MaPrimeRénov’ va évoluer pour devenir plus robuste, mais les délais risquent d’impacter de nombreux projets en cours.