Le Parc des Princes ne sera jamais vendu au PSG : Anne Hidalgo met fin au suspense

Par Baptiste BIALEK le 02 juin 2025 à 14:05

... lectures - Temps de lecture : 4 min

Le Parc des Princes ne sera jamais vendu au PSG : Anne Hidalgo met fin au suspense

Anne Hidalgo a tranché : le Parc des Princes restera propriété de la Ville de Paris. Face aux ambitions du PSG, la maire assume un non catégorique — et le club pourrait bien faire ses valises.

Une fin de non-recevoir qui ne laisse plus place au doute

Alors que le Paris Saint-Germain espérait acheter le Parc des Princes pour y investir massivement, Anne Hidalgo a remis les pendules à l’heure. Dans une interview donnée à L’Équipe, la maire de Paris a déclaré sans détour qu’il n’y aurait « plus de discussions » sur une vente. Pour elle, ce n’est pas un sujet ouvert, mais une ligne rouge.

Depuis plusieurs mois, le club parisien — soutenu par son actionnaire QSI — tente de convaincre la Ville de céder le stade, estimant qu’il est impossible d’investir dans une enceinte qu’on ne possède pas. Mais Hidalgo campe sur sa position : le Parc appartient aux Parisiens, point final.

Pourquoi le PSG veut absolument racheter le stade

Le PSG ne cache pas son objectif : devenir propriétaire pour agrandir le Parc, booster ses revenus et se hisser au niveau des grands clubs européens. Aujourd’hui, il reste locataire et cela limite ses marges de manœuvre. Le club parle de centaines de millions d’euros d’investissement, mais exige pour cela un titre de propriété.

Voir aussi  Une part de l’histoire Disney : la villa californienne de Walt Disney mise en vente

Problème : le Parc est classé au patrimoine de la Ville, et sa vente nécessiterait une décision politique majeure. Or, pour Anne Hidalgo, il est inconcevable de privatiser un bien public aussi symbolique, même pour satisfaire un club de foot aussi puissant soit-il.

Un stade devenu trop petit pour les ambitions du club

Avec un peu moins de 48 000 places, le Parc des Princes est aujourd’hui l’un des plus petits stades parmi les grands clubs européens. À titre de comparaison, le Real Madrid ou le Bayern évoluent dans des enceintes de plus de 70 000 places. Résultat : le PSG se retrouve limité, tant en termes de billetterie que d’accueil pour les grands événements.

Le club estime qu’il perd chaque année des millions d’euros par manque de capacité. Et avec une demande en constante hausse, notamment sur les gros matchs de Ligue des Champions, le manque à gagner devient stratégique. D’où l’urgence, selon lui, de rénover et agrandir — chose impossible sans être propriétaire des lieux.

Pour Anne Hidalgo, agrandir le stade n’est pas un problème en soi. Mais le faire dans le cadre d’une propriété privée est, selon elle, inacceptable. Elle considère que toute évolution doit se faire dans le respect du caractère public du Parc, quitte à ce que le PSG cherche une autre solution ailleurs.

Le bail emphytéotique, la porte de sortie possible ?

Plutôt que de vendre définitivement le Parc des Princes, la Ville pourrait accorder au PSG un bail emphytéotique. Ce type de contrat permet à une personne morale — ici, le club — d’occuper et d’exploiter un bien public pendant une très longue durée (souvent 50 à 99 ans), tout en réalisant des travaux et des investissements comme s’il en était propriétaire.

Voir aussi  Immobilier : une nouvelle loi pour débloquer les successions et libérer des logements vacants

Pour Anne Hidalgo, cette option serait plus acceptable : elle permettrait au PSG de sécuriser son avenir au Parc et d’y investir sans que la Ville cède la propriété du foncier. En clair, un compromis entre valorisation du patrimoine et préservation de l’intérêt public.

Le problème ? Le PSG semble peu emballé. Du point de vue des dirigeants qataris, un bail, aussi long soit-il, ne donne pas assez de garanties pour engager des centaines de millions d’euros de travaux. Ils veulent du plein contrôle — pas un droit d’usage à durée limitée.

Ce blocage illustre bien le cœur du conflit : deux visions inconciliables de la gestion du foncier. L’une publique, patrimoniale, prudente. L’autre privée, ambitieuse, tournée vers la rentabilité.

Ce que cela change pour les supporters (et pour Paris)

La tension est montée d’un cran car ce refus pourrait pousser le PSG à quitter Paris. Le club a déjà évoqué la possibilité de construire un nouveau stade ailleurs en Île-de-France, voire d’investir dans le Stade de France. Une perspective qui fait grincer des dents : les supporters sont attachés au Parc, et son départ serait un séisme local.

Voir aussi  Les délais de vente et de livraison sont-ils une réelle menace pour le marché immobilier ?

Mais au-delà du foot, c’est l’avenir d’un site emblématique de la capitale qui se joue. Un départ du PSG laisserait un vide dans le 16e arrondissement, aussi bien en termes économiques que d’attractivité. Pour la mairie, ce risque vaut mieux que de céder un morceau du patrimoine parisien.

Hidalgo défend une vision politique du foncier

En refusant la vente, Anne Hidalgo envoie un message clair : tout n’est pas à vendre, même à prix d’or. Elle insiste sur un principe de non-cession du foncier public, qui dépasse le cadre du sport. C’est une position cohérente avec sa vision de la ville, où les biens communs doivent rester entre les mains des citoyens, pas d’intérêts privés.

Elle reconnaît que la relation avec le PSG s’est tendue, mais assume ce choix « réfléchi, ferme et définitif ». Une manière aussi de se démarquer politiquement à l’approche des prochaines élections municipales.

Et maintenant, quel avenir pour le Parc et le PSG ?

Le PSG pourrait bien tourner la page du Parc des Princes. Plusieurs scénarios circulent : rachat du Stade de France, construction d’un stade ex nihilo en banlieue… Mais aucun ne sera sans conséquences. Pour Paris, c’est peut-être la fin d’une ère. Pour les supporters, c’est un crève-cœur. Et pour le débat sur le foncier public, c’est un cas d’école qui pourrait faire jurisprudence dans d’autres villes françaises.