Les taux de crédit immobilier continuent leur ascension vertigineuse, dépassant largement les 3 % et mettant en péril le pouvoir d’achat des Français. Depuis le printemps 2022, ces taux ne cessent d’augmenter, laissant planer l’incertitude quant à une éventuelle stabilisation. Alors que le taux moyen atteint déjà 3,28 % en mai 2023, les experts prédisent une poursuite de cette hausse qui pourrait franchir la barre des 4 % dès septembre. Analysons les raisons de cette évolution et ses conséquences sur le marché immobilier. Au sommaire :
Jusqu’où peuvent grimper les taux de crédit immobilier ?
Depuis le printemps 2022, les taux de crédit immobilier connaissent une augmentation continue, suscitant des inquiétudes quant à leur évolution future. En mai 2023, le taux moyen s’élève déjà à 3,28 %, contre 3,16 % en avril, selon l’Observatoire crédit logement/CSA. Selon les experts, cette tendance à la hausse devrait se poursuivre, avec une probable franchissement de la barre des 4 % dès septembre. Cette évolution est notamment liée à la hausse du taux d’usure, qui a dépassé les 5 % le 1er juillet pour les prêts à taux fixe de vingt ans et plus. Les professionnels du secteur soulignent que cette augmentation des taux d’emprunt, bien que prévisible, impacte le pouvoir d’achat des Français et bouleverse le marché immobilier.
Conséquences sur le pouvoir d’achat et le marché immobilier
La hausse des taux de crédit immobilier a un impact direct sur le pouvoir d’achat des Français. Avec des taux dépassant les 3 % sur une durée de vingt ans, les emprunteurs voient leur capacité d’acquisition se réduire considérablement. En un an, ils ont perdu en moyenne 12 mètres carrés sur leur projet immobilier. Les primo-accédants, qui sont souvent dépendants d’un prêt, sont particulièrement touchés et se retrouvent évincés du marché immobilier. Cette situation entraîne également une baisse de la proportion de primo-accédants, qui est passée de plus de 50 % en 2019 à seulement 27 % actuellement.
Les prévisions et avis des experts
Les experts du secteur immobilier expriment des opinions divergentes quant à l’évolution future des taux de crédit immobilier. A l’instar de Yann Jéhanno, président du réseau immobilier Laforêt France, certains estiment que la hausse pourrait se poursuivre et que les taux pourraient atteindre 4,5 % d’ici janvier prochain. Ils mettent en avant la hausse conséquente du taux d’usure, qui laisse présager une augmentation importante des taux d’intérêt dans les mois à venir comme l’exprime Cécile Roquelaure, directrice des études d’Empruntis :
Il faut prévoir encore de nouvelles hausses de taux de crédit pour les trois mois à venir
D’autres spécialistes adoptent une approche plus prudente et évoquent une stabilisation des taux autour de 4 %. Ils soulignent que l’inflation ralentit et que la Banque centrale européenne freine sa hausse des taux directeurs, comme l’explique Maël Bernier de Meilleurtaux :
L’inflation commence à ralentir, la BCE ralentit sa hausse des taux directeurs. . . Evoquer les 5 %, c’est donc jouer à se faire peur
Malgré les divergences d’opinions, tous s’accordent sur l’impact négatif de la hausse des taux sur le pouvoir d’achat des emprunteurs et sur l’évolution du marché immobilier.
L’impact sur les établissements bancaires et la fermeture de l’offre de crédit
La hausse des taux de crédit immobilier a des conséquences paradoxales pour les établissements bancaires. Alors que certains n’accordaient plus de prêts depuis un an, la hausse des taux leur permettra de reprendre leur activité à partir de 4 %. Ce seuil leur permettra de se rémunérer à nouveau sur les prêts immobiliers, ce qui n’était plus le cas récemment. La fermeture de l’offre de crédit immobilier a entraîné une chute significative du nombre de prêts accordés par les banques aux particuliers. Néanmoins, les experts estiment que cette situation ne peut pas perdurer indéfiniment, car les banques devront inévitablement rétablir leur offre de crédit pour maintenir leur activité.
Conséquences sur les acheteurs
L’envolée des taux de crédit immobilier met en péril le pouvoir d’achat des Français, réduisant leurs possibilités d’accéder à la propriété. Les primo-accédants sont les plus touchés, représentant désormais moins de 27 % des acquisitions. Malgré une légère baisse des prix immobiliers, la hausse des taux ne permet pas de compenser cette augmentation des coûts d’emprunt. Les experts expriment des avis divergents quant à l’évolution future des taux, mais s’accordent sur l’impact négatif de cette hausse sur le marché immobilier et les emprunteurs.