Les expulsions locatives ont été suspendues pendant les 5 mois d’hiver. La trêve hivernale se terminant, ce sont des milliers de familles qui se retrouvent à nouveau sous la menace d’une expulsion depuis le 1er avril. Pendant toute la durée de la trêve hivernale, instituée en 1956 après l’appel de 1954 de l’Abbé Pierre, les locataires ne peuvent pas être expulsées.
La trêve hivernale, oui mais. . .
En principe, les expulsions locatives sont suspendues tout au long de la trêve hivernale, sauf si les personnes habitant le logement peuvent être décemment relogées. Autre exception à la suspension des expulsions locatives pendant la trêve hivernale, les squats, les logements dangereux faisant l’objet d’un arrêté de péril et les logements universitaires occupés par des étudiants ne répondant plus aux critères d’attribution. C’est ainsi qu’une femme de plus de 80 ans a reçu les huissiers avant la fin de la trêve hivernale, pour la faire déménager de son logement parisien devenu trop cher pour elle. Elle a en effet accumulé une dette de loyers de 50 000 €, alors qu’elle ne perçoit que 1 200 € de retraite mensuelle. Il faut dire que son loyer s’élève à 900 €, alors qu’il ne devrait pas dépasser le tiers de ses revenus.
Plus de 120 000 décisions d’expulsions locatives chaque année
Des dizaines de milliers d’expulsions sont prononcées chaque année, une fois terminée la trêve hivernale. En 2017, ce ne sont pas moins de 126 000 dossiers qui ont abouti, dont 120 000 concernaient des dettes de loyers. Ce type de dossier a augmenté de près de 50 % depuis 2001. Le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre nous précise que plus de 15 500 dossiers ont nécessité le concours de la Force publique, ce qui serait, d’après le rapport, « un record historique ». Au total, depuis 10 ans, ce sont près de 300 000 personnes qui ont fait l’objet d’une expulsion locative, en totale contradiction avec la politique du logement conduite par le Gouvernement. Le plan » Logement d’abord » a en effet pour objectif de rendre le logement très social plus accessible. Mais une évolution à la hausse de près de 50 % sur 10 ans du nombre des expulsions locatives, des efforts seront encore nécessaires. D’autant que ce nombre est sans doute beaucoup plus élevé, car les personnes concernées préfèrent quitter leur logement avant l’échéance de l’arrivée des huissiers.
Les personnes menacées d’expulsion rejoignent les gilets jaunes
Lors de l’acte XX du mouvement des gilets jaunes, des familles sous le coup d’une expulsion locative sont aller rejoindre les rangs des gilets jaunes pour manifester à leurs côtés, soutenues par l’association Droit au logement. L’association dénonçait notamment la précarité énergétique, la spéculation immobilière et la flambée des loyers, qui concourent toutes à la diminution du « pouvoir locatif » des ménages de classe moyenne. Le DAL se bat pour qu’aucune procédure d’expulsion ne puisse aboutir si elle n’est pas accompagnée d’une solution de relogement décente et suffisante pour la famille à reloger. La construction de résidences locatives sociales ou très sociales est également au nombre de leurs combats, ainsi que l’encadrement des loyers à Paris, Lyon, Marseille, etc.