À Marseille, un immeuble du centre-ville a failli s’effondrer après des travaux illégaux menés dans le cadre d’une transformation en meublés touristiques. Le 31 rue Barthélémy est devenu le symbole d’une gentrification à marche forcée où la rentabilité prime sur la sécurité des habitants.
Travaux illégaux au 31 rue Barthélémy à Marseille
Un chantier qui tourne au drame structurel
Tout commence début octobre, lorsque le propriétaire d’un immeuble du quartier de la Plaine décide d’abattre plusieurs cloisons pour créer de nouveaux logements destinés à la location courte durée. Mais ces murs, censés être non porteurs, soutenaient en réalité le plancher du dessus. Résultat : affaissement, fissures profondes, et un arrêté de péril pris par la mairie dès le 4 octobre.
Selon les services municipaux, le plancher du 4ᵉ étage s’est affaissé suite à la démolition de cloisons porteuses. Les locataires ont été évacués en urgence, certains découvrant qu’ils ne pourraient plus jamais rentrer chez eux. Pour l’adjoint au logement Patrick Amico, « le propriétaire a mis directement en danger les occupants ».
Locataires évacués et colère montante
Les habitantes du dernier étage racontent avoir vu apparaître des fissures « où l’on pouvait voir à travers ». Déjà victimes d’un effondrement partiel du plafond en 2024, elles dénoncent un sentiment d’abandon. » Ils veulent qu’on parte pour faire un hôtel Airbnb », accuse Nina, l’une des locataires. Depuis leur évacuation, elles logent chez des proches, dans l’attente d’une solution durable.
Pour la mairie, l’affaire illustre la dérive d’une spéculation immobilière incontrôlée. Le propriétaire, convoqué devant le tribunal de Marseille, admet avoir « peut-être été trop vite » dans les travaux, tout en affirmant vouloir » repartir sur de bonnes bases ».
Airbnb, gentrification et pression immobilière
Des appartements divisés pour la rentabilité
Dans cet immeuble de la rue Barthélémy, les premiers et deuxièmes étages ont été transformés en neuf mini-logements en quelques mois. Objectif : multiplier les loyers et attirer les touristes via des plateformes de type Airbnb. La mairie évoque près de 13 000 meublés touristiques recensés à Marseille, dont certains sans autorisation. Une dérive qui alimente la pénurie de logements accessibles pour les habitants permanents.
Pour les riverains, cette logique de profit rapide met en danger la structure des bâtiments anciens. Un collectif local dénonce « la transformation de tout un quartier en hôtel à ciel ouvert ». Les habitants redoutent que ces travaux sauvages se reproduisent ailleurs, faute de contrôles suffisants.
Une résistance locale face à la “guerre du logement”
Face à cette situation, un collectif de 78 riverains s’est mobilisé pour alerter la mairie. Leur objectif : stopper la marchandisation du centre-ville et défendre le droit à un logement sûr et durable. Les locataires évacués se disent prêts à aller en justice pour obtenir réparation. « On va résister, ils n’arriveront pas à nous fissurer », lancent-elles, déterminées à faire entendre leur voix.
Le 31 rue Barthélémy incarne aujourd’hui une tension plus large : celle entre l’habitat de proximité et un modèle économique centré sur la location touristique.
Quelles actions pour éviter de nouveaux drames à Marseille ?
Le rôle de la mairie et les sanctions prévues
Après plusieurs effondrements ou mises en péril, la mairie de Marseille durcit le ton. Les services municipaux multiplient les contrôles sur les chantiers et les locations touristiques illégales. Plus de 6 000 logements poseraient problème, selon l’adjoint au logement Patrick Amico. L’objectif est clair : protéger les habitants et sanctionner les propriétaires qui transforment sans permis des logements en meublés de tourisme.
Des amendes lourdes et la possibilité d’une reprise publique des immeubles sont désormais envisagées. La municipalité rappelle aussi que tout changement d’usage d’un logement nécessite une autorisation expresse, souvent ignorée par les investisseurs.
Les appels à transformer les meublés en logements durables
Pour les collectifs citoyens, la solution passe par la reconversion de ces immeubles en habitations classiques. « Il faudrait que la mairie reprenne cet immeuble pour en faire des logements pour les Marseillais », plaide un voisin. Plusieurs associations réclament également la limitation stricte des locations touristiques en centre-ville.
Dans une ville déjà marquée par la crise du logement, cette affaire rappelle l’urgence d’un équilibre entre tourisme et dignité des habitants. Partagez ce témoignage autour de vous : la sécurité des logements est l’affaire de tous.