Budget 2026 : la fin des APL pour les étudiants étrangers hors UE ?

Par Micheal Moulis le 25 octobre 2025 à 16:45

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Le projet de budget 2026 pourrait exclure les étudiants étrangers hors UE des APL. Qu’impliquerait cette suppression pour votre logement et vos études ? Voici l’essentiel pour comprendre l’enjeu, ses conséquences possibles et les options à envisager dès maintenant.

Pourquoi le budget 2026 remet en cause les APL pour les étudiants étrangers

L’article 67 du projet de loi de finances expliqué simplement

Le projet de loi de finances 2026 intègre une disposition clé : article 67. Son objectif affiché est de réduire la dépense d’aides au logement en restreignant l’accès aux APL. Concrètement, la mesure exclurait une partie des étudiants non ressortissants de l’Union européenne.

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Dans les faits, l’exclusion viserait les étudiants internationaux ne bénéficiant pas d’une bourse publique française. Le gouvernement avance un besoin d’économies, évoqué autour de plusieurs centaines de millions d’euros. Le texte reste débattu et devra être voté pour entrer en vigueur.

Qui sont les étudiants concernés par la mesure ?

Les principaux concernés seraient les étudiants extra-européens non boursiers. Or, ils constituent l’immense majorité des étudiants internationaux en France ; seule une petite fraction perçoit une bourse sur critères sociaux.

L’impact budgétaire individuel est notable : la perte des APL représente souvent 100 à 250 € par mois selon la localisation et le loyer. À Paris et dans les grandes métropoles, l’effet de seuil peut compromettre la signature ou le renouvellement d’un bail.

À court terme, l’enjeu porte sur la capacité à se loger près du campus et à couvrir les charges courantes. À moyen terme, la mesure pourrait modifier les flux d’inscriptions internationales si elle est adoptée en l’état.

Quelles conséquences concrètes sur la vie des étudiants étrangers

Une précarité déjà multiple (financière, administrative, sociale)

Les associations étudiantes soulignent que cette suppression s’ajouterait à une précarité déjà forte. Beaucoup d’étudiants étrangers doivent jongler entre les démarches administratives complexes, des frais d’inscription élevés et un coût de la vie en hausse.

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Depuis 2019, les frais d’inscription pour les étudiants extra-européens ont été multipliés par seize, limitant l’accès à l’enseignement supérieur public. Sans APL, certains risqueraient d’abandonner leurs études ou de tomber dans une spirale de dettes.

À cette fragilité économique s’ajoute l’isolement social et linguistique. De nombreux jeunes se retrouvent dans des logements insalubres ou partagés à plusieurs faute de moyens suffisants. Les associations craignent une explosion des situations de mal-logement.

Les réactions des syndicats et associations étudiantes

Plusieurs organisations, comme la FAGE ou l’UNEF, dénoncent une « triple précarité » qui s’intensifie : administrative, pédagogique et financière. Elles estiment que la mesure vise injustement des étudiants déjà fragilisés par la crise du logement.

La Ligue des droits de l’Homme évoque un « acharnement politique » envers des jeunes qui contribuent pourtant à la vitalité des universités françaises. Pour beaucoup, cette décision est perçue comme une remise en cause du principe d’égalité d’accès à l’éducation.

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Selon leurs calculs, cette suppression pourrait toucher près de 300 000 étudiants et menacer la diversité des campus français.

Quels scénarios possibles avant le vote final du budget

Les débats parlementaires à venir

Le projet de loi n’est pas encore définitif. Les parlementaires disposent de plusieurs semaines pour examiner, amender ou rejeter l’article 67. Plusieurs députés de la majorité ont déjà exprimé leur gêne face à une mesure jugée trop brutale pour les étudiants étrangers.

Les syndicats prévoient d’interpeller le gouvernement pendant la session budgétaire. Des manifestations pourraient accompagner les débats, notamment devant les universités franciliennes. Les élus locaux, confrontés à la crise du logement étudiant, sont eux aussi appelés à se positionner.

Le sort de la mesure dépendra donc du rapport de force politique entre les partisans de la rigueur budgétaire et ceux d’un maintien de l’aide au logement pour tous les étudiants.

Quelles alternatives pour les étudiants étrangers exclus des APL

En cas d’adoption du texte, les associations recommandent d’explorer d’autres formes d’aide. Certaines collectivités proposent déjà des allocations logement locales ou des partenariats avec des bailleurs sociaux.

Les universités pourraient renforcer leurs fonds de solidarité, tandis que les CROUS seraient incités à réserver plus de places aux étudiants internationaux en difficulté. D’autres pistes, comme les bourses des ambassades ou les aides d’organismes privés, pourraient également compenser partiellement la perte.

Si la mesure entre en vigueur, son application concrète fera l’objet d’un suivi étroit par les associations étudiantes et les observatoires du logement. Leur objectif : éviter que cette réforme n’aggrave la fracture entre étudiants français et étrangers.