La vieille ville d’Annecy, emblème du patrimoine haut-savoyard, fait aujourd’hui face à une réalité plus préoccupante. Selon une étude pré-opérationnelle récemment engagée par la municipalité, 7 % des immeubles du centre ancien sont jugés en état critique, nécessitant des interventions rapides pour garantir la sécurité des occupants et préserver le bâti historique.
Cette démarche s’inscrit dans la perspective d’une future OPAH-RU (Opération programmée d’amélioration de l’habitat – Renouvellement urbain), destinée à accompagner techniquement et financièrement les propriétaires dans la réhabilitation de leurs immeubles.
Une étude pour anticiper la dégradation du centre ancien
Lancée en juin 2025 par la Ville d’Annecy avec le soutien de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), l’étude a été confiée au bureau Urbanis. Elle repose sur un diagnostic approfondi du bâti, des usages et du fonctionnement des copropriétés, mené par une équipe pluridisciplinaire composée d’architectes, d’urbanistes et de spécialistes de l’habitat ancien.
À ce stade, plus de 90 % des immeubles situés dans le périmètre de la vieille ville ont déjà été visités, permettant d’obtenir une vision précise et documentée de l’état du parc immobilier.
Des immeubles dans des situations très contrastées
Les premiers résultats mettent en évidence une situation hétérogène, typique des centres anciens.
7 % des bâtiments nécessitent une intervention urgente
Environ 7 % des immeubles sont considérés comme étant en situation critique. Ces bâtiments présentent des désordres structurels ou techniques majeurs, susceptibles de poser des risques pour la sécurité des occupants ou des passants. Pour ces immeubles, des actions rapides seront indispensables.
Un tiers du parc confronté à des problèmes lourds
L’étude révèle également que 36 % des immeubles rencontrent des difficultés architecturales ou techniques importantes, nécessitant des travaux à moyen terme. À l’inverse, 57 % du parc ne présente pas de problématique technique majeure, ce qui confirme le caractère contrasté de l’état du bâti dans la vieille ville.
Un parc immobilier fragilisé sur plusieurs fronts
Au-delà de l’état des immeubles, l’analyse met en lumière des fragilités structurelles plus larges.
Des logements énergivores et parfois très dégradés
La performance énergétique constitue un enjeu central. 41 % des logements privés sont classés E, F ou G au diagnostic de performance énergétique, plaçant une part importante du parc dans la catégorie des passoires thermiques. Par ailleurs, 15 % des logements sont potentiellement très dégradés, tandis que 41 % des logements locatifs pourraient être menacés d’interdiction de location en raison des nouvelles obligations réglementaires.
Des copropriétés complexes à gérer
La vieille ville compte 86 % d’immeubles en copropriété, un mode de gestion parfois délicat dans l’ancien. Certaines copropriétés ne sont pas immatriculées ou rencontrent des difficultés de gouvernance, freinant la prise de décision et la réalisation de travaux collectifs.
La part de propriétaires occupants y est également faible : 24 % seulement, soit deux fois moins que dans le reste de la commune, ce qui complique encore l’engagement dans des projets de rénovation lourde.
Le poids du logement touristique
Autre facteur de fragilisation : la forte présence du logement à vocation touristique. Environ 40 % du parc de la vieille ville est dédié à un usage touristique, parfois dans des situations administratives irrégulières ou en fin d’autorisation de changement d’usage. Cette pression accentue la tension sur l’habitat résidentiel et complique la régulation du parc.
Vers une OPAH-RU pour accompagner et encadrer les propriétaires
Face à ces constats, la Ville d’Annecy envisage la mise en place d’une OPAH-RU, combinant plusieurs leviers :
- accompagnement technique et administratif des propriétaires,
- aides financières à la rénovation,
- actions de prévention,
- mais aussi, si nécessaire, mesures contraignantes pour lutter contre l’habitat indigne et faire respecter les obligations réglementaires, notamment en matière de sécurité et de performance énergétique.
L’objectif affiché est double : préserver durablement le patrimoine bâti tout en améliorant les conditions de vie des habitants du centre ancien.
Un calendrier progressif jusqu’en 2027
L’étude pré-opérationnelle doit s’achever début 2026. Les mois suivants seront consacrés, au printemps et à l’été, à la définition du scénario d’intervention le plus adapté pour la vieille ville. Le lancement opérationnel de l’OPAH-RU est envisagé à l’horizon 2027.
Une réunion d’information s’est déjà tenue afin de présenter la démarche, et un questionnaire en ligne a été ouvert pour associer habitants et propriétaires à la réflexion. Pour la municipalité, cette phase préparatoire constitue une étape clé pour concilier préservation du patrimoine, sécurité des immeubles et qualité de vie dans l’un des secteurs les plus emblématiques d’Annecy.