Réforme du DPE 2026 : nouveaux calculs, nouveaux classements, nouveaux enjeux

Par Cyril KUHM le 28 décembre 2025 à 11:45

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Réforme du DPE 2026 : nouveaux calculs, nouveaux classements, nouveaux enjeux

À compter du 1er janvier 2026, le DPE évolue avec une réforme technique discrète mais aux effets majeurs. En corrigeant un biais de calcul lié à l’électricité, l’État modifie le classement énergétique de nombreux logements, avec des conséquences directes pour les propriétaires, les bailleurs et le marché immobilier.

Pourquoi le DPE change au 1er janvier 2026

Le coefficient d’électricité corrigé

Depuis sa refonte, le DPE intégrait un coefficient de conversion de l’électricité fixé à 2,3, destiné à traduire l’énergie finale en énergie primaire. En pratique, ce choix technique a fortement pénalisé les logements chauffés à l’électricité, pourtant largement décarbonée en France.

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À partir de 2026, ce coefficient passe à 1,9. Un ajustement qui vise à mieux refléter la réalité du mix énergétique français et à corriger une distorsion devenue problématique, tant pour les propriétaires que pour la lisibilité du diagnostic.

Ce changement n’est pas anodin : il modifie mécaniquement la consommation théorique affichée sur le DPE, sans toucher aux caractéristiques physiques du logement.

Une réforme technique plus qu’idéologique

Contrairement à certaines réformes perçues comme politiques, celle-ci repose avant tout sur une logique méthodologique. Il ne s’agit ni d’un cadeau à une filière, ni d’un assouplissement des objectifs climatiques.

L’enjeu est de rendre le DPE plus cohérent, comparable et crédible, en évitant qu’un mode de chauffage soit systématiquement surévalué par rapport à son impact carbone réel.

En ce sens, le DPE 2026 marque une tentative de réconciliation entre réglementation énergétique et données techniques objectives.

Quels impacts concrets pour les propriétaires et le marché

Sortie automatique de centaines de milliers de passoires thermiques

La conséquence la plus visible de la réforme concerne le reclassement énergétique. Selon les estimations, près de 800 000 à 900 000 logements pourraient changer de catégorie, principalement des biens chauffés à l’électricité.

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Des logements jusque-là classés F ou G pourraient ainsi remonter en E, voire en D, sans travaux. Ce reclassement ne résulte pas d’une amélioration du bâti, mais d’un recalcul corrigeant un biais initial.

Pour de nombreux propriétaires, cette évolution permet d’échapper temporairement aux restrictions liées aux passoires thermiques, notamment en matière de mise en location.

Effets sur la location, la vente et la valeur des biens

La réforme redonne de l’oxygène à une partie du parc immobilier bloqué par le calendrier réglementaire. Des biens auparavant gelés à la location peuvent redevenir exploitables, ce qui contribue à fluidifier le marché.

Sur le plan patrimonial, le reclassement limite la décote associée aux mauvaises étiquettes énergétiques et sécurise certaines transactions.

À l’échelle nationale, le DPE 2026 pourrait ainsi atténuer certaines tensions, sans pour autant résoudre la pénurie structurelle de logements.

Ce que la réforme ne change pas sur le fond

Une meilleure note ne signifie pas un logement performant

Le principal risque de la réforme du DPE 2026 réside dans l’interprétation des résultats. Un logement qui gagne une classe énergétique grâce au nouveau calcul n’est pas devenu plus confortable ni moins énergivore.

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Isolation insuffisante, ventilation défaillante ou équipements vieillissants restent inchangés. Le DPE évolue, mais le bâti, lui, demeure identique.

Confondre reclassement réglementaire et performance réelle serait une erreur, tant pour les propriétaires que pour les occupants.

La rénovation énergétique reste incontournable

La réforme allège certaines contraintes à court terme, mais elle ne supprime ni les objectifs climatiques ni la nécessité de rénover massivement le parc résidentiel.

À moyen et long terme, seuls des travaux ciblés permettront de réduire durablement les consommations, d’améliorer le confort et de maîtriser les factures d’énergie.

Le DPE 2026 corrige un biais technique, mais la transition énergétique du logement repose toujours sur des investissements concrets.