À Houplines, une commune du Nord, un terrain agricole est devenu le centre d’une vive polémique. Une famille de gens du voyage l’a acheté et entrepris des travaux de viabilisation, suscitant la colère du maire et des habitants qui dénoncent une atteinte aux règles d’urbanisme et à l’environnement.
Une famille de gens du voyage au cœur d’un bras de fer local
Des travaux présentés comme temporaires et encadrés
La famille Ziegler, propriétaire du terrain depuis 2023, assure n’avoir réalisé que des travaux autorisés. Selon eux, les aménagements visent uniquement à accueillir leurs caravanes quelques semaines par an. Ils précisent avoir prévu la plantation de 600 cyprès pour préserver la discrétion du site et ne pas gêner le voisinage.
Les membres de la famille expliquent vouloir concilier leur mode de vie itinérant avec le respect du cadre rural. Les installations, limitées à une dizaine de caravanes, ne seraient que temporaires et sans impact durable sur le terrain. Un argument que le maire et certains habitants peinent à accepter.
Une volonté affichée d’intégration et de discrétion
Pour Louis et Samuel Ziegler, cette initiative vise aussi à favoriser une meilleure intégration. Ils assurent que les caravanes ne seront visibles de personne une fois les arbres plantés. “Nous voulons simplement un lieu où poser nos caravanes en toute légalité et tranquillité”, affirment-ils.
Leur discours se veut apaisant, mais le contexte tendu et les travaux déjà engagés alimentent la méfiance. D’autant que les premiers constats officiels évoquent des aménagements lourds, notamment une mini-station d’épuration et des branchements électriques.
Des aménagements interdits sur terrain agricole
Le maire dénonce une violation du code de l’urbanisme
Pour le maire Jean-François Legrand, la situation est claire : un terrain agricole n’a qu’une seule vocation — la culture ou l’élevage. Les constats dressés sur place font état de travaux de viabilisation, dont la création d’une station d’épuration, strictement interdite dans ce type de zone. “C’est une question d’équité : je refuse des permis de construire aux habitants, je ne peux pas fermer les yeux ici”, insiste-t-il.
Un arrêté municipal a déjà été pris pour suspendre les travaux, mais il n’a pas été respecté. Face à ce non-respect, la mairie a décidé d’aller plus loin en saisissant la justice afin d’obtenir la remise en état du terrain et le respect du code de l’urbanisme.
Une procédure judiciaire engagée pour faire cesser les travaux
Un référé en urgence a été déposé devant le tribunal administratif. L’audience est prévue pour le 4 novembre 2025. Le maire dit agir “sans animosité”, mais dans le souci de protéger le cadre légal et d’éviter toute dérive : “Si nous tolérions cela, demain chacun pourrait transformer sa pâture en zone résidentielle”.
En parallèle, la préfecture suit le dossier de près, consciente du caractère sensible du conflit. Le cas de Houplines illustre les difficultés récurrentes liées à l’installation de familles itinérantes sur des terrains non constructibles, souvent sources de tensions locales.
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Les habitants partagés entre colère et inquiétude environnementale
Une ancienne zone boisée remplacée par des parcelles bétonnées
Les riverains d’Houplines ont vu disparaître en quelques mois un espace qu’ils considéraient comme un poumon vert. Avant les travaux, le terrain abritait environ 200 arbres et une faune variée : écureuils, renards, oiseaux. Aujourd’hui, il ne reste qu’un sol nivelé, parcouru de câbles et de tuyaux. “C’était une bouffée d’oxygène, maintenant c’est du béton”, déplore une habitante.
Cette transformation rapide a profondément choqué la population locale. Beaucoup craignent que cette parcelle devienne une zone de stationnement permanente et que d’autres terrains agricoles soient à leur tour convoités pour des usages résidentiels.
Une association mobilisée pour la sauvegarde du paysage rural
L’association “Sauvegardons et protégeons la campagne houplinoise” multiplie les actions pour dénoncer ces travaux qu’elle juge illégaux et néfastes pour l’environnement. Sa présidente, Jacqueline Plancq, parle d’“une verrue au milieu de notre campagne”. L’objectif : obtenir le rétablissement du site dans son état initial et préserver l’équilibre rural.
Entre respect des lois d’urbanisme et défense des traditions nomades, le dossier reste explosif. L’audience de novembre sera déterminante pour savoir si la famille pourra conserver son projet ou si elle devra tout remettre en état.