Réforme du DPE : ce qui change pour les logements chauffés à l’électricité en 2026

Par Micheal Moulis le 31 juillet 2025 à 18:00

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Réforme du DPE : ce qui change pour les logements chauffés à l’électricité en 2026

La modification tant attendue du Diagnostic de performance énergétique (DPE) s’annonce pour janvier 2026. Cette évolution cible un point particulièrement sensible : les logements utilisant l’électricité comme source principale de chauffage. L’annonce a fait réagir tout le secteur immobilier, car elle promet de reclasser près de 850 000 logements, jusqu’ici considérés comme passoires thermiques. Pourquoi ce changement intervient-il et quelles seront ses conséquences sur le marché locatif ainsi que sur la transition énergétique ? Voici un décryptage d’un dispositif qui se place au cœur des enjeux écologiques et économiques du logement en France.

Pourquoi le DPE pénalisait-il l’électricité jusqu’à présent ?

Le calcul du DPE reposait sur un coefficient de conversion appliqué à l’électricité, fixé depuis des années à 2,3.

Ce mode de calcul reléguait injustement les logements électriques dans des classes énergétiques basses comme F ou G.

Un tel classement avait des conséquences lourdes : il exposait les propriétaires à des travaux obligatoires ou à des restrictions de mise en location, selon les échéances réglementaires.

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Cette méthode favorisait donc indirectement le gaz ou le fioul, alors que l’électricité française est majoritairement bas carbone.

Ce paradoxe était souvent dénoncé par les associations, les fédérations immobilières, mais aussi plusieurs responsables politiques, qui réclamaient une prise en compte plus juste de la réalité énergétique française.

  • Coefficient appliqué inégalement entre énergies
  • Sous-valorisation de l’électricité bas carbone
  • Conséquences juridiques et financières pour les bailleurs

Quelles sont les modifications prévues avec la nouvelle formule du DPE ?

À compter du 1er janvier 2026, le fameux coefficient électrique passera de 2,3 à 1,9.

Ce réajustement vise à mieux refléter la réalité environnementale, en mettant enfin sur un pied d’égalité les logements chauffés à l’électricité et ceux fonctionnant avec d’autres énergies.

Concrètement, cela signifie que ces habitations bénéficieront d’une meilleure étiquette sur leur nouveau DPE, sans avoir à réaliser de travaux supplémentaires.

Cette actualisation a pour objectif de corriger « une inégalité flagrante », selon de nombreux acteurs institutionnels.

Elle allège la pression pesant sur beaucoup de propriétaires et rapproche le diagnostic de la stratégie nationale de décarbonation du secteur résidentiel.

Pour le parc existant, cette mesure devrait permettre à certains biens de sortir massivement du statut de passoire thermique.

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Impact attendu sur les logements classés F et G

On estime qu’environ 850 000 logements principalement chauffés à l’électricité quitteront la catégorie des passoires énergétiques après la mise à jour du DPE.

Les changements concernent surtout les biens jusque-là classés F, qui passeront en classe E.

Cela représente un gain significatif, notamment en termes de valorisation immobilière et de stabilité sur le marché locatif.

Cependant, la proportion exacte de logements bénéficiant d’une nouvelle labellisation reste mesurée.

Selon certaines études, plus de la moitié des diagnostics conservera la même étiquette, et aucun logement ne gagnera plus d’une seule classe grâce à cette évolution de calcul.

Retombées économiques et psychologiques pour les propriétaires

Pour de nombreux bailleurs, c’est un véritable soulagement. La menace de voir leur bien gelé ou soumis à de lourdes contraintes légales recule sensiblement.

Sur les marchés tendus, où chaque appartement compte, cette correction pourrait permettre de débloquer de nouvelles mises en location et redonner confiance aux investisseurs hésitants.

Toutefois, certains professionnels de la rénovation énergétique regrettent une adaptation jugée trop politique et pas assez ambitieuse.

Ils s’interrogent sur la portée réelle de la réforme face à la lutte contre le gaspillage énergétique, soulignant la nécessité de poursuivre les efforts de rénovation profonde des bâtiments anciens.

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Réactions contrastées et enjeux écologiques liés à cette réforme

Si la décision réjouit de nombreux propriétaires et dynamise le marché locatif, elle suscite aussi des réserves chez les défenseurs d’une politique écologique rigoureuse.

Certains craignent un simple déplacement du problème : améliorer artificiellement le classement des logements sans agir sur leur performance réelle.

Pour d’autres, remplacer une énergie fossile par de l’électricité issue d’un mix décarboné constitue indéniablement une avancée vers la neutralité carbone.

Cette modification rattache le DPE à une vision plus actuelle des atouts de l’électricité française, dont près de 90 % provient de sources non carbonées.

  • Rééquilibrage entre énergies fossiles et renouvelables
  • Alignement du DPE avec les objectifs climatiques français

Ce que cette transformation change concrètement pour les ménages

Disposer d’un logement mieux noté sur le DPE offre de multiples avantages.

Les propriétaires peuvent continuer à louer leur bien sans subir d’investissements parfois importants en rénovation, tandis qu’une meilleure classe augmente souvent la valeur vénale lors d’une future vente.

Pour les locataires, cela peut signifier un meilleur confort hivernal, même si le montant de la facture d’électricité dépendra toujours de l’isolation effective et des usages quotidiens.

Il s’agit donc d’une réforme progressive : elle vient renforcer l’équité du système sans décourager ceux qui misaient déjà sur la rénovation, tout en redonnant espoir à celles et ceux qui étaient injustement sanctionnés par un coefficient désormais jugé obsolète.