Le gouvernement l’a confirmé : les APL resteront gelées en 2026. Une annonce qui suscite inquiétude et incompréhension, tant du côté des locataires que des étudiants. En parallèle, une mesure encore plus restrictive vise désormais certains étudiants étrangers, exclus du dispositif.
Le gel des APL en 2026, une mesure budgétaire controversée
Pourquoi le gouvernement bloque la revalorisation
Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit de stabiliser le montant des APL, rompant avec la revalorisation annuelle habituelle. Selon l’exécutif, cette décision s’inscrit dans une stratégie globale de réduction des dépenses publiques, estimées à plusieurs milliards d’euros. Les APL, jugées trop dynamiques en raison de l’inflation et du vieillissement des bénéficiaires, voient donc leur progression stoppée net.
Le texte indique que les paramètres relatifs au logement et aux ressources des allocataires ne seront pas actualisés, ce qui revient à un gel complet de l’aide sur toute l’année 2026. Une mesure “d’ampleur modérée”, selon le gouvernement, mais qui aura des effets concrets sur le pouvoir d’achat des ménages modestes.
Quel impact pour les locataires et propriétaires
Pour les bénéficiaires, ce gel signifie une perte de pouvoir d’achat réelle dans un contexte de loyers en hausse. De nombreux étudiants, jeunes actifs et familles dépendant de cette aide verront leur budget logement se tendre encore davantage. Les propriétaires, eux, redoutent une augmentation des impayés et un ralentissement du marché locatif dans les zones étudiantes et tendues.
Les associations de locataires dénoncent une décision injuste, qui fragilise les foyers les plus précaires. Certaines appellent déjà à une revalorisation exceptionnelle au second semestre si l’inflation repart à la hausse.
Des APL désormais réservées à certains étudiants étrangers
Une restriction ciblée sur les boursiers extra-communautaires
Au-delà du gel général, le gouvernement introduit une mesure plus ciblée : seuls les étudiants étrangers boursiers originaires de pays hors Union européenne pourront désormais bénéficier des APL. Jusqu’à présent, l’aide était accessible à tous les étudiants internationaux, quelle que soit leur situation financière. L’exécutif justifie ce recentrage par la nécessité de concentrer les aides sur les profils les plus fragiles économiquement.
Les étudiants extra-communautaires non boursiers, parfois issus de classes moyennes ou soutenus par leurs familles, seront donc exclus du dispositif. Le gouvernement parle d’un “meilleur ciblage” de la dépense publique, mais cette mesure est perçue par beaucoup comme une discrimination sociale et nationale déguisée.
Réactions et conséquences sur le marché locatif étudiant
Les organisations étudiantes dénoncent une décision “injuste et inefficace”, pointant le risque d’exclusion d’une partie des étudiants étrangers déjà confrontés à la crise du logement. Les résidences universitaires pourraient voir leur taux d’occupation baisser, tandis que le marché privé se trouverait déséquilibré par une diminution du nombre de locataires étrangers.
Les professionnels de l’immobilier craignent aussi que cette mesure nuise à l’attractivité des universités françaises à l’international, en rendant le coût de la vie étudiante encore plus élevé. Dans certaines villes universitaires, la part d’étudiants étrangers représente jusqu’à 15 % du parc locatif.
Une politique d’économies qui interroge sur le logement social
108 millions d’euros d’économies attendues
Le gel et le recentrage des APL doivent permettre à l’État de réaliser environ 108 millions d’euros d’économies en 2026. Une somme jugée symbolique par les acteurs du logement, au regard des besoins croissants en matière d’accès à un toit. Pour les associations, cette mesure relève davantage d’un signal politique que d’une réelle rationalisation budgétaire.
Les pouvoirs publics insistent, eux, sur l’objectif de “freiner la dépense” sans remettre en cause les droits acquis. Reste que, pour beaucoup de locataires, cette stabilisation se traduira concrètement par une perte de soutien face à la hausse des loyers et des charges.
Vers un recentrage durable des aides au logement ?
En ciblant davantage les bénéficiaires, le gouvernement pourrait ouvrir la voie à un recentrage durable des politiques de logement. Certains économistes y voient le signe d’une future refonte globale des aides, où les prestations seraient davantage conditionnées aux ressources et à la durée de séjour sur le territoire.
Mais pour les acteurs du logement social, la logique d’économie ne peut se substituer à une véritable politique d’accès à la location. Ils appellent à un débat de fond sur la répartition des aides et sur la place des jeunes et des étudiants étrangers dans le marché immobilier français.