La crise qui secoue le secteur de l’immobilier frappe de plein fouet Bouygues Immobilier, qui annonce la suppression de 225 postes, rejoignant ainsi Nexity et Vinci Immobilier dans cette vague de restructurations. Entre effondrement des ventes, augmentation des coûts de construction et réglementation environnementale stricte, quelles sont les conséquences dans le secteur du bâtiment ?Au sommaire :
Des suppressions d’emplois chez Bouygues Immobilier
La décision de Bouygues Immobilier de supprimer 225 postes en France, représentant près d’un poste sur quatre, est un coup dur pour les employés et l’entreprise elle-même. Ces suppressions d’emplois sont le résultat de difficultés financières exacerbées par la crise du logement, mettant en évidence la crise à laquelle est confronté le secteur de la construction. D’après Olivier Roussat, actuel président de Bouygues Immobilier, suite à la démission de Bernard Mounier en janvier dernier, il est prévu un plan de mobilité interne mais aucun chiffre n’est donné :
Nous avons lancé un plan de réemploi d’un certain nombre de collaborateurs de Bouygues Immobilier à l’intérieur du groupe.
En 2023, le chiffre d’affaires de Bouygues Immobilier a chuté de 14%, principalement en raison d’une baisse des réservations dans le logement neuf et d’une stagnation de l’activité commerciale dans le secteur tertiaire [source : latribune.fr]. Ces chiffres mettent en évidence les difficultés économiques auxquelles est confrontée l’entreprise et soulignent la nécessité de prendre des mesures pour rétablir sa rentabilité et sa viabilité à long terme. Dans le communiqué de presse du groupe Bouygues concernant les résultats de l’année 2023, voici les éléments qui ont attiré mon attention :
Conséquences sur le secteur de la construction
La décision de Bouygues de réduire drastiquement ses effectifs en France est un signal alarmant dans le secteur du bâtiment. Il s’agit du troisième grand groupe à annoncer des suppressions d’emplois et contrairement à Vinci Immobilier et Nexity (voir notre article : Nexity se concentre sur la régénération urbaine), Bouygues immobilier a détaillé précisément son plan de départ volontaire et de sauvegarde de l’emploi, qui se traduira donc par la suppression de 225 postes, soit près d’un quart de ses effectifs. Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers, a d’ailleurs commenté cette annonce :
Il n’y a plus personne qui embauche chez les promoteurs, il y en a qui commencent à préparer des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE).
Mais ce ne sont pas seulement les grands promoteurs qui sont touchés par cette crise. Les grandes et petites entreprises du secteur sont également en difficulté. Les chiffres révèlent l’étendue de la situation : en 2023, 10 219 entrepreneurs du bâtiment se sont retrouvés au chômage, soit une augmentation de 40% par rapport à l’année précédente. Selon les estimations de la Fédération Française du Bâtiment à l’automne dernier, d’ici 2025, les effectifs des entreprises du secteur pourraient diminuer de plus de 10%, ce qui représenterait environ 150 000 emplois supprimés, comme l’exprimait Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) :
Le bâtiment est entrainé par le logement neuf vers la récession dès cette année. 150 000 emplois sont menacés d’ici 2025.
Pour Pascal Boulanger, le secteur du bâtiment pourrait être touché de manière encore plus drastique :
On s’attend à 300 000 pertes d’emplois d’ici 2025 dans le bâtiment et ses secteurs associés.
Bref, la situation semble loin de s’améliorer par rapport au constat dressé en novembre 2023. De plus, une analyse des programmes immobiliers des promoteurs et de la construction de maisons individuelles révèle une tendance alarmante : les ventes dans le neuf ont dégringolé, passant de plus de 100 000 en 2022 à moins de 70 000 l’année dernière, soit une baisse de près de 40% en seulement un an [source : notaires.fr].
L’impact dévastateur de la crise immobilière
Les chiffres révèlent l’ampleur de la crise dans le secteur du bâtiment, avec une hausse de 40% des entrepreneurs au chômage en 2023 par rapport à l’année précédente. Les estimations de la FFB et de la FPI tablent sur une fourchette allant de 150 000 à 300 000 emplois perdus d’ici 2025. Ainsi, Bouygues Immobilier est malheureusement un promoteur de plus à être contraint d’enclencher un plan social, rejoignant ainsi Nexity et Vinci Immobilier dans cette série de réorganisations. Il est à noter que cela touche non seulement les grands promoteurs, mais également les petites entreprises du secteur qui peinent à faire face à cette crise.