Les heures supplémentaires vont-elles enfin redevenir totalement défiscalisées ? Le vote des députés relance le débat sur le pouvoir d’achat et les incitations au travail. Voici ce qui pourrait bientôt changer sur votre fiche de paie.
Mesure votée, ce qui change pour les salariés
Fin du plafond de 7 500 €
Le principe est simple : toutes les heures supplémentaires pourraient être exonérées d’impôt sur le revenu. Jusqu’ici, l’avantage fiscal s’arrêtait à 7 500 € par an. Au-delà, les heures étaient soumises à l’imposition classique. L’amendement voté par les députés supprime ce plafond.
Concrètement, un salarié réalisant beaucoup d’heures supplémentaires dans l’année pourra percevoir l’intégralité de ses heures nettes d’impôt. Ce gain dépend bien sûr du taux horaire, du volume d’heures effectuées et du niveau d’imposition du foyer.
Entrée en vigueur et périmètre
La mesure figure dans le projet de loi de finances pour 2026. Elle devra encore être validée par le Sénat puis confirmée dans la version définitive du budget. Si elle est adoptée sans modification, elle pourrait s’appliquer dès le 1er janvier 2026.
Tous les salariés du privé et agents publics concernés par les heures supplémentaires ou complémentaires (secteur hospitalier, enseignants, ouvriers, employés, etc.) sont visés. Les entreprises devront simplement adapter leurs logiciels de paie pour intégrer la défiscalisation intégrale.
Impacts pratiques sur la fiche de paie
Exemples chiffrés simples
Pour un salarié au SMIC effectuant 20 heures supplémentaires par mois, la suppression du plafond représenterait environ 400 à 500 € nets gagnés par an. Pour un cadre effectuant régulièrement des astreintes, l’impact peut atteindre plus de 1 000 € nets supplémentaires.
Ces gains dépendent du nombre d’heures effectuées, mais aussi du taux marginal d’imposition. Plus le salaire est élevé, plus la défiscalisation intégrale procure un effet de levier significatif sur le net perçu.
Effets sur prime, RTT et astreintes
Les primes ou les majorations liées aux astreintes ne sont pas directement concernées, sauf si elles correspondent à des heures supplémentaires déclarées comme telles. Les RTT ou repos compensateurs, eux, ne changent pas. En revanche, la défiscalisation complète pourrait encourager les salariés à accepter davantage d’heures, notamment dans les secteurs en tension.
Pour les entreprises, cette évolution reste neutre sur les charges patronales. Seule la partie fiscale du salarié est modifiée, simplifiant ainsi la gestion comptable et la motivation du personnel.
Prochaine étape, adoption définitive et points de vigilance
Calendrier budgétaire et risques de modification
Le texte n’est pas encore définitivement voté. Il doit passer devant le Sénat avant un retour à l’Assemblée pour validation finale dans le cadre du budget 2026. Des amendements de compromis pourraient être introduits, notamment pour limiter le coût de la mesure, évalué à environ 1 milliard d’euros pour l’État.
En cas d’accord, la défiscalisation totale serait effective sur les salaires versés à partir de janvier 2026. Les fiches de paie devraient alors refléter ce changement dès les premiers mois de l’année, sous réserve d’un décret d’application rapide.
Conseils pour anticiper
Les salariés peuvent d’ores et déjà vérifier le nombre d’heures supplémentaires effectuées en 2024 et 2025 afin d’estimer leur gain potentiel. Les DRH et les experts-comptables ont intérêt à préparer leurs outils de paie pour intégrer la réforme sans retard.
Pour les foyers imposés à partir de la tranche à 30 %, cette mesure pourrait représenter une économie fiscale notable. Reste à savoir si elle sera maintenue dans la version finale du budget et comment elle s’articulera avec les autres dispositifs d’incitation au travail.