Foncier : pourquoi la taxe sur les terrains vides inquiète les propriétaires

Par Baptiste BIALEK le 26 août 2025 à 06:45

... lectures - Temps de lecture : 5 min

Foncier : pourquoi la taxe sur les terrains vides inquiète les propriétaires

Comprendre la nouvelle taxe sur les terrains non construits

Objectifs affichés par l’État

Cette taxe a été mise en place pour lutter contre la rétention foncière. L’idée est d’inciter les propriétaires à engager des projets afin de soutenir l’offre de logements dans les zones déficitaires.

En théorie, l’État veut freiner la spéculation, accélérer la mise à disposition de parcelles et mieux orienter le foncier vers la construction. L’objectif affiché est aussi d’augmenter la mobilisation du foncier privé là où la pression locative et les prix s’envolent.

Concrètement, la logique est double : rendre coûteuse l’inaction prolongée et rendre rentable l’activation d’un projet (permis déposé, viabilisation, vente à un opérateur). Le signal-prix vise donc à modifier les comportements plutôt qu’à créer une recette fiscale pérenne.

Propriétaires et terrains concernés

Sont principalement visés les propriétaires de terrains classés constructibles mais laissés vacants sans démarche active. Les parcelles en zones à forte tension foncière sont les plus exposées, du fait d’un risque accru de rétention et d’effets sur les prix.

À l’inverse, des cas de figure peuvent réduire ou exclure l’assujettissement : contraintes techniques lourdes, servitudes majeures, risques naturels, procédures d’urbanisme en cours. L’élément clé reste la capacité objective à construire dans un horizon raisonnable.

  • Terrain constructible inactif — absence de permis ou de promesse ferme sur une durée jugée excessive.
  • Terrain en projet avancé — dépôt de permis, viabilisation ou vente en cours pouvant atténuer la taxe.
  • Terrain non constructible — classement, risques ou protections pouvant ouvrir droit à exonération.
Voir aussi  Pouvoir d'achat immobilier : top villes françaises où investir en 2024

Pour les héritiers, la taxe peut frapper des biens reçus « en l’état ». Il devient alors crucial de documenter les démarches engagées (diagnostics, études de sol, consultations d’urbanisme) afin de démontrer une intention réelle de développement et d’obtenir, le cas échéant, un aménagement.

Enfin, la taille de la parcelle n’est pas toujours déterminante : un «  petit » lot peut être imposable s’il est constructible et inactif, tandis qu’un » grand » lot agricole ou protégé peut rester hors champ. Le critère décisif demeure la constructibilité effective et la démonstration d’actions concrètes.

Impact financier pour les propriétaires

Comment est calculé le montant de la taxe

Le calcul repose généralement sur la valeur cadastrale du terrain, à laquelle s’applique un taux défini par la commune ou l’État. Plus la parcelle est située dans une zone tendue, plus le montant peut être élevé.

À titre indicatif, certaines communes appliquent un taux progressif : plus le terrain reste inactif, plus le taux augmente au fil des années. Cela vise à accélérer la mise en construction.

Le montant peut ainsi atteindre plusieurs milliers d’euros par an, même pour un terrain hérité ou non exploité. Cette logique « punitive » est au cœur des critiques formulées par les propriétaires.

Autre élément important : la taxe s’ajoute à la taxe foncière déjà payée, ce qui peut alourdir considérablement la charge annuelle d’un ménage.

Les cas les plus touchés (héritages, petits propriétaires)

Les situations les plus lourdes concernent les familles ayant hérité d’un terrain constructible sans projet immédiat. Beaucoup se retrouvent avec une charge fiscale inattendue, sans moyens financiers pour engager des travaux.

Les petits propriétaires sont également pénalisés, car ils n’ont pas toujours la capacité de financer une viabilisation, un permis de construire ou une vente rapide.

Voir aussi  Quelle est l'influence des acheteurs étrangers sur le marché immobilier parisien ?

En zone urbaine, la pression est encore plus forte : la valeur des terrains étant plus élevée, le montant de la taxe s’accroît mécaniquement. Résultat : certains envisagent de vendre à perte plutôt que de supporter une fiscalité jugée insoutenable.

  • Héritiers — taxation immédiate sans préparation ni projet concret.
  • Propriétaires modestes — incapacité à financer les démarches nécessaires.
  • Zonages tendus — hausse mécanique de la taxe avec la valeur du foncier.

Pour beaucoup, cette taxe représente un véritable tournant : soit engager rapidement un projet de construction, soit céder le terrain pour éviter une charge fiscale jugée disproportionnée.

Réactions et critiques autour de la mesure

Arguments des défenseurs de la taxe

Certains élus et urbanistes considèrent cette taxe comme une arme efficace contre la spéculation foncière. Leur idée : décourager les propriétaires qui bloquent volontairement le marché en conservant des terrains constructibles sans les utiliser.

Pour eux, cette fiscalité peut favoriser une remise en circulation rapide du foncier et contribuer à l’équilibre entre l’offre et la demande dans des zones tendues où le logement manque.

Certains soulignent aussi que la taxe peut inciter à améliorer la qualité urbaine, en évitant la multiplication des terrains laissés à l’abandon ou envahis par la végétation.

En somme, la mesure est présentée comme un outil de régulation pour renforcer la responsabilité des propriétaires dans la gestion de leurs biens fonciers.

Les inquiétudes des propriétaires et associations

Côté propriétaires, le discours est bien différent. Beaucoup estiment que cette taxe est injuste, car elle frappe aussi ceux qui n’ont pas les moyens de construire ou de vendre rapidement.

Les associations de défense dénoncent une mesure pénalisante pour les classes moyennes et les héritiers, souvent incapables de supporter une telle charge. Elles craignent une hausse forcée des ventes, parfois à perte.

Voir aussi  Marché immobilier de Villeurbanne : analyse détaillée de juillet 2024

Autre critique majeure : la taxe risque de générer des effets pervers, comme la spéculation inversée. Certains promoteurs pourraient profiter de la panique des propriétaires pour racheter des terrains à bas prix.

  • Manque d’équité — taxation uniforme, sans prise en compte des situations personnelles.
  • Effets pervers — ventes précipitées et décotes importantes.
  • Absence de concertation — propriétaires peu ou pas consultés avant la mise en place.

Enfin, plusieurs experts rappellent que la mesure risque d’accentuer la fracture territoriale : dans certaines zones, l’application stricte de la taxe pourrait aggraver la précarité foncière plutôt que la résoudre.

Existe-t-il des exemptions ou recours possibles ?

Terrains non constructibles ou protégés

Certains terrains échappent à la taxe en raison de leur non-constructibilité effective. Cela concerne par exemple les parcelles classées en zone agricole, naturelle ou protégée. Dans ces cas, le propriétaire peut demander une exonération totale.

Les terrains soumis à des risques naturels (inondation, glissement de terrain, incendie) peuvent également être exclus, si les contraintes rendent la construction impossible ou dangereuse.

En pratique, il appartient au propriétaire de prouver l’impossibilité de bâtir via des documents d’urbanisme, études de sol ou arrêtés préfectoraux. Sans justificatif solide, la taxe reste applicable.

Recours juridiques et contestations envisageables

Un propriétaire qui s’estime lésé peut engager un recours administratif auprès de sa mairie ou des services fiscaux. Ce recours permet de contester la qualification de son terrain ou de demander une réduction.

Si la demande est rejetée, il est possible de saisir le tribunal administratif. Les arguments les plus courants concernent l’absence d’équité, le manque de proportionnalité ou la méconnaissance du droit de propriété.

Des associations de propriétaires fonciers commencent aussi à se mobiliser pour obtenir des aménagements législatifs, notamment en faveur des héritiers ou des ménages modestes.

  • Exonération possible — terrains agricoles, naturels, protégés ou soumis à des risques majeurs.
  • Réduction partielle — pour les propriétaires justifiant d’un projet en cours ou d’une incapacité financière avérée.
  • Recours juridique — contestation auprès du tribunal administratif en dernier recours.

En attendant d’éventuels assouplissements, les propriétaires concernés sont encouragés à se rapprocher d’un avocat spécialisé en droit immobilier afin d’examiner les leviers de contestation disponibles.