Vous avez donné congé à votre locataire pour vendre ? L’erreur qui peut vous coûter trois ans de bail

Par Baptiste BIALEK le 14 décembre 2025 à 19:45

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Vous avez donné congé à votre locataire pour vendre ? L’erreur qui peut vous coûter trois ans de bail

Donner congé à un locataire pour vendre un logement est une décision importante, souvent mûrement réfléchie. Mais il arrive qu’un projet immobilier évolue, qu’un financement change ou qu’une opportunité disparaisse. Peut-on alors revenir sur un congé déjà délivré ? Contrairement à ce que beaucoup de propriétaires imaginent, la loi encadre strictement cette situation. Aucun droit de rétractation n’est prévu, et toute marche arrière nécessite l’accord explicite du locataire. Avant d’entamer une démarche ou de modifier votre projet de vente, il est donc essentiel de comprendre les règles actuelles et les conséquences possibles.

Changer d’avis après un congé pour vente : est-ce légal ?

Une fois le congé pour vente transmis au locataire, il devient immédiatement effectif. La loi ne prévoit aucun délai de rétractation pour le bailleur, contrairement à d’autres démarches immobilières où un retour en arrière reste possible. Dès que le courrier recommandé ou l’acte d’huissier a été remis, la procédure suit son cours jusqu’à la fin du bail. Beaucoup de propriétaires pensent à tort qu’il est possible d’annuler ce congé comme on annule une offre de vente, mais ce n’est pas le cas : juridiquement, le bailleur est engagé.

Cette absence de droit de retrait vise à sécuriser la position du locataire, qui doit pouvoir anticiper son départ et organiser sa recherche de logement. En pratique, cela signifie qu’un changement de projet, une difficulté financière ou une évolution de marché ne suffisent pas à invalider le congé déjà envoyé. Seule une solution existe si vous souhaitez revenir en arrière : trouver un accord avec votre locataire.

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Dans quels cas peut-on annuler un congé donné au locataire ?

Revenir sur un congé déjà donné n’est possible qu’à une seule condition : obtenir l’accord explicite du locataire. La loi ne permet aucune annulation unilatérale, même si la décision initiale de vendre n’a plus lieu d’être. Parmi les situations fréquentes, on retrouve des ventes qui ne se concrétisent pas, des projets personnels qui évoluent ou encore un changement de situation professionnelle du propriétaire. Dans tous les cas, si le locataire refuse, le congé reste valable jusqu’à son terme.

Lorsque le locataire accepte l’annulation, il est essentiel d’obtenir un accord écrit. Ce document, simple mais clair, doit formaliser le maintien dans les lieux et la renonciation au congé initial. Sans cet écrit, la reconduction du bail peut être contestée, et le propriétaire s’expose à des complications juridiques lors de la prochaine échéance.

Conséquence directe : reconduction du bail pendant 3 ans

L’annulation d’un congé pour vente ne se limite pas à laisser le locataire dans le logement. Elle entraîne automatiquement la reconduction du bail pour une durée de trois ans (ou six ans si vous êtes bailleur personne morale). Cette reconduction est identique à celle d’un bail arrivant à échéance classique : mêmes obligations, mêmes loyers sauf révision prévue, et même cadre juridique.

Cette règle surprend souvent les propriétaires, mais elle s’applique systématiquement. Une annulation n’est donc pas un simple retour à la situation précédente : elle engage le bailleur pour plusieurs années supplémentaires. Avant de solliciter l’accord du locataire, il est donc important de mesurer l’impact à long terme de cette reconduction automatique.

Les erreurs fréquentes des propriétaires à éviter

Annuler un congé pour vente semble parfois simple en théorie, mais de nombreux propriétaires commettent des erreurs qui rendent la situation plus complexe qu’elle ne devrait l’être. La plus répandue consiste à croire que le congé fonctionne comme une offre de vente ou un compromis, et qu’il suffirait de “se rétracter” dans un bref délai. Ce n’est pas le cas : une fois envoyé, le congé engage le bailleur jusqu’à son terme.

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Une autre erreur fréquente est de prévenir le locataire oralement ou par un simple message informel, sans document écrit. Or, seule une annulation formalisée par un accord signé protège réellement les deux parties. Sans cela, le congé initial reste juridiquement valide, même si les échanges laissaient entendre un maintien dans les lieux.

Enfin, certains bailleurs tentent de revenir sur leur décision après l’échéance ou après une réorganisation du calendrier de vente. Une telle démarche n’est pas opposable au locataire : si les délais ne sont pas respectés, le congé demeure effectif, et toute contestation peut se retourner contre le propriétaire. Respecter strictement les formes et les échéances légales est donc indispensable.

Rappel légal : les seuls motifs valables pour donner congé

Donner congé à un locataire n’est possible qu’à l’échéance du bail et uniquement pour l’un des motifs prévus par la loi. Ce cadre strict vise à protéger les occupants contre des congés abusifs ou imprévisibles. Le premier motif est la vente du logement : le propriétaire peut décider de mettre le bien sur le marché à condition de respecter un préavis de six mois et d’informer le locataire dans les formes légales. Dans ce cas, le locataire bénéficie d’un droit de préemption, sauf exceptions.

Le deuxième motif concerne la reprise du logement pour en faire sa résidence principale ou celle d’un membre de sa famille proche. Cette reprise doit être réelle, sérieuse et effective, et le bailleur doit être en mesure de l’attester. La troisième possibilité est le motif « légitime et sérieux », qui recouvre généralement des manquements du locataire : impayés répétés, troubles avérés, défaut d’assurance ou non-respect du bail.

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En dehors de ces trois cas, aucun congé ne peut être donné légalement. Un propriétaire qui tente de contourner ces règles s’expose à une annulation pure et simple du congé, voire à des sanctions. Cette précision est essentielle, car une annulation de congé mal encadrée peut créer un flou juridique et compromettre le droit du bailleur lors de la prochaine échéance.

Que faire si le locataire refuse l’annulation ?

Si le locataire ne souhaite pas revenir sur le congé initial, le propriétaire ne peut pas l’y contraindre. Le congé demeure alors pleinement valable jusqu’à son terme, et le locataire est en droit de quitter le logement à la date prévue. Dans ce cas, le bailleur doit se préparer à la remise des clés et à la gestion du bien vide, qu’il s’agisse d’une vente ou d’une nouvelle mise en location. Il est donc essentiel d’anticiper ce scénario et de ne pas compter sur une annulation automatique.

Lorsque le locataire refuse l’annulation mais envisage de partir plus tôt, un accord spécifique peut être trouvé, notamment sous forme de réduction de préavis. Toutefois, ce départ anticipé relève là aussi d’un accord amiable : aucune obligation ne peut être imposée à l’une ou l’autre partie. À défaut d’entente, le locataire conserve la maîtrise de sa date de départ, dans la limite du préavis légal et du congé déjà donné.

Enfin, si le projet de vente n’est plus d’actualité, le propriétaire doit garder en tête qu’il ne pourra délivrer un nouveau congé qu’à la prochaine échéance du bail. En cas de reconduction, cela peut repousser l’opération de plusieurs années. Cette contrainte explique pourquoi il est essentiel de bien mesurer les conséquences d’un congé pour vente avant de l’envoyer, car un simple changement de stratégie ne suffit pas pour revenir en arrière.