Réforme DPE 2025 : ce qui va changer pour les propriétaires de passoires thermiques

Par Cyril KUHM le 21 août 2025 à 12:00

... lectures - Temps de lecture : 7 min

Réforme DPE 2025 : ce qui va changer pour les propriétaires de passoires thermiques

Vous êtes propriétaire d’un logement classé F ou G et vous vous demandez si la “réforme du DPE 2025” change la donne pour votre location ? Voici un point clair et concret pour comprendre l’objectif du nouveau diagnostic, ce qui évolue par rapport à la version actuelle, et ce que cela implique pour vos décisions à court terme. Objectif : éviter les erreurs de classement, mieux refléter la réalité des consommations et sécuriser vos choix de travaux.

Qu’est-ce que la réforme du DPE 2025

Objectif du nouveau diagnostic

La réforme vise d’abord à fiabiliser le classement énergétique des logements. Elle corrige des biais identifiés sur certains biens (notamment les petites surfaces et configurations particulières), afin que l’étiquette DPE reflète mieux la performance réelle plutôt qu’un calcul théorique trop pénalisant.

Concrètement, l’administration entend rendre la méthode plus équitable entre typologies de biens et zones climatiques. L’ambition est de produire un diagnostic plus stable dans le temps, plus utile pour prioriser les travaux (isolation, ventilation, systèmes de chauffage/eau chaude) et mieux éclairer bailleurs et locataires sur le niveau de confort et de dépenses à attendre.

Ce qui change par rapport à l’ancien DPE

La méthode de calcul est ajustée pour mieux prendre en compte certaines caractéristiques (surface habitable, ponts thermiques, déperditions par parois et menuiseries, systèmes de production de chaleur/eau chaude, ventilation). L’objectif est de réduire les écarts de notation observés sur des profils de logements spécifiques, sans “gonfler” artificiellement les étiquettes.

Certains biens jusqu’ici “sur-pénalisés” par le modèle (ex. studios ou T1 très compacts) pourraient voir leur classement évoluer à la marge. Cela ne signifie ni “amnistie” généralisée ni relâchement des exigences : le DPE reste un outil d’aide à la décision, et les obligations réglementaires de décence énergétique continuent de s’appliquer selon le calendrier en vigueur.

Autre conséquence : un DPE plus robuste facilite la planification des travaux réellement efficaces. Vous pouvez cibler les postes au meilleur rapport impact/prix (isolation des parois les plus fuyardes, remplacement d’un ancien chauffe-eau, optimisation de la ventilation) et éviter des investissements “cosmétiques”. Résultat : moins d’incertitude sur la trajectoire pour sortir d’une passoire thermique.

Enfin, la réforme s’accompagne d’un renforcement de la lisibilité pour le grand public : les recommandations de travaux sont clarifiées, avec une hiérarchisation plus compréhensible et des estimations de gains énergétiques plus cohérentes. Pour un bailleur, cela se traduit par des arbitrages plus sûrs entre bouquet de travaux immédiat et étalement sur 12 à 24 mois.

Les passoires thermiques concernées par la réforme

Classes énergétiques F et G

Les logements classés F et G au DPE sont les premiers dans le viseur de la réforme. Ces biens sont qualifiés de “passoires thermiques” car ils présentent de fortes déperditions d’énergie, entraînant des factures élevées et un inconfort pour les occupants.

Voir aussi  Travaux d’isolation ? Découvrez comment MaPrimeRénov' peut vous aider !

Le gouvernement souhaite réduire drastiquement le nombre de ces logements énergivores. En pratique, cela implique des obligations croissantes pour les propriétaires, notamment en matière de rénovation et d’amélioration de l’efficacité énergétique.

Selon les données officielles, on estime que près de 7 millions de logements en France sont concernés par cette classification, soit une part significative du parc locatif. Cette réforme n’est donc pas marginale : elle touche directement le marché immobilier et la stratégie patrimoniale de nombreux bailleurs.

À noter : certains petits logements, souvent pénalisés par l’ancien calcul, pourraient voir leur note évoluer légèrement avec la nouvelle méthode. Mais dans la majorité des cas, les classes F et G restent soumises à des restrictions fortes.

Le calendrier d’interdiction de louer

Le calendrier d’application est progressif afin de laisser aux propriétaires le temps de s’adapter. La loi prévoit déjà un gel des loyers pour les logements mal classés et une interdiction de mise en location à partir de certaines échéances.

En pratique :

  • 2025 — interdiction de louer les logements classés G+
  • 2028 — extension de l’interdiction aux logements classés F
  • 2034 — interdiction pour les logements classés E

Ce calendrier illustre une volonté claire : accélérer la rénovation du parc immobilier pour atteindre les objectifs climatiques et réduire la précarité énergétique. Les bailleurs doivent donc anticiper ces échéances pour éviter la vacance locative ou la perte de revenus.

La réforme du DPE 2025 ne supprime pas ces obligations, mais elle pourrait réévaluer le classement de certains biens. Cela peut représenter une opportunité pour certains propriétaires de gagner du temps, mais la majorité devra envisager des travaux pour continuer à louer en toute conformité.

Propriétaires bailleurs que pouvez-vous faire

Travaux de rénovation obligatoires ou conseillés

Face à la réforme du DPE, la première option reste d’engager des travaux de rénovation énergétique. L’isolation thermique est la priorité : murs, combles et planchers bas sont souvent les zones les plus déperditives. Un remplacement des fenêtres simple vitrage par du double ou triple vitrage peut également améliorer le classement.

Le système de chauffage et de production d’eau chaude doit être examiné. Les chaudières au fioul ou au gaz vieillissantes sont particulièrement pénalisantes : opter pour une pompe à chaleur, une chaudière à condensation ou un ballon thermodynamique permet de gagner plusieurs classes.

Voir aussi  DPE 2026 : un calcul revu qui pourrait booster la valeur de votre logement

Les propriétaires peuvent aussi envisager des actions moins coûteuses mais efficaces, comme l’installation d’une ventilation performante ou le calorifugeage des réseaux. Ces améliorations, bien que moins visibles, réduisent significativement les consommations.

La planification est essentielle : combiner plusieurs interventions en un seul chantier permet de maximiser le gain énergétique et d’obtenir un meilleur retour sur investissement. Cela peut aussi éviter de devoir rouvrir des travaux ultérieurement.

Aides financières et dispositifs existants

Pour accompagner les bailleurs, l’État met à disposition différents dispositifs. Le plus connu reste MaPrimeRénov’, qui finance une partie des travaux en fonction du type d’intervention et des revenus. Les certificats d’économie d’énergie (CEE) complètent ce financement en réduisant le coût global du chantier.

Les propriétaires bailleurs peuvent aussi mobiliser des prêts avantageux, comme l’éco-PTZ, permettant de financer des bouquets de travaux sans intérêt. Les dispositifs locaux (aides régionales ou communales) s’ajoutent parfois pour soutenir la rénovation.

Certains bailleurs choisissent de passer par un accompagnateur agréé, afin d’optimiser leur parcours et de sécuriser l’accès aux aides. Cela garantit une meilleure sélection des travaux et une conformité administrative aux règles en vigueur.

Enfin, rénover aujourd’hui permet non seulement de rester en conformité avec la législation, mais aussi de valoriser le patrimoine. Un logement énergétiquement performant se loue plus vite, à un loyer plus stable, et offre un atout supplémentaire en cas de revente.

Quel impact sur la location et les loyers

Gel des loyers pour les logements énergivores

Depuis l’entrée en vigueur des premières mesures, les logements classés F et G ne peuvent plus bénéficier d’une augmentation de loyer lors d’un renouvellement de bail ou d’une nouvelle mise en location. Cette règle a pour objectif de mettre la pression sur les propriétaires afin d’engager des travaux et d’éviter la stagnation du parc locatif en mauvais état énergétique.

Ce gel s’applique quel que soit le marché local, même dans les zones tendues où la demande est forte. Il devient donc un frein direct à la rentabilité d’un bien mal classé et pousse les bailleurs à agir pour préserver la valeur de leur patrimoine.

À court terme, cela signifie que les propriétaires qui ne rénovent pas perdent du pouvoir de fixation des loyers. À long terme, la revente du bien peut également être affectée, car un logement énergivore est de moins en moins attractif pour les investisseurs.

Possibilités de dérogations

Certains logements peuvent bénéficier d’assouplissements. Par exemple, lorsqu’il est techniquement impossible de réaliser certains travaux (immeuble classé, contraintes architecturales, copropriétés bloquant les décisions), des dérogations partielles peuvent être accordées.

Dans ces cas, les propriétaires doivent apporter des preuves solides de l’impossibilité de rénover. Cependant, ces situations restent minoritaires et n’exonèrent pas totalement des obligations : d’autres améliorations peuvent être exigées.

Voir aussi  Les 5 impacts concrets de l’audit énergétique sur votre vente immobilière

La réforme du DPE vise surtout à renforcer la cohérence entre classement et obligations. Les dérogations ne doivent pas être vues comme une “porte de sortie” mais comme une solution transitoire pour certains cas particuliers.

En résumé, les bailleurs doivent anticiper : un logement énergivore signifie aujourd’hui loyers bloqués, demain interdiction de louer. La seule véritable solution durable reste la rénovation, qui assure à la fois conformité réglementaire et attractivité locative.

Avis des experts et réactions du marché immobilier

La réforme du DPE 2025 suscite des avis partagés parmi les professionnels. Les associations de propriétaires soulignent un risque de déséquilibre du marché locatif, craignant que certains bailleurs retirent leurs biens de la location faute de moyens pour financer les travaux. Cela pourrait accentuer la tension dans les grandes villes, déjà marquées par une offre limitée.

Les experts en rénovation, au contraire, estiment que cette réforme représente une opportunité économique. Elle crée un flux important de chantiers pour les artisans et incite à investir dans des matériaux performants et des solutions innovantes comme la pompe à chaleur ou l’isolation biosourcée.

Les agences immobilières constatent déjà un impact sur les transactions. Les logements classés F ou G se vendent moins cher et plus lentement, tandis que les biens rénovés ou classés C et D bénéficient d’une prime de valorisation. Cela pousse certains acheteurs à se tourner vers des biens à rénover, misant sur les aides pour gagner en rentabilité après travaux.

Côté locataires, la réforme est généralement bien perçue. Elle promet une baisse des charges énergétiques et une amélioration du confort. Toutefois, certains craignent que les coûts de rénovation répercutés sur les loyers à moyen terme créent une nouvelle pression financière.

Enfin, de nombreux économistes rappellent que la réforme du DPE s’inscrit dans une trajectoire plus large : atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. En ce sens, elle constitue un passage obligé, même si sa mise en œuvre doit être accompagnée de mesures de soutien renforcées pour éviter un choc sur les bailleurs modestes.

FAQ

Peut-on encore louer un logement classé G en 2025 ?

Oui, mais uniquement si le logement n’est pas classé G+ (les plus énergivores). Dès 2025, ces biens seront interdits à la location. Les autres logements G resteront louables à court terme, mais leur mise en conformité devra être engagée rapidement sous peine de vacance locative forcée dès les prochaines échéances.

Quels travaux permettent de sortir d’une passoire thermique ?

Les travaux les plus efficaces concernent l’isolation thermique (murs, combles, planchers bas), le remplacement des menuiseries, et la modernisation du chauffage. L’installation d’une pompe à chaleur ou d’une chaudière à condensation figure parmi les solutions les plus performantes. En combinant plusieurs interventions, il est possible de gagner deux à trois classes DPE en une seule rénovation.

Quelles sanctions en cas de non-respect du DPE ?

Un bailleur qui met en location un bien interdit s’expose à une annulation du bail et à des actions judiciaires de la part du locataire. Des sanctions financières sont également prévues, notamment l’obligation de réaliser les travaux sous astreinte. Le logement peut aussi être considéré comme indécent, empêchant toute perception de loyers.

Les petites surfaces sont-elles concernées par l’interdiction de louer ?

Oui, mais la réforme du DPE 2025 prévoit de corriger certains biais qui pénalisaient particulièrement les studios et T1. Cela signifie que certains petits logements pourraient bénéficier d’un reclassement plus juste. Toutefois, si la consommation reste très élevée, ils resteront concernés par l’interdiction progressive de mise en location.