En Suisse, un immeuble de 24 appartements réservé à Airbnb en pleine crise du logement

Par Baptiste BIALEK le 27 décembre 2025 à 06:45

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En Suisse, un immeuble de 24 appartements réservé à Airbnb en pleine crise du logement

Transformer un immeuble entier en locations Airbnb en pleine crise du logement suffit à enflammer le débat. Près de Zurich, 24 appartements dédiés à la courte durée cristallisent tensions locales, réussite entrepreneuriale et flou réglementaire, illustrant les dérives possibles d’un marché immobilier sous pression.

Un immeuble entier dédié à Airbnb en pleine crise du logement

Winterthur, une ville sous tension immobilière

Située à une vingtaine de kilomètres de Zurich, Winterthur subit de plein fouet la pénurie de logements qui touche l’ensemble de la région. La demande locative y reste élevée, tandis que l’offre de logements accessibles se réduit d’année en année.

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Comme dans d’autres villes européennes, cette tension se traduit par des loyers en hausse et des délais de recherche de plus en plus longs pour les ménages. Dans ce contexte, chaque logement retiré du marché classique renforce le sentiment de saturation.

La location courte durée face au manque de logements

C’est précisément ce qui alimente la polémique autour de cet immeuble de quatre étages entièrement consacré à Airbnb. Les 24 appartements, tous rénovés et meublés, ne sont proposés qu’à la location de courte durée, excluant toute possibilité de bail classique.

Pour de nombreux riverains, cette situation est vécue comme un non-sens en pleine crise du logement. Ils dénoncent une logique de rentabilité qui privilégie les séjours temporaires au détriment des habitants permanents, accentuant la rareté des logements disponibles.

Ce type de projet illustre la tension croissante entre besoins résidentiels et développement des plateformes de location touristique, un débat désormais central dans les grandes agglomérations européennes.

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Un modèle économique rentable porté par un jeune entrepreneur

Gestion locative et stratégie Airbnb à grande échelle

À l’origine du projet, un entrepreneur de 25 ans qui a su transformer une première expérience réussie en véritable modèle économique. Sans être propriétaire des biens, il en assure la gestion complète pour le compte de la propriétaire de l’immeuble.

Son approche repose sur une organisation proche de l’hôtellerie : disponibilité permanente, services intégrés et rotation rapide des occupants. Cette gestion intensive permet d’optimiser les taux d’occupation et d’assurer une rentabilité constante.

Des appartements haut de gamme pour une clientèle de passage

Les logements proposés affichent un positionnement premium, avec des surfaces d’environ 60 m² et des équipements de standing, parfois complétés par un sauna ou un jacuzzi. Les tarifs atteignent près de 2 500 francs suisses par séjour mensuel.

La clientèle se compose principalement de professionnels en déplacement, d’étudiants de passage et de touristes. Ce public, prêt à payer plus cher pour de la flexibilité, explique le succès commercial du projet.

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Face à cette demande soutenue, l’agence s’est rapidement structurée, employant aujourd’hui personnel de ménage, sécurité et assistance, confirmant l’attractivité financière de la location de courte durée.

Colère du voisinage et flou réglementaire

Nuisances, rotation des locataires et perte de lien social

Après plusieurs mois d’exploitation, le mécontentement des riverains s’est intensifié. La rotation permanente des occupants rend les relations de voisinage quasi inexistantes et donne au quartier une atmosphère jugée plus impersonnelle.

Les nuisances sonores constituent le principal point de friction. Des fêtes régulières et des allées et venues fréquentes perturbent la tranquillité des habitants, malgré la présence d’un agent de sécurité chargé de limiter les débordements.

Réglementation des locations touristiques en Suisse et à Zurich

Cette situation met en lumière un vide juridique à Winterthur, où aucune limite n’encadre actuellement la durée des locations de courte durée. Les propriétaires restent libres de louer leurs biens toute l’année sur des plateformes comme Airbnb.

À Zurich, en revanche, la réglementation est plus stricte, avec un plafond fixé à 90 jours par an pour les locations touristiques. Cette différence de traitement alimente le débat sur la nécessité d’harmoniser les règles afin de préserver l’équilibre entre activité économique et accès au logement.

Le cas de Winterthur pourrait ainsi servir de déclencheur à une réflexion politique plus large sur l’encadrement des locations de courte durée en Suisse.