Comment les promoteurs ont perdu 40 % de ventes en 2 ans (et pourquoi 2025 ne s’annonce pas mieux)

Par Micheal Moulis le 01 avril 2025 à 08:00
Mis à jour le 24 avril 2025 à 12:11

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Comment les promoteurs ont perdu 40 % de ventes en 2 ans (et pourquoi 2025 ne s’annonce pas mieux)

L’année 2024 a été particulièrement difficile pour le marché immobilier en France. Avec seulement 59 000 logements neufs mis en vente par les promoteurs, l’industrie fait face à une régression notable de la production, impactant l’ensemble du secteur.

Une baisse significative de l’offre de logements neufs

En 2024, les acteurs de l’immobilier ont constaté une chute spectaculaire du nombre de logements mis sur le marché. Ce total est non seulement inférieur de 29 % par rapport à l’année précédente, mais représente également une diminution de presque moitié par rapport à 2022. Ces chiffres illustrent clairement une perturbation conséquente du secteur de l’immobilier neuf.

Plusieurs éléments expliquent cette situation. D’une part, l’augmentation des coûts de construction exerce une forte pression sur les marges des promoteurs. D’autre part, des taux d’intérêt élevés freinent les projets d’achat immobilier, dissuadant ainsi certains potentiels acquéreurs, tout en compliquant le financement des nouvelles constructions.

Un recul généralisé des réservations

À travers l’ensemble du pays, les particuliers sont devenus plus prudents quant à la réservation de nouveaux logements. En 2024, environ 67 900 unités ont été réservées, ce qui représente une baisse de 5 % par rapport à 2023. Ce chiffre est aussi près de 40 % inférieur au niveau atteint en 2022, reflet préoccupant des défis actuels du secteur.

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Le quatrième trimestre a encore accentué ces tendances, avec une diminution notable de 25 % des réservations par les institutionnels, y compris les bailleurs sociaux. Cette réticence générale témoigne d’un climat économique tendu où incertitudes et précautions prédominent.

Fluctuation des prix des appartements neufs

Malgré une baisse de l’offre, le prix moyen des appartements neufs a connu une légère hausse au dernier trimestre de 2024, atteignant 4 756 euros le mètre carré. Bien que modeste, cette augmentation souligne la complexité du marché actuel, entre les tensions d’approvisionnement et une demande fluctuante.

Cette hausse de prix pourrait s’accentuer à l’avenir si le marché reprend, entraînant potentiellement des salaires plus élevés nécessaires pour attirer les talents partis et des surenchères sur le foncier. Les observateurs restent donc attentifs à la manière dont ces variables influenceront le marché dans un contexte économique incertain.

Des stocks en attente d’acquéreurs

À la fin de 2024, le stock de logements proposés à la vente était considérable, avec environ 117 472 unités disponibles.

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Cependant, cette offre peine à réduire rapidement compte tenu du faible rythme des réservations. Si la demande revenait à un niveau normal, le marché se retrouverait pourtant confronté à une pénurie relative, accréditant une possible hausse future des prix.

Cette lente absorption du stock souligne un déséquilibre structurel : beaucoup de logements déjà construits restent sans acheteurs alors que la production ne suit pas la cadence d’une demande potentiellement renaissante.

Perspectives d’un espoir timide pour 2025

Les experts de l’immobilier prévoient que les mesures fiscales annoncées dans le budget de 2025 pourraient stimuler le marché. Pourtant, les attentes restent mesurées ; un redressement complet du marché nécessitera du temps et implique plusieurs défis à surmonter, notamment ceux liés aux coûts et aux financements.

L’optimisme prudent prévaut donc chez les acteurs du secteur, convaincus que la régénération du marché prendra au moins deux à trois ans. Tous scrutent néanmoins la mise en œuvre des politiques gouvernementales susceptibles d’amorcer cette reprise.

Défis spécifiques aux grandes zones urbaines

En matière de localisation, les zones fortement urbanisées continuent de tirer la demande. Au cours du dernier trimestre, plus de 50 % des réservations se sont concentrées dans ces régions tendues en termes de disponibilité de logement. Pour les grandes métropoles, elles représentent environ 40 % tant en réservations qu’en mises en vente.

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Le défi pour ces zones demeure d’harmoniser une offre adaptée au pouvoir d’achat des populations locales, tout en intégrant des contraintes économiques et environnementales croissantes. L’équilibre semble délicat, demandant de nouvelles stratégies et collaborations intersectorielles.

Le rôle des autorisations et chantiers en cours

Selon le ministère de l’Aménagement du territoire, quelque 330 400 logements ont reçu l’autorisation de construction en 2024, alors que 263 100 ont véritablement débuté.

Ces chiffres montrent un décalage significatif avec les besoins croissants résumés avant la pandémie mondiale et posent des questions sur l’assiduité et l’efficacité des chantiers entamés.

Ainsi, trouver des solutions pour booster non seulement le lancement mais aussi le suivi rigoureux des projets de construction apparaît critique afin de répondre efficacement à la demande urgente de logements.

Saisir les opportunités malgré les difficultés

Dans un contexte marqué par de telles fluctuations, il reste vital pour les acteurs du secteur immobilier de rester proactifs. Qu’il s’agisse d’explorer des formes novatrices de partenariat, d’investir dans des technologies vertes ou de revoir leurs stratégies commerciales, chacun doit aligner ses efforts avec une vision à long terme favorisant la viabilité et l’innovation.

Tandis que l’incertitude persiste, ces difficultés peuvent bel et bien devenir des leviers de croissance durable. Gardons à l’esprit que chaque crise livre aussi ses propres opportunités, prêtes à être saisies par ceux capables de les identifier.