Des milliers de manifestants se sont rassemblés à Berlin, mais aussi à Cologne, Munich, etc. , pour protester contre les spéculateurs immobiliers et la flambée des loyers. Ils se sont réunis sur l’Alexanderplatz, noire de monde, avant de rejoindre Kreuzberg, l’un des quartiers de Berlin dans lesquels la gentrification et la spéculation entraînent une augmentation des loyers sans précédents.
Lutter contre la démolition des immeubles encore habitables
C’est l’un des slogans lancés par les quelques 6 000 manifestants berlinois : « Pas de démolition d’immeubles habitables. » L’objectif de ces « requins de l’immobiliers » est en effet de racheter ces immeubles encore habitables à bas prix pour en faire des immeubles bourgeois hors de prix. Autre slogan vu samedi : » Surprise ! le marché ne se régule pas de lui-même ». Les organisateurs de la manifestation ont également lancé une pétition en vue de la planification d’une consultation locale pour que la municipalité de Berlin exproprie les groupes immobiliers qui détiendraient plus de 3 000 appartements.
Les prix de Berlin à la hauteur des prix des capitales européennes
Certaines de ces sociétés, comme Vonovia ou Deutsche Wohnen, ont en effet exploité des prix berlinois en dessous du marché des capitales européennes pour s’emparer d’au moins 3 000 logements et les louer au tarif appliqué dans ces métropoles, entraînant un doublement du prix des loyers berlinois depuis 2010. Rien d’étonnant à cette hausse des prix, qui est en fait soutenue par la notoriété des métropoles européennes. Que ce soit à Londres, à Paris, ou à Bruxelles, les Européens fortunés rachètent des immeubles pour s’y installer. Cette gentrification contribue largement à la pénurie d’appartements à des prix abordables et les jeunes et les personnes aux revenus plus modestes ont de plus en plus de mal à se loger en centre-ville dans des quartiers où la proximité du mur avait maintenu les loyers bas.
Une solution municipale pour faire baisser les loyers
La municipalité de Berlin, formée d’une coalition des Verts, de la Gauche et de l’Extrême-Gauche, réfléchit à une solution qui consisterait à racheter ces immeubles. Cette solution permettrait en effet de limiter la hausse des loyers. Malheureusement, le budget de la ville n’est pas au plus haut et elle devra trouver les financements pour le faire. Ce serait pourtant une façon de « re-collectiviser » des logements que la municipalité avait vendus en 2013, déclenchant la course à la spéculation. Les milliers de manifestants berlinois sont optimistes. Ils considèrent que les rassemblements comme celui de samedi sont efficaces et pourraient porter leurs fruits dans un avenir proche. Il faut dire que certains Berlinois, encore logés en ville, ne peuvent plus payer leur loyer. C’est le cas de Rolanda qui, à bientôt 70 ans, a été contrainte de trouver un job pour compléter sa retraite, qui ne suffisait plus à payer son loyer.
