Les zones à faibles émissions (ZFE) se multiplient en Europe et commencent à produire des effets tangibles sur la qualité de l’air. De Londres à Paris, en passant par Milan ou Bruxelles, ces restrictions de circulation ont un impact réel, mais soulèvent aussi des critiques. Focus sur ce dispositif en pleine expansion.
Un outil efficace pour assainir l’air urbain
Mise en place pour limiter la pollution automobile, la ZFE repose sur un principe simple : restreindre l’accès aux centres-villes aux véhicules les plus polluants. Ce levier commence à porter ses fruits.
À Londres, depuis le lancement de sa ZFE en 2019, les concentrations de dioxyde d’azote ont chuté de 44 %. En Allemagne, Munich et Berlin enregistrent également une baisse de 15 % des particules fines PM10. Autant de chiffres qui confortent l’utilité du dispositif pour la santé publique.
Des règles différentes selon les pays
Si le principe reste le même, son application varie largement d’une ville à l’autre.
À Bruxelles, les voitures diesel d’avant 2011 et les moteurs essence immatriculés avant 1997 sont interdits. Les contrevenants risquent une amende de 350 euros. Amsterdam a choisi une ligne plus stricte encore, excluant les diesels antérieurs à 2006 dans tout son centre-ville. Quant à Londres, sa ZFE ultra étendue s’accompagne d’une taxe quotidienne de 12,5 livres (environ 14,80 €) pour les véhicules trop polluants.
Où en est-on en Europe ? Les chiffres à retenir
Aujourd’hui, plus de 325 zones à faibles émissions sont recensées dans toute l’Europe. Le phénomène s’étend rapidement, avec une couverture particulièrement dense dans certains pays :
- Italie détient le record avec plus de 170 ZFE, notamment à Milan, Turin, Bologne ou Florence.
- Allemagne compte environ 80 ZFE, dont les plus connues sont celles de Berlin, Munich ou Hambourg.
- Pays-Bas et Belgique ont mis en place des règles strictes dans les principales métropoles, souvent étendues aux poids lourds et véhicules utilitaires.
- Royaume-Uni dispose d’une des zones les plus vastes au monde à Londres, avec un contrôle automatisé et des sanctions quotidiennes.
Les résultats sont significatifs :
- Londres : depuis l’instauration de sa ZFE en 2019, les concentrations de dioxyde d’azote (NO₂) ont chuté de 44 %.
- Madrid : la mise en place de sa zone de basses émissions a entraîné une réduction de 32 % des concentrations de NO₂.
- Île-de-France : entre 2014 et 2024, les concentrations de dioxyde d’azote ont baissé en moyenne de 45 %, et celles de particules fines PM2,5 de 35 %.
Ces données illustrent l’efficacité des ZFE dans l’amélioration de la qualité de l’air urbain.
Ces chiffres montrent que les ZFE sont devenues un outil majeur de politique environnementale pour les villes européennes, même si leur développement reste très hétérogène d’un pays à l’autre.
En France, une mise en œuvre progressive
La loi Climat et Résilience prévoit que toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants soient équipées d’une ZFE d’ici la fin 2025.
Dans les faits, seules Paris et Lyon devront interdire les véhicules Crit’Air 3 à partir de janvier prochain. Marseille, Strasbourg, Rouen ou encore Toulouse ont obtenu un sursis grâce à une amélioration de leurs indicateurs de qualité de l’air.
Ce calendrier allégé ne remet pas en cause la dynamique nationale, mais il montre que la généralisation des ZFE reste complexe à appliquer partout de la même manière.
Un dispositif qui interroge sur le plan social
Si leur efficacité sanitaire est largement reconnue, les ZFE n’échappent pas à la critique. De plus en plus de voix dénoncent une mesure socialement injuste, qui pénaliserait les ménages modestes, souvent contraints de rouler avec de vieux véhicules. Certaines municipalités évoquent une forme d’« écologie punitive » et demandent des ajustements, voire des suspensions temporaires.
Les débats sont vifs, entre urgence climatique et justice sociale, et ils façonneront probablement les prochaines décisions des pouvoirs publics sur le sujet.