Taux stables, crédits en hausse : les vrais freins à l’immobilier en 2025

Par Micheal Moulis le 11 août 2025 à 12:00

... lectures - Temps de lecture : 3 min

Taux stables, crédits en hausse : les vrais freins à l’immobilier en 2025

L’immobilier français traverse actuellement une période intrigante. Après plusieurs trimestres marqués par une flambée puis un fléchissement des taux d’intérêt, les chiffres récents montrent que les conditions de crédit commencent à se stabiliser. Mais, contrairement à ce que certains espéraient, cette accalmie n’a pas suffi à repartir sur une dynamique positive comparable aux années fastes. Plongée dans un secteur qui tente de retrouver son souffle sans pour autant bousculer ses principaux obstacles.

Des taux enfin stables mais une reprise qui tarde

Depuis le début de l’année 2025, l’évolution des taux de crédit immobilier semble entrer dans une phase d’équilibre.

La moyenne nationale oscille autour de 3,07 % à 3,10 % selon les périodes, avec même quelques offres en dessous de 3 % disponibles pour les dossiers solides, notamment sur 15 ou 20 ans.

Cette forme de stabilité contraste avec l’emballement de la période précédente, où chaque trimestre semblait marquer une évolution notable.

Voir aussi  DPE corrigé pour l’électricité, la nouvelle méthode qui peut booster votre logement

La baisse du taux de refinancement de la Banque centrale européenne a apporté une légère respiration, mais elle est compensée par un contexte financier global prudent.

Les marchés obligataires conservent leur vigilance et le coût de l’épargne reste élevé. À cela s’ajoute une Bourse en manque d’élan, si bien que la détente attendue du crédit demeure timide.

Pour beaucoup de ménages, accéder à un prêt inférieur à 3 % redevient un objectif difficile à atteindre, contrairement à mars dernier où deux tiers des emprunteurs réussissaient encore à l’obtenir.

Pourquoi la durée des prêts continue-t-elle d’augmenter ?

Face à la tension sur les capacités d’emprunt, les banques jouent la carte du rallongement des prêts. Actuellement, un crédit immobilier moyen s’étend jusqu’à 249 mois, soit plus de vingt ans.

Pour les acquisitions dans le neuf comme dans l’ancien, ce chiffre grimpe encore davantage, dépassant les 21 ans en moyenne.

Ce choix d’allonger les durées permet aux institutions bancaires d’adoucir l’impact des taux élevés sur la mensualité supportée par les acheteurs.

En effet, les revenus n’ayant pas suivi la progression rapide des coûts du crédit, lisser le remboursement apparaît aujourd’hui comme le principal levier pour préserver l’accès au financement.

Voir aussi  Faillite d’un promoteur : comment protéger votre achat immobilier

Cela explique qu’en juin 2025, près de sept crédits accordés sur dix l’ont été sur plus de vingt ans, un record comparé à l’an passé.

Une production de crédits en hausse mais toujours loin de l’âge d’or

Malgré de nombreux obstacles persistants, la production de nouveaux crédits immobiliers connaît un rebond impressionnant sur les derniers mois.

De février à juillet 2025, les montants distribués progressent de plus de 24 %, tandis que le nombre de prêts signés bondit de plus de 30 %.

Le marché semble donc témoigner d’un réel regain d’intérêt pour profiter des conditions de crédit légèrement assouplies ces derniers temps.

Néanmoins, ce sursaut reste trompeur si on le replace à l’échelle d’un cycle long.

Par rapport à la période faste 2016-2019, le marché affiche toujours un recul net : la production actuelle dépasse difficilement 70 % des volumes précédents et le nombre total de crédités reste en chute de près de 30 %.

Le sentiment d’un rebond masque donc une réalité : la demande structurante peine à retrouver sa vigueur antérieure.

Voir aussi  Tout savoir sur les nouvelles obligations des copropriétés en 2024

Quels facteurs freinent vraiment le redémarrage de l’immobilier ?

Plusieurs éléments continuent de peser lourdement sur la reprise du marché immobilier.

Le niveau élevé du coût de l’épargne limite la capacité des banques à réduire les taux, freinant ainsi le potentiel d’atténuation de la charge financière pour les acquéreurs.

Par ailleurs, les prix de l’immobilier restent très élevés dans de nombreuses villes, rendant l’opération difficilement accessible même avec des taux plus avantageux.

Les critères de solvabilité stricts appliqués par les établissements financiers excluent de facto une partie de la population, en particulier les primo-accédants aux moyens limités.

L’immobilisme du marché du travail et les incertitudes économiques générales pèsent aussi sur la confiance des ménages, lesquels hésitent à se projeter sur plusieurs décennies.

D’autres éléments tels que la fiscalité ou la complexité administrative peuvent également ralentir les ambitions, que l’on parle d’achat dans l’ancien ou dans le neuf.

Dans ce contexte, la simple stabilisation des taux, souvent perçue comme un signal positif, ne fait finalement qu’accompagner un statu quo préoccupant pour la santé à long terme du marché.

Pour les acteurs de l’immobilier, il devient clair que la résolution durable passera par un ensemble plus large de mesures et un climat économique rassurant, davantage que par les oscillations ponctuelles des baromètres bancaires.