La crise du secteur immobilier, particulièrement celui de la construction, prend de l’ampleur en France. Les professionnels constatent une baisse significative de l’activité et anticipent des difficultés accrues pour les années à venir, en l’absence de mesures de soutien appropriées.
Une activité en déclin continu
Les entreprises du bâtiment ont vu leur activité chuter de 6,6 % en 2024. Ce recul s’explique par plusieurs facteurs, notamment un frein marqué aux constructions neuves, surtout dans le logement.
Cette situation est aggravée par l’augmentation des coûts de construction et des taux d’intérêt élevés, amenuisant la capacité financière des ménages à investir dans l’immobilier.
L’impact sur l’emploi
Le fort ralentissement de l’activité a déjà commencé à se répercuter sur l’emploi dans le secteur.
En 2024, on estime que 30 000 emplois ont été supprimés, et selon la Fédération Française du Bâtiment (FFB), ce chiffre pourrait grimper à 100 000 en 2025 si aucune initiative n’est prise pour relancer le secteur.
La prévision initiale de 150 000 suppressions d’emplois d’ici 2025 pourrait même être dépassée en 2026.
Des signaux alarmants
Entre septembre 2023 et octobre 2024, plus de 14 200 entreprises de construction ont cessé leurs activités, marquant une hausse de 28,4 % par rapport à l’année précédente.
Ce phénomène souligne l’urgence de trouver des solutions pour stabiliser le marché et préserver le tissu entrepreneurial.
Réponse insuffisante des politiques publiques
Les tentatives pour soutenir le secteur n’ont pas apporté les résultats escomptés. Le projet de budget 2025 proposait plusieurs mesures intéressantes, telles que l’élargissement du prêt à taux zéro, la limitation des prélèvements sur les bailleurs sociaux, ainsi que des crédits pour la rénovation énergétique. Cependant, ces propositions restent gelées suite à la censure gouvernementale, mettant en péril leur mise en œuvre.
Des initiatives à renforcer
Malgré les efforts réalisés pour promouvoir l’amélioration et l’entretien des infrastructures, ceux-ci ne progressent que modestement (+1,2 % en 2024).
Les aides dédiées à la rénovation énergétique ne suffisent pas non plus à contrebalancer le déclin observé dans les nouvelles constructions.
Une planification rigoureuse et des incitations fiscales robustes sont nécessaires pour générer une réelle impulsion dans le secteur immobilier.
- Prorogation des impôts et crédits d’impôts arrivant à échéance
- Exonération fiscale et sociale des pourboires
- Indexation du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation
- Extension du prêt à taux zéro
- Soutien spécifique aux agriculteurs
Recommandations pour assurer la reprise
Pour sortir de cette impasse, plusieurs actions concrètes peuvent être envisagées :
Renforcer le financement des projets immobiliers
Un renforcement des dispositifs de financement, comme l’élargissement du prêt à taux zéro ou la création de nouveaux crédits d’impôts spéciaux pour les primo-accédants, pourrait encourager davantage de ménages à investir dans l’immobilier neuf.
De tels outils amélioreront non seulement la demande mais revitaliseront aussi la production des entreprises du bâtiment.
Stimuler la rénovation énergétique
Soutenir et étendre les programmes de rénovation énergétique joue également un rôle crucial.
Ces projets favorisent non seulement l‘amélioration des logements existants mais génèrent également une activité continue pour les entreprises spécialisées dans ces travaux.
Assurer un cadre législatif et réglementaire cohérent et pérenne
Il est vital de créer un cadre législatif stable et prévisible pour les acteurs du secteur immobilier. L’incertitude réglementaire entrave souvent les investissements. Un engagement clair et durable de la part des pouvoirs publics permettra aux entreprises de planifier avec confiance à long terme.
Face à des défis persistants, le secteur immobilier et du bâtiment nécessite des mesures fortes et efficaces pour éviter une récession prolongée. L’engagement des autorités pour favoriser un climat propice à l’investissement, doublé de politiques fiscales avantageuses et de soutiens ciblés, apparaît comme indispensable pour relancer définitivement cette industrie clé de l’économie française.
Maintenir et développer l’emploi dans ce domaine reste une priorité absolue afin de sauvegarder non seulement le secteur économique, mais aussi le tissu social lourdement dépendant des dynamiques résidentielles.