Immobilier : le QR code révolutionne les diagnostics DPE pour en finir avec les fraudes

Par Micheal Moulis le 07 juillet 2025 à 18:00

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Immobilier : le QR code révolutionne les diagnostics DPE pour en finir avec les fraudes

Longtemps reléguées au second plan, les certifications des diagnostics de performance énergétique (DPE) deviennent aujourd’hui le nouveau cheval de bataille du gouvernement. Face à la montée en flèche des faux diagnostiqueurs et aux conséquences économiques qui en découlent pour propriétaires et locataires, l’État lance une série de mesures innovantes. Parmi elles, l’introduction de QR codes sur les attestations et documents DPE s’impose comme un outil clé dans la traque des pratiques frauduleuses.

À quoi servent les QR codes dans la vérification des DPE ?

Depuis quelques années, la question de la fiabilité des DPE, désormais incontournables lors d’une transaction immobilière ou d’une location, suscite de plus en plus d’inquiétude face aux pratiques malhonnêtes.

Pour restaurer la confiance sur le marché et sécuriser les démarches, le ministère du Logement impose dès le 1er juillet l’utilisation de QR codes permettant de vérifier la légitimité des diagnostiqueurs.

Cette nouveauté vise non seulement à identifier les professionnels qualifiés, mais aussi à garantir l’authenticité des certifications présentées aux particuliers.

Le dispositif est simple : lors du rendez-vous, le diagnostiqueur doit présenter son attestation de certification sur laquelle figure désormais un QR code.

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En scannant ce code, chacun peut contrôler en temps réel si le professionnel fait bien partie des experts reconnus par l’organisme central.

Fini donc le risque de tomber sur une fausse attestation imprimée à la hâte ou usurpée à un confrère radié.

Un renforcement progressif et élargi

L’effort ne s’arrête pas là. Dès septembre, chaque DPE établi comportera également un QR code unique.

Ce dernier donne accès à une page officielle recensant toutes les informations techniques du diagnostic : référence, date de réalisation, identité du diagnostiqueur, mais surtout statut actuel de sa certification.

L’ensemble de ces précautions assure une traçabilité renforcée et limite les risques de falsification.

Auparavant, il fallait recopier un code à 13 chiffres dans une base de données en ligne, une tâche fastidieuse rarement pratiquée par les particuliers.

Grâce à la généralisation de cette technologie sans contact, la vérification devient accessible à tous, même aux moins familiers avec l’informatique.

Des sanctions plus sévères attendent les fraudeurs

Pour dissuader toute tentative de manipulation ou d’abus, les autorités ont prévu l’alourdissement des sanctions.

La présence sur la liste noire, autrefois limitée à six mois, passe désormais à dix-huit mois pour une première infraction.

Les récidivistes voient même cette période prolongée jusqu’à deux ans. Pendant toute la durée de la sanction, le diagnostiqueur se trouve interdit d’exercer sous aucune forme.

En associant ce système de contrôle technologique à un suivi strict via des listes consultables publiquement, les responsables espèrent tourner la page des pratiques douteuses qui nuisent à la crédibilité du secteur immobilier.

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Quels impacts pour les propriétaires, vendeurs et locataires ?

La multiplication des contrôles ne poursuit pas uniquement un objectif répressif ; elle vise aussi à préserver les intérêts économiques des ménages.

En effet, la falsification des résultats DPE peut modifier radicalement la valeur d’un bien ou induire en erreur sur le droit de le louer.

À titre d’exemple, un logement classé en catégorie G voit ses possibilités de location supprimées dès janvier 2025, tandis que les logements notés F et E suivront progressivement selon un calendrier précis.

De plus, un DPE surévalué ouvre parfois la voie à des aides financières auxquelles le propriétaire n’aurait normalement pas droit.

Ce type de dérive pénalise les candidats réellement éligibles tout en fragilisant le budget des pouvoirs publics.

Tarifs et évolution du métier

Malgré ces évolutions réglementaires, le prix du DPE reste stable. Selon la surface du logement, le coût oscille toujours entre 150 et 250 euros.

L’accès renforcé à la preuve de compétence ne fait donc pas grimper la facture pour les foyers, même si certains redoutaient déjà une inflation liée à la modernisation des procédures administratives.

Parallèlement, les organismes de certification devront rendre des comptes plus régulièrement.

Des audits ponctuels et des contrôles inopinés sont désormais prévus afin de veiller à la qualité et à la continuité des formations dispensées aux diagnostiqueurs.

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Les acteurs honnêtes du secteur y trouvent un gain de crédibilité appréciable dans un univers trop souvent entaché par la suspicion.

Pourquoi ce tournant était-il indispensable pour le secteur ?

Le DPE influence aujourd’hui de nombreuses décisions majeures : achat, vente, travaux, mais aussi location ou octroi de subventions.

La moindre faille menace la transparence du marché et la transition écologique recherchée à grande échelle.

Les utilisateurs attendent des outils simples, fiables et rapides pour détecter d’éventuelles irrégularités.

L’arrivée des QR codes répond à cet impératif tout en mettant progressivement fin à la complaisance dont pouvaient bénéficier certains opérateurs peu scrupuleux.

  • Nouvelle obligation de présentation d’attestation munie de QR code par le diagnostiqueur.
  • DPE lui-même authentifiable via QR code à compter de septembre.
  • Accès grand public à la base de données officielle grâce à la technologie mobile.
  • Allongement significatif des périodes de radiation en cas de faute avérée.
  • Maintien du tarif des diagnostics malgré ces changements.
  • Renforcement de la surveillance sur les centres de formation.

Les défis restants et l’évolution future du diagnostic immobilier

Si la fraude recule mécaniquement grâce à la digitalisation des vérifications, certains observateurs attendent déjà les prochaines étapes.

Par exemple, des discussions émergent autour de processus automatisés capables de recouper plusieurs certificats pour éviter doublons ou faux positifs.

On réfléchit aussi à intégrer d’autres paramètres liés à la rénovation énergétique directement dans les bases accessibles via QR code.

Reste à observer l’attitude des professionnels face à ce resserrement du contrôle, notamment dans les régions où la pression concurrentielle pousse parfois aux accommodements.

Mais une chose est sûre : la révolution numérique insuffle une transparence salutaire dans le domaine du DPE, laissant espérer une régulation enfin à la hauteur des enjeux écologiques et financiers du parc immobilier français.