Assurance habitation : Marseille va lancer une offre à prix mini pour les locataires les plus modestes

Par Cyril KUHM le 23 avril 2025 à 16:55

... lectures - Temps de lecture : 3 min

Assurance habitation : Marseille va lancer une offre à prix mini pour les locataires les plus modestes

Avec la flambée des tarifs d’assurance habitation, de plus en plus de Marseillais renoncent à s’assurer. Pour lutter contre ce phénomène, la ville prévoit la création d’une assurance à tarif réduit, destinée aux foyers modestes. Une réponse concrète à une urgence sociale.

Des prix devenus inaccessibles pour de nombreux foyers

Depuis plus de dix ans, les primes d’assurance habitation ont presque doublé. En 2025, les tarifs ont encore bondi de 10 % en moyenne, dans un contexte de hausse des sinistres climatiques et de pression sur les compagnies d’assurance.

À Marseille, la situation est critique : près de 20 % des locataires vivraient sans assurance, souvent faute de moyens. Et parmi les assurés, beaucoup se contentent d’une couverture minimale, ne permettant pas de faire face à un sinistre. Pourtant, pour les locataires comme pour les copropriétaires, l’assurance habitation est obligatoire.

Voir aussi  Orages en France : 5 conseils pratiques pour éviter les dégâts

Un quart des Marseillais sous le seuil de pauvreté

Dans la cité phocéenne, le taux de pauvreté dépasse 25 %, et 40 % des locataires vivent à proximité du seuil de pauvreté. Cette précarité financière se traduit par des retards de paiement, des impayés, ou l’absence totale de souscription.

Certaines compagnies refusent également d’assurer des logements jugés vétustes ou à risque, notamment dans les quartiers populaires, renforçant le phénomène d’exclusion. Résultat : de nombreux foyers se retrouvent sans filet de sécurité.

Marseille lance un appel pour créer une assurance accessible

Pour faire face à cette réalité, la mairie de Marseille a lancé un appel à manifestation d’intérêt auprès des assureurs. L’objectif : mettre en place une assurance habitation à prix réduit, adaptée aux ressources des foyers modestes.

Seront éligibles les locataires du parc social ou privé dont les revenus ne dépassent pas 23 201 € par an pour une personne seule, ou 44 982 € pour un couple avec deux enfants. Selon la ville, jusqu’à 150 000 foyers pourraient être concernés par cette nouvelle couverture.

Voir aussi  Propriétaire ou locataire quelles différences pour le devis assurance habitation ?

La mairie espère que ces contrats seront 20 à 30 % moins chers que les offres classiques. Aucune commission ne sera prélevée par la ville, mais une campagne d’information sera lancée pour relayer les offres sélectionnées, dont le lancement est prévu à partir de septembre 2025.

Des locataires de plus en plus fragiles

Sur le terrain, les associations constatent une montée des situations critiques. De nombreux locataires renoncent à s’assurer ou cessent de payer leur contrat. Les hausses de tarifs rendent le moindre contrat difficilement accessible pour les foyers disposant de faibles ressources, même avec un emploi ou des aides sociales.

La crainte de ne pas être couvert en cas de sinistre est bien présente, mais elle ne suffit pas à lever les blocages financiers. Entre loyers, charges et hausse du coût de la vie, l’assurance habitation passe souvent en dernier.

Un modèle inspiré d’autres villes

Marseille n’est pas la première ville à explorer cette voie. Des initiatives similaires ont été lancées à Paris, Montreuil, Tourcoing ou encore Lille, où les locataires peuvent accéder à une assurance habitation à 14,90 € par mois en moyenne pour un deux-pièces, contre 20 à 25 € dans le privé.

Voir aussi  Squat d’une maison vide : cette erreur a coûté 17 000 euros à un retraité

Ce modèle prouve qu’il est possible de concilier garanties solides et prix adaptés, à condition d’un engagement fort des collectivités locales et d’une sélection rigoureuse des assureurs partenaires.

Mieux protéger les locataires sans alourdir leur budget

L’objectif de la mairie est clair : proposer une assurance avec des garanties utiles, des franchises faibles et un prix juste. L’idée n’est pas de proposer un contrat “au rabais”, mais une véritable alternative pour garantir un socle de sécurité aux ménages les plus exposés.

En parallèle, la ville entend renforcer l’information sur l’obligation d’assurance, notamment dans les quartiers où les non-recours sont les plus fréquents. Une meilleure connaissance du risque et de ses conséquences pourrait contribuer à faire évoluer les comportements.