Les propositions du gouvernement vont-elles enrayer la crise du crédit immobilier ?

Par Nicolas Augé le 13 février 2024 à 17:23
Mis à jour le 07 mai 2024 à 15:23

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Femme indécise tenant son ordinateur portable

Alors que le marché du crédit immobilier subit des secousses, le gouvernement explore de nouvelles voies de financement, notamment avec les prêts « in fine » et hypothécaires. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, décidemment très actif en ce moment, met sur la table des propositions pour redynamiser un secteur en difficulté. Décryptage des enjeux et des implications pour les futurs emprunteurs. Au sommaire :

Des pistes gouvernementales pour relancer le crédit immobilier

Malgré une légère amélioration en janvier, le marché du crédit immobilier est loin de ses niveaux records. Les derniers chiffres de l’Observatoire CSA – Crédit Logement montrent d’ailleurs une chute significative des prêts octroyés avec une diminution de 40% l’an dernier par rapport à 2022, donc au plus bas depuis 2015. Pour relancer l’octroi de crédits, le gouvernement envisage de favoriser des dispositifs déjà connus, à savoir les prêts «  in fine » et hypothécaires, lesquels représentent déjà une alternative au crédit immobilier classique. En effet, ils permettent potentiellement de différer le remboursement d’une partie du capital, offrant des mensualités plus faibles. Cette approche hybride entre le prêt immobilier traditionnel et les prêts in fine ou hypothécaires ouvrirait de nouvelles perspectives pour les emprunteurs. Les prêts » in fine » et hypothécaires restent peu répandus et ciblent principalement les ménages aisés. Sur le papier, elles pourraient représenter une solution pour certains investisseurs et acquéreurs. Christophe Béchu est d’ailleurs revenu sur le fonctionnement de ces crédits :

Leur principe est simple : vous voulez acheter un bien, vous souscrivez un crédit sur 20 ou 25 ans non pas sur 100% du prix mais sur 80%, que vous remboursez classiquement au fil du temps. Les 20% restants demeurent sous forme d’hypothèque sur lesquels vous ne remboursez que les intérêts et non le capital. Celui-ci ne sera remboursé qu’à la revente.

Les réserves des banques face aux propositions gouvernementales

Le ministre de la Transition écologique a prévu de rencontrer les banques fin février pour discuter des solutions. Mais, ces dernières se montrent réticentes face à ces propositions. En effet, le prêt in fine permet de diffèrer le remboursement du capital à la toute fin du crédit, seuls les intérêts étant remboursés au fil des mois, il y a donc une longue phase où les banques ne perçoivent qu’un montant bien inférieur à ce qui aurait été dû avec un prêt classique. Pour les rassurer, Christophe Béchu suggère de limiter la part du remboursement in fine, donc ce qui est dû sur le capital, à 20 ou 30% maximum [source : lefigaro.fr]. La Fédération bancaire française (FBF) a d’ailleurs réagit concernant la proposition sur les prêts in fine :

En France, les prêts in fine peuvent parfois être opportuns dans certaines opérations patrimoniales ou d’investissement locatif et très rarement en accession à la propriété.

Autre possibilité, le crédit hypothécaire, qui d’après Christophe Béchu « existe déjà en Suisse où ça fonctionne très bien », exige un bien immobilier en garantie. Autrement dit, ce prêt bancaire n’est octroyé qu’en contrepartie d’une hypothèque sur un ou plusieurs biens immobiliers. Mais même son de cloche du côté des banques au travers de sa Fédération bancaire française qui exprime des réserves quant aux crédits hypothécaires. Elle souligne la différence de contexte entre la France et la Suisse.

Voir aussi  Ce facteur méconnu qui bouleverse l'immobilier français en 2025

Des propositions qui ont peu d’espoir d’aboutir ?

Les propositions gouvernementales pour favoriser les prêts en cherchant des solutions dans les crédits «  in fine » et hypothécaires sont louables mais ont été reçues avec de grosses réserves du côté bancaire. Pour résumer, les banques jugent ces types de crédit plus coûteux en intérêt car non amortissable et peu adaptés à l’accession à la propriété en France, sans oublier qu’en cas de revente du bien hypothéqué son prix a pu grandement évoluer. Côté bonne nouvelle, citons le réexamen des dossiers de crédit immobilier refusés pour lesquels les banques se sont engagées à partir de fin février à revoir certains dossiers. Nous attendons donc avec impatience de voir le résultat de cette mesure » deuxième chance » !

La vidéo sur ce sujet

Je vous invite à regarder cette vidéo qui vous explique tout ce qu’il y a à savoir sur un prêt in fine :