Immobilier : ce qui change sur les taux d’emprunt en décembre 2025

Par Micheal Moulis le 06 décembre 2025 à 16:45

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Immobilier : ce qui change sur les taux d’emprunt en décembre 2025

Après plusieurs mois de stabilité entre mars et août, les taux d’emprunt immobilier ont recommencé à grimper dès septembre 2025. Une hausse discrète, mais suffisante pour peser sur la capacité d’emprunt des ménages et modifier certaines habitudes de financement. En décembre 2025, la tendance se confirme : les taux évoluent peu, mais restent orientés à la hausse sur les durées les plus longues, au moment même où les banques affinent leurs stratégies pour 2026.

Où en sont les taux d’emprunt immobilier en décembre 2025 ?

Un taux immobilier moyen qui remonte à 3,14 %

Selon les dernières données de l’observatoire Crédit Logement / CSA, le taux immobilier moyen atteint 3,14 % sur les crédits contractés en octobre 2025. Cela représente :

  • +0,02 point par rapport à septembre
  • +0,06 point par rapport à août

Après un été stable, la remontée engagée en septembre se poursuit donc, mais à un rythme mesuré. Elle reste toutefois suffisante pour réduire légèrement le pouvoir d’achat immobilier, en particulier pour les emprunteurs qui optent pour des durées longues.

Une hausse concentrée sur les durées de 20 à 25 ans

Sur les prêts à 15 ans, les taux demeurent presque inchangés.
En revanche, la hausse est plus notable sur les durées supérieures à 20 ans, avec un impact direct sur la capacité d’emprunt.

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Exemple concret :
Pour une mensualité de 1 000 €, un emprunteur peut financer 205 874 € avec un taux de 3,22 % sur 25 ans.
En mars 2025, au taux de 3,10 %, cette capacité atteignait 208 581 €.

Perte : 2 707 €, soit –1,30 % de budget immobilier.

Cette évolution confirme que la progression des taux touche davantage les projets nécessitant un financement maximal.

France vs Europe : une position encore avantageuse ?

Des taux français toujours inférieurs à la moyenne européenne

Les chiffres publiés par la Banque de France montrent que la France reste l’un des pays les plus compétitifs en matière de crédit immobilier en 2025.
En septembre, le taux moyen hors renégociations s’établit à 3,09 %, contre :

  • 3,34 % pour l’ensemble de la zone euro
  • 3,76 % en Allemagne
  • 3,27 % en Italie
  • 2,66 % en Espagne

La France conserve ainsi une position intermédiaire, avec des conditions de financement plus attractives que chez plusieurs voisins européens, malgré la remontée amorcée depuis l’automne.

Pourquoi la France résiste mieux que ses voisins ?

Plusieurs facteurs expliquent cet écart :

  • Un coût du risque plus faible, lié à un marché du crédit très encadré.
  • Une forte concurrence entre établissements bancaires, qui maintient une pression sur les marges.
  • Une tradition de prêts à taux fixes, limitant les fluctuations brusques.
  • Des profils emprunteurs globalement solvables, malgré un contexte économique plus incertain.

Résultat : même avec la tendance haussière de fin 2025, la France continue d’offrir des taux relativement bas par rapport à la moyenne européenne, ce qui atténue la baisse du pouvoir d’achat immobilier.

Les durées longues reculent : un vrai changement en 2025 ?

La part des crédits sur 25 ans et plus diminue nettement

Après avoir atteint un record historique en 2024 avec 51,7 % des dossiers financés sur 25 ans ou plus, la tendance s’inverse en 2025.
Les chiffres Crédit Logement montrent une décroissance progressive :

  • 47,6 % au 2ᵉ trimestre 2025
  • 46,7 % au 3ᵉ trimestre
  • 44,7 % pour les prêts souscrits en octobre 2025

Cette baisse marque une rupture avec la dynamique observée depuis 2020. Elle reste modérée mais suffisamment régulière pour signaler un changement d’approche, aussi bien du côté des banques que des emprunteurs.

Pourquoi les durées longues reculent-elles ?

Plusieurs facteurs contribuent à ce mouvement :

  • La hausse des taux sur les durées longues, qui renchérit fortement le coût total du crédit.
  • Une prudence accrue des banques, qui cherchent à limiter l’exposition au risque.
  • Des emprunteurs plus attentifs au coût global, notamment ceux qui disposent d’un apport plus solide.
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Au final, les financements se recentrent légèrement vers des durées intermédiaires, notamment la tranche > 20 ans et < 25 ans, qui progresse au même rythme que le recul des très longues durées.

Les primo-accédants restent pourtant en hausse

Contrairement à ce que l’on pourrait anticiper, ce mouvement n’est pas dû à un retour massif des secundo-accédants.
D’après la Banque de France, la part des primo-accédants continue d’augmenter en 2025, confirmant l’appétit des ménages pour la propriété malgré la remontée progressive des taux.

Comparaison des taux moyens par courtier au 1ᵉʳ décembre 2025

Pour mesurer la tendance réelle de décembre 2025, il est essentiel de comparer les taux annoncés par les principaux courtiers nationaux. Voici les valeurs relevées au 1ᵉʳ décembre 2025, accompagnées des taux publiés un mois plus tôt pour observer les variations.

Tableau comparatif des taux moyens

Courtier / Durée10 ans15 ans20 ans25 ans
MeilleurTauxEn baisse : 3,24 % (3,25 %)Stable : 3,45 % (3,45 %)Stable : 3,50 % (3,50 %)Stable : 3,60 % (3,60 %)
PrettoEn hausse : 3,12 % (3,09 %)Stable : 3,15 % (3,15 %)En hausse : 3,29 % (3,26 %)En hausse : 3,38 % (3,35 %)
EmpruntisStable : 3,15 % (3,15 %)En baisse : 3,25 % (3,30 %)Stable : 3,35 % (3,35 %)Stable : 3,45 % (3,45 %)
ACEStable : 3,15 % (3,15 %)Stable : 3,30 % (3,30 %)Stable : 3,35 % (3,35 %)Stable : 3,45 % (3,45 %)
CyberpretStable : 3,25 % (3,25 %)Stable : 3,35 % (3,35 %)Stable : 3,40 % (3,40 %)Stable : 3,50 % (3,50 %)

Une stabilité quasi générale en décembre

L’analyse montre une quasi-absence de variations entre novembre et décembre 2025.
Après les hausses enregistrées entre septembre et octobre, le marché du crédit semble avoir trouvé un équilibre temporaire.

Points clés à retenir :

  • Les taux courts (10 ans) sont les seuls à bouger légèrement, selon les courtiers.
  • Les durées longues (20–25 ans) restent globalement stables, même si quelques courtiers affichent de petites hausses.
  • Les meilleurs taux restent proches des taux moyens, signe d’une concurrence toujours active entre les banques.
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Cette stabilité en fin d’année suggère un repositionnement des établissements, dans un contexte de marché moins dynamique et de préparation aux conditions financières de 2026.

Taux d’emprunt : quelles prévisions pour 2026 ?

Une hausse légère mais persistante à court terme

Si la fin d’année 2025 montre une stabilisation des taux immobiliers, la tendance de fond ne change pas : les banques anticipent encore une légère hausse en 2026.
Plusieurs signaux vont dans ce sens :

  • L’OAT 10 ans s’est stabilisée ces dernières semaines autour de 3,40-3,45 %, un niveau élevé qui sert de référence au coût du crédit immobilier.
  • Depuis septembre, les établissements prêteurs ont ajusté leurs barèmes par petites touches, sans enclencher de baisse significative.
  • Le contexte économique reste marqué par des tensions sur les prix et une prudence des banques quant à la qualité du risque.

Ces éléments militent pour une poursuite de la hausse, mais à un rythme limité.

Les prévisions des grands groupes bancaires

Dernière annonce notable : après le Crédit Agricole, le groupe BPCE dévoile ses estimations pour 2026.

  • Taux moyen 2025 : 3,15 %
  • Taux moyen attendu en 2026 : 3,35 %

Autrement dit, une progression d’environ +0,20 point, qui pourrait encore rogner la capacité d’achat des ménages, surtout pour des profils nécessitant un financement long.

Quelles conséquences pour les acheteurs et investisseurs ?

Une remontée modérée des taux peut entraîner :

  • Une baisse mécanique de la capacité d’emprunt, même marginale.
  • Un ralentissement du volume de transactions, dans le neuf comme dans l’ancien.
  • Des arbitrages plus serrés sur les projets : durée, apport, localisation, type de bien.

En revanche, la stabilité observée en fin d’année peut offrir une fenêtre de tir pour sécuriser un financement avant les ajustements attendus début 2026.

Comment optimiser son financement en décembre 2025 ?

Même avec des taux qui remontent légèrement, plusieurs leviers permettent encore de réduire le coût total d’un crédit immobilier et d’améliorer sa capacité d’emprunt. Décembre demeure un mois stratégique pour ajuster son dossier et profiter des dernières opportunités avant les ajustements de 2026.

Comprendre précisément les composantes du coût du crédit

Avant toute optimisation, il est essentiel de maîtriser les éléments qui influencent réellement le coût total :

  • Taux nominal : principal moteur du coût du crédit.
  • Assurance emprunteur : représente souvent 25 à 40 % du coût total.
  • Caution / garantie : caution mutuelle, hypothèque ou privilège de prêteur de deniers.
  • Frais de dossier, parfois négociables.
  • Durée de remboursement, qui impacte fortement les intérêts.

Plus l’emprunteur comprend ces paramètres, plus il peut ajuster son projet pour gagner en efficacité financière.

Comparer les banques pour obtenir un meilleur taux

En période de stabilité ou d’ajustements minimes des taux, la concurrence bancaire devient un levier majeur.
Chaque établissement affine ses barèmes en fonction :

  • de son objectif commercial du moment,
  • du profil de l’emprunteur,
  • du niveau d’apport,
  • de la tenue des comptes,
  • du potentiel de domiciliation bancaire.

Une comparaison large permet souvent d’obtenir une différence de 0,10 à 0,20 point, parfois plus sur les bons profils.

Optimiser l’assurance emprunteur

L’ouverture à la concurrence permet :

  • de changer d’assurance à tout moment,
  • de réduire la cotisation mensuelle,
  • de baisser le coût total du crédit sans modifier le taux nominal.

Pour de nombreux emprunteurs, passer d’une assurance groupe à un contrat individuel peut représenter jusqu’à plusieurs milliers d’euros d’économies.

Mobiliser les aides disponibles

Certaines aides peuvent réduire le besoin de financement classique :

  • PTZ (Prêt à Taux Zéro)
  • Prêt Action Logement (1 % patronal)
  • Prêt PEL
  • Aides locales selon les collectivités

Elles permettent de diminuer la part du prêt soumis au taux du marché, parfois de manière significative.

Travailler sur la durée de l’emprunt

Réduire légèrement la durée peut :

  • améliorer le taux proposé,
  • diminuer fortement le coût des intérêts,
  • valoriser le dossier aux yeux de la banque.

À l’inverse, rallonger sans excès permet de rester dans les plafonds d’endettement sans pénaliser totalement le coût total.