Après plusieurs années de ralentissement, le marché immobilier français montre enfin des signes clairs de redressement. Les ventes repartent à la hausse, les taux de crédit se stabilisent et les acheteurs reprennent confiance. Mais cette reprise, encore fragile, pourra-t-elle réellement s’inscrire dans la durée ?
Une reprise confirmée par les chiffres
Des volumes de ventes en hausse partout en France
Les données du troisième trimestre 2025 confirment le redressement du marché immobilier. Les ventes de maisons et d’appartements progressent respectivement de 10,1 % et 8,1 % sur un an. L’Île-de-France tire cette reprise avec +21 % de transactions, suivie par les régions (+15 %) et Paris (+10 %). Ce regain d’activité illustre une confiance retrouvée des acheteurs, après plusieurs années de recul.
Cette tendance traduit aussi une meilleure adaptation du marché aux nouvelles conditions économiques. Les acheteurs acceptent désormais des biens légèrement plus chers, tant que la qualité énergétique et la localisation répondent à leurs attentes. En parallèle, les vendeurs ajustent leurs prix de façon plus réaliste, favorisant ainsi des délais de vente plus courts.
Des taux de crédit enfin stabilisés
Le moteur principal de cette reprise reste le financement. Les taux moyens s’établissent à 3,12 % sur 20 ans selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, un niveau jugé raisonnable par rapport aux années précédentes. Cette stabilisation permet à de nombreux ménages jusque-là exclus du marché de relancer leurs projets.
Les banques, de leur côté, adoptent une politique plus souple en matière de conditions d’octroi, notamment pour les primo-accédants. Cette amélioration des taux, combinée à une offre de biens plus variée, alimente une dynamique positive qui pourrait se prolonger si la situation économique reste stable.
Un marché encore sélectif selon la performance énergétique
Le DPE, critère clé pour les acheteurs
La reprise du marché ne profite pas à tous les biens de la même manière. Les logements affichant un bon DPE (classes A ou B) se vendent plus rapidement et à de meilleurs prix. À l’inverse, les habitations classées F ou G subissent une décote moyenne de 20 %. Les acheteurs, plus attentifs à la performance énergétique, intègrent désormais le coût des travaux dans leur budget global.
Cette évolution traduit une transformation profonde du marché immobilier français. L’efficacité énergétique est devenue un argument de négociation aussi déterminant que l’emplacement ou la surface. Les agences constatent que les annonces mentionnant un bon DPE attirent davantage de visites et se concluent plus vite.
Vers une revalorisation énergétique du parc ancien
Face à cette nouvelle exigence, les propriétaires investissent de plus en plus dans la rénovation énergétique. Isolation, chauffage performant, remplacement des fenêtres : autant de travaux qui permettent de valoriser un bien avant la vente. Cette tendance devrait s’accentuer avec les futures obligations liées à la loi Climat.
À terme, la qualité énergétique pourrait devenir le principal facteur de différenciation entre deux biens similaires. En misant sur la performance, les vendeurs se positionnent mieux sur un marché en pleine mutation, où la durabilité prend le pas sur la simple esthétique.
Offre insuffisante, prix en légère hausse
Une demande soutenue malgré la rareté
Les taux de crédit plus attractifs dopent la demande : le nombre de projets d’achat progresse de 20 % par rapport à 2024. Cette hausse concerne surtout les appartements, plus accessibles que les maisons. Les ménages cherchent à sécuriser leur investissement avant une éventuelle remontée des taux ou des prix, contribuant à une tension accrue sur le marché.
Cette dynamique renforce la concurrence entre acheteurs, notamment dans les zones tendues comme Paris, Lyon ou Bordeaux. Les biens bien situés et bien notés énergétiquement se vendent souvent en quelques semaines, tandis que les autres peinent à trouver preneur. La demande excède désormais l’offre dans la majorité des grandes agglomérations.
La pénurie de logements neufs entretient la tension
La construction neuve reste atone. De nombreux maires refusent de délivrer des permis de construire, surtout en période pré-électorale. Résultat : moins de logements disponibles et des prix qui repartent à la hausse, même de façon modérée (+2,7 % pour les maisons, +4,3 % pour les appartements).
Cette offre insuffisante crée un déséquilibre durable entre vendeurs et acheteurs. Si la tendance se poursuit, la reprise actuelle pourrait rapidement se transformer en nouvelle phase de hausse des prix. Le marché immobilier français, bien qu’en amélioration, reste donc sous tension et dépendra fortement des politiques locales et du crédit en 2026.