La réalité du marché lyonnais avec des agences immobilières en péril

Par Nicolas Augé le 20 janvier 2024 à 15:54
Mis à jour le 13 mai 2024 à 10:52

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Pont Charles de Gaulle à Lyon avec la gare en arrière-plan

Plongez dans les données immobilières de Lyon pour janvier 2024. Des indices de la Fnaim et de Clameur révèlent l’état actuel des prix au mètre carré, des loyers, et les tendances qui façonnent le marché lyonnais. En outre, les agences immobilières lyonnaises sont plongées dans une crise sans précédent, Altarès révèle qu’en 2023, pas moins de 43 agences ont fait faillite. Décryptage. Au sommaire :

Les agences immobilières lyonnaises font face à une crise persistante

Après une période d’euphorie post-covid, le marché immobilier lyonnais a sombré en 2023. La situation s’est détériorée ces derniers mois, avec une succession de fermetures d’agences pour un total estimé à 43 agences, laissant de nombreux professionnels au bord de la faillite. Les témoignages d’agents immobilier laissant entrevoir une situation désespérée se multiplient. Thierry Millon, directeur des études d’Altarès, met en lumière la gravité de la crise, révélant une augmentation spectaculaire des défaillances d’agences immobilières. La région Auvergne-Rhône-Alpes enregistre une hausse trois fois supérieure aux chiffres d’avant la pandémie, laissant présager une année 2024 potentiellement dévastatrice [source : leprogres.fr]. Sans surprise, la crise immobilière à Lyon est le résultat d’une conjonction de facteurs. La hausse des taux d’intérêt et les difficultés d’accès aux crédits ont provoqué un déclin significatif des ventes. Les agences, en lutte pour leur survie, tentent de réduire leurs charges, mais la réalité reste implacable : certaines n’ont enregistré aucune vente depuis des mois. Du côté des répercussions sociales, la crise se manifestent par des licenciements et des départs d’employés vers d’autres secteurs. Les secteurs connexes, tels que la construction, ressentent également l’impact de l’effondrement immobilier.

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Le motif d’espoir pour le marché immobilier lyonnais en 2024

Pascal Pancrazio, président de la Fnaim du Rhône, exprime de son côté un espoir lié à une possible stagnation, voire baisse, des taux d’intérêt. En effet, malgré la crise, les Lyonnais, bien que plus rationnels dans leurs achats, montrent une volonté persistante de concrétiser leurs projets immobiliers dans un contexte de plus en plus favorable à l’octroi de crédit bancaire. Néanmoins, les gros budgets se font rares, et les investisseurs restent prudents. Il faut maintenant espérer que les promoteurs, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, soient en mesure de construire mais surtout de livrer davantage sur 2024 pour tenter de relancer le marché du neuf avec de nouvelles commercialisations car il y a une réelle pénurie d’offre. La baisse des taux et l’octroi de crédit ne seront absolument pas suffisants pour relancer le marché immobilier. D’après Lawrence Yun, l’économiste de la National Association of Realtors, il y aurait 2 scénarios possibles [source : entreprendre.fr] :

  1. Le premier scénario serait marqué par un « certain apaisement » de l’économie et de l’inflation, entraînant potentiellement une légère baisse des taux d’intérêt et attirant davantage d’acheteurs sur le marché.
  2. Le deuxième scénario concerne une récession économique (à l’instar de l’Allemagne) entraînant des pertes d’emplois, une vente forcée de maisons et une perte de confiance des consommateurs.

Le premier scénario étant dépendant de l’intensification de la construction par les promoteurs et de la rénovation des logements existants, il y a donc urgence à bâtir et à rénover en France. Des mesures sont déjà disponibles concernant la rénovation (DPE et MaPrimeRenov’) mais pour ce qui est du plan de relance de la construction portée par l’ancienne première ministre, nous risquons de devoir attendre longtemps avant de voir les effets !

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Les prix immobiliers à Lyon pour janvier 2024

Le marché immobilier lyonnais en ce début d’année montre des signes d’évolution. Les indices de la Fnaim indiquent une baisse de 2,5% au dernier trimestre, et une chute de 6,3% sur l’année précédente. Les chiffres des trois dernières années soulignent également une diminution significative de 4,8% des prix de l’immobilier [source : capital.fr]. Les chiffres au mètre carré révèlent des baisses relativement importantes. En moyenne, le prix de vente à Lyon était de 4 716 €/m² au 1er janvier 2024, avec une baisse trimestrielle de 2,5%. Les variations selon le type de logement sont notables, allant de 7 907€/m² pour une maison à 4 639 €/m² pour un appartement. L’Observatoire Clameur offre un aperçu des loyers à Lyon sur les quatre derniers trimestres. Avec une hausse de +2,3% par rapport à l’année précédente, le loyer médian, toutes surfaces confondues, s’élève à 14 €/m² hors charges. Les variations par typologie de location offrent des perspectives intéressantes. La tendance à la hausse des loyers est palpable, avec une augmentation de +3% pour les appartements de type T1 sur un an. Les T2 et les T3 et plus présentent également des augmentations, témoignant d’une dynamique locative en évolution. En cinq ans, les loyers ont connu des augmentations significatives, marquant le paysage locatif lyonnais.

Évolution du prix moyen du mètre carré dans les quartiers de Lyon

À Lyon, ce sont toujours les quartiers centraux qui affichent les prix les plus élevés (Place Bellecour / Hôtel Dieu). Concernant les prix les plus abordables, c’est le sud (Rue du Moulin à Vent et boulevard Yves Farge) qui est le plus concerné (voir tableau ci-dessous).

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Quartier de Lyon Prix m2 moyen appartement (comparaison avec juin) Prix m2 moyen maison
Audibert / Moulin à Vent 3 639 euros (-2,7 %) 5 572 euros (n/c)
Yves Farges / Le Fleuve 4 751 euros (-4,9 %) 6 883 euros (n/c)
La Mouche / Le Port 4 743 euros (-5,2 %) 6 303 euros (n/c)
4ème arrondissement 5 319 euros (-5,2 %) 8 274 euros (n/c)
Hopital / Place Croix Rousse 5 495 euros (-5,5 %) 6 733 euros (n/c)
5ème arrondissement 5 561 euros (-5,3 %) n/c (n/c)
3ème arrondissement 6 041 euros (-5,2 %) n/c (n/c)
Moliere / Edgard Quinet 6 230 euros (-5,2 %) n/c (n/c)
Le Parc / L’Helvetie 6 280 euros (-5,3 %) n/c (n/c)
Bellecour / Hotel Dieu 6 399 euros (-5,4 %) n/c (n/c)

Prix de l’immobilier par mètre carré en moyenne dans les quartiers de Lyon

[source : meilleursagents.com, au 1er janvier 2024]. Ainsi, les prix baissent concernant les appartements (nous n’avons pas accès aux données concernant les maisons) si on compare avec notre dernier relevé de juin 2023. Mais cette baisse n’est pas encore suffisante pour permettre de compenser l’inflation et la perte de pouvoir d’achat, les experts parlant plutôt d’une baisse de 15% pour que cela ait un vrai impact sur les transactions. En bref, la crise immobilière à Lyon, marquée par une série de fermetures d’agences, une chute des ventes, et des conséquences économiques et sociales, se profile comme une ombre menaçante pour 2024. Les acteurs du marché immobilier lyonnais s’accrochent à l’espoir d’une relance de l’octroi de crédits à des taux plus favorables et une baisse des prix du marché local mais est-ce que cela sera suffisant ? Rendez-vous dans 6 mois pour faire à nouveau le point !

La vidéo sur ce sujet

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