Fins de mois difficiles : pourquoi les ménages s’endettent-ils davantage ?

Par Nicolas Augé le 28 mai 2023 à 15:02
Mis à jour le 07 mai 2024 à 15:23

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Un couple de retraité marchant dans une rue de Paris

Le pouvoir d’achat des Français connaît une contraction en 2023, avec une inflation en hausse et des hausses de prix dans certains domaines. Cette situation a entraîné un rétrécissement du panier des ménages, poussant de plus en plus de personnes à se tourner vers les crédits à la consommation pour faire face à leurs dépenses quotidiennes. Les crédits renouvelables, d’un montant inférieur à 3 000 euros, sont devenus une solution courante pour combler les fins de mois difficiles. Cependant, cette tendance suscite des préoccupations quant à une éventuelle augmentation des défauts de remboursement. Au sommaire :

Une hausse significative des crédits renouvelables

De plus en plus de ménages français ont décidé de contracter des crédits à la consommation renouvelables pour répondre à leurs besoins financiers. Selon les données de l’Association française des sociétés financières (ASF), le nombre de crédits renouvelables a augmenté de 9,4% en mars par rapport à l’année précédente et de 11,1% au cours des trois premiers mois de 2023. Cette hausse s’explique à la fois par une augmentation des demandes de crédit et par des taux d’usure moins stricts pour les petits emprunts. Les particuliers se tournent vers ces crédits pour payer leurs factures et acheter l’essentiel, réduisant ainsi les dépenses superflues, comme le précise Julie Vanhille, secrétaire générale de l’Association de Défense, d’Education et d’Information du Consommateur (Adeic) :

Les gens qui viennent nous voir, nous disent qu’ils ont changé leurs habitudes de consommation, qu’ils réduisent ce qui est superflu pour pouvoir payer leurs factures et acheter l’essentiel. Nous avons vu des personnes qui ont eu recours à cette solution pour payer leurs factures de chauffage cet hiver !

Les difficultés d’emprunter de plus grandes sommes

Si les crédits de petites sommes sont en augmentation, c’est en partie dû à la difficulté d’emprunter des montants supérieurs à 6 000 euros. Le taux d’usure, qui fixe le taux maximal auquel un particulier peut emprunter, a rendu l’emprunt de sommes plus importantes très compliqué. Avec un taux d’usure fixé à 4,80% ces derniers mois pour les crédits de plus de 6 000 euros, de nombreux emprunteurs se sont tournés vers des crédits de petites sommes pour faire face à leurs besoins financiers. Cette tendance se traduit par un repli de l’activité des prêts personnels de plus de 6 000 euros, qui affichent une baisse de 29,5% en mars 2023 par rapport à l’année précédente. En revanche, les crédits compris entre 3 000 euros et 6 000 euros ont bénéficié de taux d’usure plus élevés, ce qui a accentué l’engouement pour les emprunts de petites sommes pour combler les fins de mois.

Des préoccupations quant aux défauts de remboursement

La multiplication des petits crédits commence à susciter des inquiétudes quant à une éventuelle augmentation des défauts de remboursement. Les données de la Banque de France montrent que le nombre de dossiers de surendettement est resté stable en avril 2023 par rapport à l’année précédente, mais une progression de 5% a été observée depuis le début de l’année. Bien que la Banque de France n’observe pas actuellement de situation problématique, l’Association française des sociétés financières (ASF) souligne que la qualité de la demande de crédits à la consommation continue de se détériorer légèrement, avec une légère augmentation des premiers impayés. Les ménages qui contractent des crédits pour faire face à des problèmes financiers chroniques pourraient se retrouver dans des situations de surendettement difficiles, en particulier en raison de l’augmentation des taux d’usure pour les crédits de moins de 3 000 euros. Pour éviter une augmentation des impayés, les banques devront adopter une approche prudente dans l’octroi de crédits à l’avenir.

Les solutions pour sortir du cercle vicieux

Face à cette situation préoccupante, il est essentiel de prendre des mesures pour éviter de s’enliser davantage. Les ménages doivent repenser leur gestion financière et chercher des alternatives aux crédits à la consommation. Des conseils en matière de budget, d’épargne et de réduction des dépenses superflues peuvent aider à prévenir les difficultés financières. Il est également important de sensibiliser les consommateurs aux risques liés à l’endettement excessif et de promouvoir une éducation financière solide.

Une tendance préoccupante qui nécessite une réflexion approfondie

L’augmentation des crédits à la consommation, en particulier des crédits renouvelables de petites sommes, témoigne des difficultés financières auxquelles de nombreux ménages français sont confrontés. La contraction du pouvoir d’achat et l’augmentation des prix ont poussé les particuliers à se tourner vers ces solutions pour combler leurs fins de mois difficiles. Les petits crédits deviennent une solution pour boucler les fins de mois, mais cela comporte des risques de surendettement et de défaut de remboursement. Les banques ont donc un rôle essentiel à jouer, notamment en faisant preuve d’une grande prudence lorsqu’elles accordent des crédits afin de prévenir toute augmentation des défauts de paiement.