Les taux d’intérêt proposés aux emprunteurs immobiliers sont de plus en plus bas. Ils continuent de descendre et atteignent des niveaux historiquement bas. Cette « bonne nouvelle » pourrait bien avoir un revers pour les seniors et autres emprunteurs » à risque » et pour le marché immobilier lui-même.
Des taux qui continuent de baisser
Une banque sur quatre propose des taux d’intérêt entre 1,3 et 1,5 % et certaines proposent même des taux inférieurs, entre 1,1 et 1,3 %. Le taux moyen affiché pour un prêt sur 20 ans est établi à 1,55 %. Avec de tels taux, il est désormais possible d’obtenir un prêt immobilier de 206 000 € pour un remboursement mensuel de 1 000 €. Il y a 10 ans, le montant du crédit plafonnait à 148 000 € pour une mensualité identique.
Des prix qui augmentent et un pouvoir d’achat immobilier en hausse
Depuis 10 ans, les prix ont fortement grimpé, parallèlement à la baisse des taux d’intérêt immobilier. Pourtant, globalement, le pouvoir d’achat immobilier n’a pas diminué. Avec une iso-mensualité de 1 650 €, il est possible d’acheter 75 mètres carrés de plus qu’il y a 10 ans au Mans ou à Saint-Etienne. Mais ce n’est pas le cas dans toutes les villes, certaines perdant, au contraire, des mètres carrés :
- – 25 m² à Bordeaux,
- – 15 m² à Lyon,
- – 9 m² à Srasbourg,
- – 7 m² à Rennes.
Avec une iso-mensualité de 990 €, la différence sur 10 ans est moindre, mais elle est quand même là :
- + 48 m² au Mans et à Saint-Etienne,
- – 14 m² à Bordeaux et -9 m² à Lyon.
Une nouvelle plutôt mitigée
Si la baisse des taux d’intérêt paraît être une bonne nouvelle, à bien y regarder, ce n’est peut-être pas le cas pour tous les emprunteurs. En effet, le taux d’usure, parallèlement, continue de diminuer et s’établit, lui aussi à un niveau très bas. Or un taux d’usure bas débouche sur des refus de plus en plus fréquents de crédits immobiliers d’un montant faible ou sur des durées courtes. Ce sont les seniors qui ont à en pâtir, obligés de réaliser des emprunts sur des délais plus longs, voire rejetés à cause du taux élevé des assurances emprunteurs. En souffrent également les ménages aux revenus modestes, qui peuvent bénéficier des prêts aidés, qui impliquent une diminution de la durée du prêt immobilier principal. Ils seront sans doute amenés à renoncer aux prêts aidés pour pouvoir obtenir un crédit immobilier classique, à un taux plutôt bas. Au final, la baisse continue des taux d’intérêt n’est pas une si bonne nouvelle, laissant derrière elle des exclus du crédit immobilier. Pour prétendre accéder aux crédits à taux bas, il faudra montrer patte blanche, avec un dossier en béton, une situation stable tant professionnellement que familialement, des comptes sains et un bel apport personnel, si possible en épargne.
Pour en savoir plus sur l’impact des taux de crédit très bas
A écouter : le podcast « C’est ma maison » du dimanche 24 mars 2019 de Radio France/Franceinfo où Charlie Cailloux, conseiller juridique pour le site immobilier PAP.fr, nous explique pourquoi un taux d’emprunt très bas n’est pas toujours une bonne nouvelle pour les emprunteurs.
