Après deux années de ralentissement, le marché immobilier français montre enfin des signes de redressement. Les volumes de ventes repartent à la hausse, les taux de crédit se stabilisent et la confiance revient progressivement chez les acheteurs comme chez les vendeurs. Mais derrière cette embellie, les spécialistes appellent à la vigilance : la reprise est bien là, mais encore fragile.
Un rebond confirmé sur l’ensemble du territoire
Des volumes de ventes en hausse après deux ans de recul
Le troisième trimestre 2025 marque un tournant pour l’immobilier ancien. D’après les réseaux Laforêt et Century 21, les ventes progressent de manière significative : +8,1 % pour les appartements et +10,1 % pour les maisons. Ce redressement s’observe à Paris, en Île-de-France et dans la plupart des grandes régions, preuve d’un regain d’activité général.
Ce rebond repose sur une meilleure adéquation entre les attentes des acheteurs et la réalité du marché. Les vendeurs ajustent leurs prix, rendant les biens plus attractifs. Résultat : les négociations aboutissent plus vite et les délais de transaction raccourcissent.
Des taux de crédit stabilisés autour de 3 %
Autre facteur clé de cette reprise : la normalisation des conditions de financement. Le taux moyen d’un prêt immobilier sur 20 ans s’établit à environ 3,08 % en août 2025, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA. Ce niveau redonne de l’oxygène aux ménages après deux années de taux élevés.
Les primo-accédants reviennent ainsi sur le marché, profitant d’une conjoncture plus favorable. Si cette stabilité se confirme jusqu’à la fin de l’année, le volume total des ventes pourrait atteindre entre 850 000 et 870 000 transactions, selon les projections des professionnels.
Des prix qui repartent à la hausse, mais de fortes disparités régionales
Paris et l’Île-de-France en tête de la reprise
Après une période de correction, les prix repartent à la hausse au troisième trimestre 2025. À Paris, le mètre carré moyen s’élève désormais à 9 646 €, soit une progression de 6,5 % sur un an. En Île-de-France, la hausse atteint 2 % pour les appartements et 6,2 % pour les maisons, confirmant la vitalité de la région capitale.
Cette évolution s’explique par une demande soutenue et un stock de biens toujours limité. Les acheteurs privilégient la localisation et la qualité du bien, quitte à payer un peu plus cher pour un logement bien situé ou récemment rénové.
Les régions marquent des écarts importants entre villes
En province, la reprise reste contrastée. Les prix augmentent en moyenne de 1,1 % sur un an, avec d’importantes différences selon les territoires. Bordeaux (+3,2 %) et Marseille (+1,8 %) confirment leur attractivité, tandis que des villes comme Dijon (–3,8 %) ou Biarritz (–1,2 %) connaissent encore une phase d’ajustement.
Le prix moyen au niveau national atteint désormais 3 405 €/m², soit une hausse de 4 % par rapport à 2024, mais toujours légèrement en dessous du pic post-Covid. Les délais de vente restent longs — environ 95 jours pour un appartement et 102 jours pour une maison — preuve que le marché, bien qu’en reprise, demeure sélectif.
Une demande dynamique face à une offre encore limitée
Le retour marqué des primo-accédants
La reprise actuelle repose en grande partie sur le retour des primo-accédants. Grâce à des taux de crédit plus stables et à des prix mieux ajustés, de nombreux ménages relancent leur projet d’achat. Selon Laforêt, les intentions d’achat ont progressé de 20 % sur un an, avec une hausse encore plus marquée à Paris (+23 %).
Les appartements concentrent la majorité de cette dynamique (+24 %), reflet d’un budget moyen souvent plus restreint. Les maisons, plus onéreuses, affichent une hausse plus mesurée de 17 %, mais confirment également la tendance positive du marché résidentiel.
Un stock de biens qui peine à suivre la demande
Malgré ce regain d’intérêt, l’offre disponible reste insuffisante pour absorber la demande. Le volume de biens mis en vente n’a progressé que de 10 % en moyenne sur un an, avec des disparités notables selon les territoires. Paris affiche +5 %, l’Île-de-France +12 %, et les régions +9 %.
Ce déséquilibre structurel — faible rotation du parc ancien et manque de constructions neuves — entretient la tension sur les prix. Tant que l’offre ne suivra pas la cadence de la demande, la reprise restera fragile et inégale selon les segments du marché.
Un marché encore sous surveillance
Les risques liés à l’inflation et à la géopolitique
Si la reprise se confirme, elle reste néanmoins exposée à plusieurs menaces. Les tensions géopolitiques, la volatilité des taux et l’inflation peuvent rapidement peser sur le moral des ménages. Une hausse du coût de la vie ou une remontée brutale des taux d’emprunt pourrait freiner le rythme des transactions dès 2026.
Les professionnels de l’immobilier invitent donc à la prudence : la dynamique est réelle, mais encore fragile. Comme le rappelle Yann Jéhanno, président du réseau Laforêt, “le marché a retrouvé un dialogue entre acheteurs et vendeurs, mais son équilibre dépend d’un contexte économique stable”.
Les leviers publics pour soutenir la reprise
Pour consolider cette tendance, les experts appellent à des mesures ciblées en faveur des primo-accédants et des investisseurs. L’élargissement du prêt à taux zéro, la relance de la construction neuve et la simplification des démarches de rénovation énergétique figurent parmi les pistes évoquées.
À court terme, la stabilité politique et économique sera déterminante pour pérenniser la reprise. Le marché immobilier semble avoir retrouvé de l’élan, mais il ne tiendra la distance que si les conditions d’accès au crédit et l’offre de logements s’améliorent durablement.