Bail de location sans DPE en 2025, un risque qui peut coûter très cher

Par Cyril KUHM le 01 septembre 2025 à 11:45

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Bail de location sans DPE en 2025, un risque qui peut coûter très cher

L’absence de DPE dans un bail de location peut coûter très cher aux propriétaires comme aux locataires. Depuis que le diagnostic est obligatoire et opposable, il conditionne la validité du contrat, les droits du locataire et les sanctions encourues. Voici l’essentiel pour éviter litiges et mauvaises surprises.

Le DPE et son rôle clé dans un bail de location

Pourquoi le DPE est obligatoire pour louer

Le diagnostic de performance énergétique (DPE) mesure la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre du logement. Il classe le bien de A à G et fournit des recommandations d’amélioration. Sans ce document, l’information donnée au locataire est jugée insuffisante.

En location, le DPE doit être réalisé par un diagnostiqueur certifié, valable 10 ans (sauf mise à jour réglementaire), et tenu à disposition dès la visite. À la signature, il est annexé au bail au même titre que les autres diagnostics obligatoires.

L’objectif est double : garantir la transparence (éviter un logement énergivore présenté comme économe) et permettre au locataire d’anticiper ses coûts de chauffage et d’électricité. Un DPE manquant brouille ces repères et fragilise la relation contractuelle.

La loi Climat et Résilience et les nouvelles contraintes

Depuis 2021, le DPE est devenu opposable : si les informations sont manquantes ou erronées, le locataire peut engager la responsabilité du bailleur (et/ou du diagnostiqueur) pour obtenir réparation. Ce changement renforce les obligations d’exactitude.

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La communication des résultats est encadrée : l’étiquette énergie et l’étiquette climat doivent figurer dans l’annonce, et certaines catégories de logements très énergivores voient leur mise en location limitée par étapes. Ignorer ces mentions expose à des sanctions et à la contestation du bail.

En pratique, un bailleur conforme anticipe : il commande le DPE avant la mise en ligne de l’annonce, vérifie la présence de l’identifiant ADEME sur le rapport, et l’annexe systématiquement au contrat. Cette rigueur réduit le risque de litige, de réduction de loyer ou d’indemnisation ultérieure.

Conséquences d’un bail signé sans DPE

Validité juridique du bail en l’absence de DPE

Un bail signé sans diagnostic de performance énergétique n’est pas automatiquement nul. Toutefois, il est considéré comme irrégulier. Le locataire peut alors invoquer un vice de consentement, ce qui fragilise la validité du contrat. Dans certains cas, les juges ont reconnu la nullité du bail ou ordonné sa résiliation.

Depuis 2021, le caractère opposable du DPE change la donne : un locataire peut s’appuyer sur cette opposabilité pour demander des réparations si les données sont absentes ou fausses. La jurisprudence récente confirme cette tendance, rendant la vigilance indispensable.

Concrètement, un bailleur qui ne fournit pas ce document s’expose à un risque juridique élevé et à la remise en cause de l’ensemble du contrat de location.

Sanctions financières et risques pour le bailleur

L’absence de DPE peut entraîner des dommages-intérêts au profit du locataire. Ces indemnisations varient selon le préjudice subi : factures énergétiques plus élevées, logement trompeusement présenté comme performant, ou impossibilité de comparer les biens disponibles sur le marché.

En cas de litige porté devant le tribunal judiciaire, le bailleur peut être contraint de :

  • Indemniser le locataire — pour le préjudice subi (jusqu’à plusieurs milliers d’euros).
  • Faire établir un DPE — sous astreinte financière quotidienne tant que le document manque.
  • Subir une réduction du loyer — si le logement énergivore avait été présenté comme économe.

Ces sanctions, combinées à la perte de confiance du locataire, pèsent lourd sur la rentabilité de la location. Un propriétaire informé comprend qu’un DPE valide coûte bien moins cher que la gestion d’un contentieux.

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Recours et droits des locataires face à un bail sans DPE

Actions possibles devant le bailleur et le conciliateur

Lorsqu’un locataire découvre que son bail est signé sans DPE, il peut agir progressivement. La première étape consiste à demander officiellement le diagnostic au bailleur, par courrier recommandé avec accusé de réception. Cette démarche permet de rappeler les obligations légales et d’ouvrir la voie à une régularisation.

Si la demande reste sans réponse, le locataire peut solliciter un conciliateur de justice. Cette procédure amiable, gratuite et rapide, vise à trouver une solution avant toute action judiciaire. Elle peut aboutir à l’obtention du DPE ou à un accord sur une réduction du loyer en attendant la régularisation.

Le dialogue est souvent préférable, car il évite les frais et délais d’un contentieux. Toutefois, un bailleur qui persiste à ignorer ses obligations prend le risque de voir son locataire porter l’affaire devant le tribunal.

Annulation du bail et indemnisation devant le tribunal

En dernier recours, le locataire peut saisir le tribunal judiciaire. Celui-ci peut prononcer l’annulation du bail si le défaut de DPE est considéré comme un vice du consentement. Dans ce cas, le contrat devient caduc et le locataire peut quitter le logement sans pénalités.

Le juge peut également condamner le bailleur à verser des dommages-intérêts. Les montants dépendent du préjudice : surcoûts énergétiques, absence d’information loyale, ou impossibilité de comparer le bien avec d’autres logements. Certains jugements ont accordé plusieurs milliers d’euros aux locataires lésés.

Enfin, la DGCCRF peut être saisie en cas de pratiques abusives ou de manquement répété. Dans ce cas, le propriétaire s’expose à des sanctions administratives en plus des condamnations civiles.

Autres diagnostics obligatoires à ne pas négliger

Diagnostics santé et sécurité (amiante, plomb, électricité, gaz)

Le DPE n’est pas le seul document à fournir lors d’une mise en location. Un bailleur doit annexer plusieurs diagnostics techniques visant à protéger la santé et la sécurité du locataire. Parmi eux : le diagnostic amiante, obligatoire pour les logements construits avant 1997, et le diagnostic plomb pour ceux d’avant 1949.

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Les installations électriques et gaz datant de plus de 15 ans doivent également être vérifiées. Ces diagnostics sont essentiels car ils révèlent des risques potentiels pour les occupants, tels qu’intoxications, incendies ou électrocutions. Leur absence peut être assimilée à une mise en danger de la vie d’autrui.

Le non-respect de ces obligations expose le bailleur à des sanctions lourdes, notamment la nullité du bail si la sécurité des locataires est compromise.

Sanctions comparées avec l’absence de DPE

L’absence de DPE fragilise surtout la validité du bail et peut générer des litiges financiers. En revanche, l’absence d’un diagnostic lié à la sécurité, comme l’amiante ou le gaz, peut avoir des conséquences plus graves : annulation immédiate du bail et mise en cause de la responsabilité civile, voire pénale du propriétaire.

Un tribunal peut ainsi ordonner la résiliation du contrat, une indemnisation, et dans certains cas, des poursuites pénales. Le bailleur prudent comprend qu’il ne s’agit pas d’une simple formalité : ces diagnostics constituent une protection juridique et un gage de transparence.

En pratique, la préparation complète d’un dossier de diagnostics techniques (DDT) dès la mise en location reste la meilleure solution pour éviter toute contestation ultérieure et garantir une location conforme à la réglementation.

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Anticiper et annexer tous les diagnostics au bail

Pour éviter tout litige, un bailleur doit constituer un dossier de diagnostics techniques complet avant la signature du contrat. Le DPE en est la pièce maîtresse, mais il doit être accompagné des diagnostics gaz, électricité, amiante, plomb ou encore ERP selon l’âge et la localisation du bien.

L’astuce consiste à commander l’ensemble des diagnostics dès la mise en location, afin de les intégrer directement à l’annonce et de les annexer au bail. Cette transparence rassure les candidats locataires et prouve la conformité du logement aux exigences légales.

Un bail signé avec des documents à jour devient une véritable assurance juridique pour le propriétaire comme pour l’occupant.

Limiter les litiges grâce à une transparence totale

Un propriétaire qui communique toutes les informations dès le départ réduit considérablement les risques de contestation. À l’inverse, une omission volontaire ou un manquement expose à des dommages-intérêts, voire à la nullité du contrat.

La transparence est aussi un argument commercial : un logement affichant un bon DPE et des diagnostics à jour se loue plus rapidement et souvent à meilleur prix. En période de vigilance énergétique, ces critères influencent directement la décision du locataire.

En pratique, louer en règle revient donc à sécuriser son investissement, protéger sa réputation et éviter des frais judiciaires coûteux. Mieux vaut investir quelques centaines d’euros dans un diagnostic complet que subir un contentieux de plusieurs milliers.