À Paris, les toits deviennent la nouvelle frontière de l’immobilier. Avec la crise du logement qui s’intensifie, la Ville Lumière se tourne vers le ciel pour offrir de nouvelles perspectives de vie. Découvrez comment la surélévation des bâtiments a la capacité de répondre aux besoins croissants de logements. Au sommaire :
Le boom de la construction en hauteur
C’est officiel, la Ville de Paris envisage de construire 500 logements supplémentaires par an sur les toits, une réponse à la crise du logement. Jacques Baudrier, adjoint à la maire de Paris, explique que c’est bien l’ambition de Paris de recourir de plus en plus à ce genre de pratique :
Nous fixons comme objectif de construire 500 logements en surélévation par an, sur le total de 2 800 logements à construire chaque année.
Des entreprises telles que UpFactor connaissent un succès croissant dans la construction de surélévations, avec une demande en forte hausse ces derniers mois. Didier Mignery, architecte et fondateur de UpFactor, déclare que la demande concernant ce type de travaux est de plus en plus accrue :
Nous avons un à deux appels de copropriétés intéressées par jour. Fin février, nous avions déjà fait notre chiffre d’affaires de l’année dernière !
Les politiques locales encouragent cette initiative, favorisant la surélévation des immeubles pour augmenter l’offre de logements. De plus, nous apprenons que l’enquête publique dans le cadre du plan local d’urbanisme (PLU) de Paris est favorable à la surélévation des immeubles, il n’y a donc rien qui empêcherait d’aller plus en hauteur que les constructions neuves actuelles ! Le Premier ministre, Gabriel Attal, évoque même la construction verticale dans toutes les grandes villes de France dès 2025, faisant écho aux mesures annoncées lors de son discours à Villejuif. Les bailleurs sociaux comme HSF (Habitat social français) s’impliquent également dans ces projets, contribuant ainsi à l’augmentation de l’offre de logements abordables. Pour Stanislas Degroote, directeur général d’HSF, l’avantage financier est indéniable :
L’avantage est notamment le coût avec une construction estimée à 3 400 euros par mètre carré, presque trois fois moins que si l’on avait dû construire du neuf et acheter une parcelle. Nous en profitons pour améliorer les parties communes et réaliser une rénovation thermique.
En conséquence, ces projets de surélévation, via la manne financière des nouveaux appartements créés, sont également des opportunités de pouvoir injecter des fonds dans l’amélioration du DPE de logements sociaux et faire d’une pierre deux coups.
10% des immeubles parisiens éligibles
Problème : les contraintes techniques, telles que l’installation d’ascenseurs, la solidité des fondations et la rénovation énergétique des bâtiments existants, peuvent rendre certains bâtiments inéligibles à la surélévation. Il est ainsi estimé qu’en théorie seuls environ 10% des immeubles parisiens sont éligibles à la surélévation, en raison de ces contraintes structurelles et réglementaires [source : leparisien.fr]. Cela étant, des techniques innovantes comme la construction en bois permettent d’accélérer les projets de surélévation tout en réduisant les nuisances sonores et les émissions de CO2. La directrice de Kiwood, entreprise spécialisée dans la construction en bois, souligne d’ailleurs ce genre de technique :
Notre chiffre d’affaires a doublé entre 2021 et 2022. C’est deux fois moins lourd que le béton et cela s’emboîte sans suivre le plan, juste avec un maillet, donc ce sont des travaux moins bruyants qu’un marteau-piqueur et une bétonnière.
Que ce soit grâce au matériau utilisé ou grâce à la technique en elle-même, la capacité à produire des étages supplémentaires à moindre coût est donc avérée.
L’essor des « gratte-ciel » parisiens ?
Ainsi, la construction sur les toits offre une solution innovante à la crise du logement à Paris, avec un potentiel de création de milliers de nouveaux logements d’ici à 2035. L’exploitation des toits de Paris pour la construction de nouveaux logements représente une « mini révolution » dans le secteur immobilier. Avec le soutien des politiques locales et l’engagement des acteurs du secteur, cette initiative offre un nouvel espoir pour répondre à la crise du logement et façonner l’avenir urbain de la capitale française.