Crédit immobilier : l’État autorise votre employeur à payer vos intérêts

Par Baptiste BIALEK le 16 novembre 2025 à 19:45

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Crédit immobilier : l’État autorise votre employeur à payer vos intérêts

Un dispositif oublié pourrait bien transformer l’accès à la propriété en 2025. Un amendement du budget de la Sécurité sociale relance la possibilité pour les entreprises de financer une partie des intérêts d’emprunt immobilier de leurs salariés. Une aide bienvenue alors que les taux dépassent encore les 3 %.

Un dispositif méconnu qui facilite l’achat immobilier

Une aide vieille de cent ans, remise au goût du jour

Créé en 1921 par la Société financière pour l’accession à la propriété (Sofiap), ce dispositif permet aux entreprises de prendre en charge une partie des intérêts d’un prêt immobilier contracté par leurs salariés. Longtemps réservé au secteur public, il a été ouvert au privé en 2022, mais est resté discret faute d’avantages fiscaux clairs.

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La mécanique est simple : l’entreprise verse chaque mois une somme correspondant à une partie des intérêts dus par l’emprunteur. Ce soutien peut atteindre jusqu’à 1 700 € par an en moyenne, selon les estimations de la Sofiap. L’objectif : faciliter l’accès à la propriété pour les jeunes actifs et les ménages modestes.

Comment l’employeur peut payer vos intérêts d’emprunt

Concrètement, la société partenaire du salarié règle directement une fraction des intérêts de son prêt immobilier. En échange, elle bénéficie d’un dispositif encadré, sans incidence sur le contrat de travail. Pour le salarié, cela se traduit par une réduction immédiate du coût global du crédit.

Le versement reste soumis à certaines limites : le montant pris en charge ne peut excéder 8 % du plafond annuel de la Sécurité sociale, soit environ 3 700 € en 2025. Ce soutien est cumulable avec d’autres aides comme le prêt à taux zéro ou le prêt Action Logement.

Pourquoi cette mesure séduit les députés

Un soutien concret pour les primo-accédants

Face à la remontée des taux, les députés souhaitent offrir un coup de pouce aux ménages exclus du marché immobilier. En permettant aux employeurs de participer au remboursement des intérêts, cette mesure soutient directement les primo-accédants sans créer de nouvelle dépense publique.

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Selon le député Lionel Causse, à l’origine de l’amendement, cette aide pourrait financer 12 000 prêts dès la première année et profiter à plus de 170 000 foyers sur huit ans. Un signal fort envoyé aux salariés désireux de devenir propriétaires.

Des exonérations sociales pour encourager les entreprises

Jusqu’ici, le dispositif peinait à décoller à cause de son coût pour l’employeur : les sommes versées étaient considérées comme un avantage en nature, lourdement chargées en cotisations sociales. L’amendement voté à l’Assemblée change la donne.

Désormais, la prise en charge des intérêts d’emprunt serait exonérée de cotisations sociales, sauf CSG, CRDS et forfait social de 20 %. Une évolution qui rend enfin ce mécanisme attractif pour les entreprises et socialement rentable pour leurs salariés.

Quel impact sur le marché immobilier en 2025

Un effet levier attendu sur le crédit et la mobilité

En allégeant le poids du crédit, cette mesure pourrait relancer la demande d’achat, notamment chez les jeunes actifs. Avec des taux encore supérieurs à 3 %, chaque aide compte. Le dispositif pourrait aussi stimuler la mobilité professionnelle, en facilitant l’installation des salariés près de leur lieu de travail.

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Les acteurs du logement y voient un levier complémentaire aux politiques publiques existantes, comme le prêt à taux zéro. En associant les entreprises à l’effort d’accession, le marché se dote d’un nouvel outil pour fluidifier la circulation des ménages.

Les prochaines étapes avant la promulgation

Adopté par l’Assemblée nationale, l’amendement doit encore franchir l’étape du Sénat avant d’être intégré définitivement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. Le gouvernement reste prudent, évoquant une possible “niche sociale”.

Si la mesure est confirmée, elle pourrait entrer en vigueur dès 2025, avec un suivi confié à la Sofiap. Une avancée symbolique pour le pouvoir d’achat des ménages et une reconnaissance du rôle des employeurs dans la politique du logement.